EN AVANT BOURGUIGNONS (6)

 

 

    Partie le 17 octobre 1941, la Légion Wallonie, au bout d'une voyage effectué par train, arriva en gare de Dniepropetrovsk, passage obligé pour tout transport vers le font du bassin du Donetz. Nous sommes le 2 novembre 1941, le jour des Morts. Six années, jour pour jour, se sont écoulées depuis le Coup de Courtrai de 1935.

   Jusqu'aux fêtes de fin d'année, la Légion effectua de pénibles marches et contre-marches forcées par des températures particulièrement basses qui disséminèrent encore davantage les maigres effectifs du bataillon. Quelques opérations de nettoyage des arrières et de chasse aux partisans russes devaient, pensait-on, aguerrir suffisamment la Légion.

   Noël coïncida avec le départ du Commandeur Georges JACOBS et l'arrivée de son remplaçant, le Capitaine B.E.M. Pierre PAULY. Celui-ci reprit aussitôt en mains l'instruction délaissée par son prédécesseur.

   Le 28 janvier 1942, la Légion quitta le cantonnement de CHERBINOWKA. Les troupes soviétiques avaient percé la ligne KIEV-POLTAVA. Une lourde menace pesait sur l'Armée du Sud et il faillait y parer sans tarder. A la suite de démarches pressantes et personnelles de DEGRELLE, la Légion Wallonie fut désignée pour rejoindre les troupes que le Haut Commandement allemand avait rassemblées pour colmater la brèche. Par étapes forcées, la Légion se déplaça en direction de son point d'appui : le village de Gromowabajalka ( vallée du tonnerre ). Par la même occasion, elle fut détachée du groupe roumain Markjul pour être attachée à la 100 I.D. - Gruppe Tröger.

   Le 16 février 1941, à la veille de l'arrivée à Gromowajabalka, DEGRELLE se foula la cheville du pied gauche lorsqu'un traîneau chargé de munitions sur glissa sur le pied. Il en fut diminué physiquement au point qu'il fallut le soutenir pour marcher.

   Le lendemain, le bataillon wallon prit position à Gromo sous un bombardement d'harcèlement de l'artillerie soviétique. PAULY, impatient de prouver aux Allemands la bravoure et l'intrépidité de ses troupes, ne prit même pas la peine de calculer les intervalles entre les salves et fit effectuer la manoeuvre d'approche pendant le tir. Il en résulta des blessés et même des morts parmi le peloton PAK croate qui accompagnait les Wallons.

   Plus grave encore, l'officier de liaison allemand, le Capitaine Dr Erich von LEHE, avait appris que son singulier Commandeur avait décliné l'offre du Général SANNE, Commandant du 100 I.D., de détacher auprès de la Légion une compagnie allemande en renfort déclarant qu'il n'en voyait pas l'utilité. Pire encore, PAULY avait même marqué son accord pour que fût retirée la batterie PAK croate ! Devant cette situation précaire, il fut décidé que le doyen des officiers, en l'occurrence l'ex-Capitaine de la marine impériale russe, Georges TCHEKHOFF, exposerait à PAULY les craintes que partageait l'ensemble du corps des officiers. TCHEKHOFF fit parvenir, par son ordonnance, la missive rédigée en ces termes :

   Monsieur le Commandeur,

   J'ai appris votre décision de rester seul à Gromowabajalka sans appui aucun des Allemands. Permettez-moi de vous dire qu'il me semble dangereux d'exposer la Légion à un combat éventuel sans aucun appui des troupes aguerries et sans avoir un seul homme en réserve. Cette décision pourrait éventuellement nous coûter la Légion.

   (sé) Cpt G. TCHEKHOFF.

 

   TCHEKHOFF en fut pour ses frais. Dans un accès de colère dont PAULY était coutumier, il menaça le Russe blanc ( naturalisé Belge ) de le faire fusiller pour l'exemple. Ni Léon DEGRELLE, ni l'Adjudant-Major Lucien LIPPERT n'osèrent intervenir.

 

   5. Le Baptême de feu

 

   Comme partout en Union  Soviétique, le front de Gromowabajalka n'était pas continu, le gros bourg constituant plutôt un point d'appui, en liaison avec d'autres, que PAULY aménagea aussitôt.

   Du 17 février, - date de l'arrivée des Wallons, - jusqu'au 28, le village subit le bombardement incessant de l'artillerie soviétique. Les hommes étaient groupés par 30 à 40 hommes dans les quelques isbas que comptait le village. Pendant tout ce temps, DEGRELLE était confiné à l'infirmerie qu'il ne quitta plus faute de pouvoir se déplacer à la suite de sa blessure encourue lors du passage de la rivière SAMARA.

   Le mission des Wallons était qu'en cas d'une attaque soviétique le bataillons wallon contiendrait la poussée de l'adversaire pendant 24 heures afin de permettre l'intervention des chars et des Stukas.

