EN AVANT BOURGUIGNONS ( 2 )

 

 

 

 

 

 

 

    Les dures marches d'hiver avaient décimé les rangs du bataillon et réduit ses effectifs de moitié. Il était urgent de renflouer les forces combattantes. Aussi DEGRELLE jugea-t-il opportun d'envoyer un émissaire en Belgique avec mission de préparer une nouvelle campagne de recrutement. Cette mission échut au Lieutenant Jean VERMEIRE, ex-journaliste du Pays Réel

    Non seulement les rangs s'éclaircissaient mais les cadres rexistes furent de plus en plus nombreux à faire défection. Ainsi, le légionnaire et cadre Rex Jean GEORGES, Chef de Rex pour la province de Namur, fut très officiellement investi d'une mission politique en Belgique. En réalité, Jean GEORGES s'en retournait au pays car il estimait avoir largement rempli le contrat initial d'une présence symbolique en URSS en dehors des zones de combat. Il était accompagné de Félix FRANCK, le secrétaire particulier de DEGRELLE, qui s'était brouillé avec son chef. Quelques semaines plus tard, après les premiers combats du mois de février 1942, d'autres, pour diverses raisons, devaient encore suivre la même voie. Ce fut, entre autres, le cas du Commandant de la 1Cie, officiellement chargé de sonder, par l'intermédiaire de Pierre DAYE et d'Ernest DELVAUX, - attaché de Cabinet pour les affaires wallonnes, - les milieux bruxellois et le Palais. En fait, LISEIN ne s'était pas montré à la hauteur de sa tâche lors des combats de Gromowajabalka, le 28 février 1942, abandonnant son poste de commandement pour escorter DEGRELLE vers l'arrière. Cette attitude lui valut les foudres du Commandeur Pierre PAULY. Protégé de DEGRELLE, dont il était le Cdt de Compagnie, LISEIN obtint une démobilisation honorable à condition d'exercer un mandat politique rexiste en Belgique.

    Pendant que Jean VERMEIRE, en Belgique, était occupé par l'orchestration d'une campagne de recrutement en faveur de la Légion, Léon DEGRELLE, cette fois du front,  y allait de sa propre contribution et inonda le pays d'appels pathétiques :

    Vous avez l'occasion et LA CHANCE de pouvoir, au-delà du calvaire de ces mois de glace, nous rejoindre pour l'assaut final. LE PLUS DUR EST FAIT ( Pays Réel du 22 janvier 1942 ). 

    Quelques jours plus tard, nouvel appel du Chef :

    La légion vous attend. Rejoignez ses rangs pour vivre les heures décisives de la victoire ! A nous, les patriotes ! A nous les révolutionnaires ! A nous, ceux qui sont vraiment des hommes ( Pays Réel du 11 février 1942 ).

    Un homme allait littéralement sauver la situation : le Capitaine-B.E.M. Pierre PAULY. Né à Liège le 25 avril 1908, personnage complexe, d'une intelligence vive frisant le génie, il se fit remarquer pendant son service militaire par le futur général Lambert CHARDOME qui l'encouragea à poursuivre ses études. Il se présenta à l'Ecole Royale Militaire, fut reçu et quatre ans plus tard accéda au grade de sous-lieutenant. D'un caractère peu commode, enclin à des crises de colère mémorables, il traîna derrière lui la réputation d'un homme impossible. A l'Ecole de Guerre, où il obtint son brevet d'Etat-Major, force était aux professeurs de constater que PAULY possédait la matière, qu'il était plein de vitalité mais primaire dans ses réactions, à tel point qu'aucun Etat-Major ne voudra de lui. 

    A la déclaration de la guerre, il était en garnison à Tournai où il assurait le commandement de la 9ème Cie du 3ème Chasseurs à cheval. Il participa la campagne des 18 jours et eut des frictions avec les Britanniques. Depuis lors, il passa d'un antifascisme déclaré à une anglophobie viscérale. Prisonnier de guerre, d'abord à l'Oflag de Wolfsberg, ensuite à celui de Lückenwalde, il réussit à s'inscrire sur le rôle flamand et à être libéré le 8.8.194. Auparavant, il avait proposé ses services aux Allemands après avoir pris connaissance du placard qu'avait fait afficher le Général VAN DEN BERGEN, autorisant - sous réserve expresse de l'accord royal - l'engagement d'officiers belges au front de l'Est. Déjà, dans sa correspondance avec son épouse, il avait exprimé son amertume de la défaite. Son souci maladif de laver le corps des officiers belges de la honte de la défaite fut à l'origine de son engagement dans la Légion Wallonie. 

    En novembre 1941, PAULY fut convoqué au Kommandostab Z où, et en présence de Victor MATTHYS, il fut informé que les autorités occupantes avaient pris en considération son offre de service. On lui proposa rien de moins que le poste de Commandeur de la Légion Wallonie

    PAULY, plus encore que le Chef de Rex, était prêt à en découdre ...

    Dans la motivation écrite proposant ses services au front de l'Est, PAULY avait fait valoir [...] qu'il était un officier acquis nouvellement à l'idée que l'Europe est en train de se faire, peu importe au fond sous la conduite de qui, mais ce qui lui importe le plus, c'est que la Belgique et son armée soient présentes, capable de se battre en première ligne et brûlant de désir de cueillir une part des lauriers le jour de la Victoire. Nous ne sommes pas des vaincus [...].

    PAULY se mit au travail. Dans un rapport rédigé à Cherbinowka et adressé au Major BAUMANN du Kommandostab Z et à Victor MATTHYS, il constatait :

Valeur militaire de la L.W. très inférieure à la valeur morale. Légion rexiste, belge et non wallonne, quasi européenne mais fort hétéroclite du point vu des âges ( 15 à 56 ans ), de la formation militaire ( absence de gens des services ), abondance de cadres politiques, grades distribués sans discernement. Dans deux mois, j'en aurai fait un outil militaire capable de combattre en première ligne. La faute incombe à JACOBS, incapable, Monsieur plus degrellien que soldat. Faute aussi de LEPPIN dont je demande le remplacement indispensable. Le vol sera impitoyablement réprimé. enfin, moi seul dois pouvoir punir, promouvoir ou dégrader sans être lié par les règlements allemands non encore applicables.

    Le ton était donné !

    Et comme cela ne suffisait pas, PAULY, dès son arrivée à Meseritz, s'adressa à DEGRELLE en les termes suivants : 

      [...]  je vous ai publiquement prêté serment  mais il est bien entendu que la L.W. est une unité dont j'assume seul le commandement pour le plus grand bien commun [...].

    Pour l'instant, DEGRELLE, médusé et curieusement impuissant, n'eut d'autre alternative que d'acquiescer. Mais, il était clair qu'une telle attitude releguait aux oubliettes DEGRELLE et le rôle politique que ce dernier escomptait y jouer .

   Le conflit n'allait donc pas tarder à se dessiner.

 

 

© Eddy DE BRUYNE / Mars 2000 - adapté d'E. De Bruyne - Les Crises internes de la Légion Wallonie - . Thèse388. CEGES ( Bruxelles )1990.

 

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