   L'attaque soviétique fut lancée à l'aube du 28 février 1942. Le  champ de mines qui protégeait les abords du village fut rapidement franchi et les lignes wallonnes enfoncées à hauteur des positions de la 2Cie. La 1Cie, celle de DEGRELLE, fut disloquée. Le Chef fut mis à l'abri dans une isba par l'officier de liaison von LEHE, ce à la grande colère de PAULY qui avait déjà signifié au Chef qu'il était important qu'il payât de sa personne. Au lieu de cela, DEGRELLE, dès le début des combats se fit évacuer vers l'arrière, accompagné de son Cdt de Cie, le Lt Alfred LISEIN, dont il avait réclamé la présence auprès de lui. ( Les légionnaires descendant de Gromo après durs combats trouvèrent leur Chef installé au chaud à LIBOUTSY, à quelques km en arrière de la vallée du tonnerre ).

   La situation fut sauvée in extremis par l'action personnelle du Commandeur PAULY et à l'intrépidité de quelques sous-officiers qui contre-attaquèrent spontanément. Le Dr MIESSE se mit en vedette lors ces combats. Ce jour-là, il contre-attaqua de sa propre initiative, alors que ce n'était pas son rôle, avec une audace peu commune, entouré d'une poigné de Wallons hâtivement rassemblés. Son action personnelle, combinée à celle d'autres du même gabarit, fut décisive pour le premier succès militaire. MIESSE en retira un supplément de prestige dont le Chef se serait bien passé surtout que son action individuelle, lors de ces mêmes combats, n'était en rien comparable à celle du médecin légionnaire. Mais, ô miracle, dans l'euphorie de la victoire, PAULY promut DEGRELLE au grade Feldwebel ( adjudant )... sur le champ de bataille... 

    Ce fait d'armes sera exploité de main de maître par DEGRELE. Il rédigea un compte rendu personnel destiné à la presse en Belgique. Il fera expliquer en long et en large comment le Chef a gagné la Croix de Fer.

    Après les combats de Gromo, PAULY accusa publiquement l'aumônier de désertion et voulait le faire fusiller ! Il est vrai que Georges SALES avait pris les jambes à son cou et on l'avait retrouvé une dizaine de km plus loin à l'Ouest de Gromo, au Lazaret de Welikoë Pole où il s'était mis à l'abri. Tous les hommes suspectés par le Commandeur d'avoir manqué à leur devoir furent convoqués dans son bureau où il les gifla en présence de DEGRELLE et de LIPPERT qui, se tenant à l'écart, n'osèrent intervenir.

    En fait, les jours de PAULY étaient comptés. Son comportement brutal allait avoir raison de lui. A la suite d'une nouvelle algarade avec les Croates, il fut mis aux arrêts. Dans la pièce où l'on l'enferma, il ne cessait de répéter, la main droite glissée dans sa chemise déboutonnée ... comme Napoléon, j'aurai duré 100 jours.

    Par la suite, un certain nombre d'autres faits furent mis à sa charge ce qui lui valut de passer en Conseil de Guerre. Le verdict : irresponsabilité mentale et mise en observation au Lazaret de Stalino.

    Un second jugement à Marburg où il resta jusqu'en octobre 1943, date à laquelle il fut renvoyé à Meseritz pour y être démobilisé.

    Fin octobre 1943, il se présenta devant le Major BAUMANN ( qui ne s'occupait plus que de la G.W., la Légion étant depuis passée à la Waffen-SS ) et lui exprima le désir de se retirer dans une petite ferme du Tournaisis. Une convocation de JUNGCLAUS allait en décider autrement. Ce dernier lui intima l'ordre de se tenir à la disposition de V. MATTHYS sous peine de ne plus voir sa sécurité et celle de sa famille assurée. D'abord occupé à des tâches administratives, il devint par la suite le responsable du recrutement, de l'instruction, de l'organisation et de l'installation des diverses Formations B à travers la pays. 

    Entre avril et juin 1944, il fut démis de ses fonctions et chargé, comme référendaire personnel du Secrétaire d'Etat-Major de Rex, Louis COLLARD, de faire des " études militaires " intéressant les forces rexistes en même temps qu'il fut appelé à assurer la chronique militaire de Radio Bruxelles.

    Il fut gravement impliqué dans l'affaire de Courcelles, le 17/18 août 1944 en abattant de ses propres mains le Chanoine HARMEGNIES.

    Après la guerre, PAULY sera jugé deux fois ; à Tournai pour son engagement au front de l'Est, à Charleroi ensuite pour les tueries de Courcelles. Les deux fois, il fut condamné à mort. Son avocat réussit à produire une partie du dossier allemand attestant de son irresponsabilité mentale et plaida dans ce sens. Quant à PAUY, il adressa requête sur requête au Régent et au Ministre de la Justice de l'époque leur demandant la raison pour laquelle.....on ne le fusillait pas !

 

© Eddy DE BRUYNE / Mars 2000 - adapté d'E. De Bruyne - Les Crises internes de la Légion Wallonie - . Thèse388. CEGES ( Bruxelles )1990.

 

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