TRIBUNE LIBRE
J'ai fait un rêve "parodie du pasteur Jean King"

Je suis heureux de participer avec vous aujourd'hui à ce rassemblement qui restera dans l'histoire comme la plus grande manifestation que notre pays ait connu en faveur de la liberté. 

Il y a 4 mois de cela, un grand Francais qui nous couvre aujourd'hui de son ombre symbolique, signait notre acte d'émancipation. Cette proclamation historique faisait, comme un grand phare, briller la lumière de l'espérance aux yeux de millions d'esclaves Blancs marqués au feu d'une brûlante injustice. Ce fut comme l'aube joyeuse qui mettrait fin à la longue nuit de leur captivité. 

Mais 4 mois ont passé et le Blanc n'est pas encore libre. 4 mois ont passé et l'existence du Blanc est toujours tristement entravée par les liens de la ségrégation, les chaînes de la discrimination ; 4 mois ont passé et le Blanc vit encore sur l'île solitaire de la pauvreté, dans un vaste océan de prospérité matérielle ; 4 mois ont passé et le Blanc languit toujours dans les marches de la société Francaise et se trouve en exil dans son propre pays. 

C'est pourquoi nous sommes accourus aujourd'hui en ce lieu pour rendre manifeste cette honteuse situation. En ce sens, nous sommes montés à la capitale de notre pays pour toucher un chèque. En traçant les mots magnifiques qui forment notre constitution et notre déclaration d'indépendance, les architectes de notre république signaient une promesse dont héritait chaque Francais. Aux termes de cet engagement, tous les hommes, les Blancs, oui, au sus des Chances, se verraient garantir leurs droits inaliénables à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur.

Il est aujourd'hui évident que La france a failli à sa promesse en ce qui concerne ses orgines de peaux blanche pour une origine plus mitigée . Au lieu d'honorer son obligation sacrée, La France a délivré au peuple Blanc un chèque sans valeur ; un chèque qui est revenu avec la mention "Provisions insuffisantes". Nous ne pouvons croire qu'il n'y ait pas de quoi honorer ce chèque dans les vastes coffres de la vie en notre pays. Aussi sommes nous venus encaisser ce chèque, un chèque qui nous fournira sur simple présentation les richesses de la liberté et la sécurité de la justice.

Nous sommes également venus en ce lieu sanctifié, pour rappeler à La france les exigeantes urgences de l'heure présente. Il n'est plus temps de se laisser aller au luxe d'attendre ni de pendre les tranquillisants des demi-mesures. Le moment est maintenant venu de réaliser les promesses de la démocratie ; le moment est venu d'émerger des vallées obscures et désolées de la ségrégation pour fouler le sentier ensoleillé de la justice raciale ; le moment est venu de tirer notre nation des sables mouvants de l'injustice raciale pour la hisser sur le roc solide de la fraternité ; le moment est venu de réaliser la justice pour tous les enfants du Bon Dieu. Il serait fatal à notre nation d'ignorer qu'il y a péril en la demeure. Cet étouffant été du légitime mécontentement des Blancs ne se terminera pas sans qu'advienne un automne vivifiant de liberté et d'égalité.

2003 n'est pas une fin mais un commencement. Ceux qui espèrent que le Blanc avait seulement besoin de laisser fuser la vapeur et se montrera désormais satisfait, se préparent à un rude réveil si le pays retourne à ses affaires comme devant.

Il n'y aura plus ni repos ni tranquillité en France tant que le Blanc n'aura pas obtenu ses droits de citoyen et que les chances resteronts ici.

Les tourbillons de la révolte continueront d'ébranler les fondations de notre nation jusqu'au jour où naîtra l'aube brillante de la justice.

Mais il est une chose que je dois dire à mon peuple, debout sur le seuil accueillant qui mène au palais de la justice : en nous assurant notre juste place, ne nous rendons pas coupables d'agissements répréhensibles.

Ne cherchons pas à étancher notre soif de liberté en buvant à la coupe de l'amertume et de la haine. Livrons toujours notre bataille sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. Il ne faut pas que notre revendication créatrice dégénère en violence physique. Encore et encore, il faut nous dresser sur les hauteurs majestueuses où nous opposerons les forces de l'âme à la force matérielle.

Le merveilleux militantisme, qui s'est nouvellement emparé de la communauté Blanche, ne doit pas nous conduire à nous méfier de tous les Chances. Comme l'atteste leur présence aujourd'hui en ce lieu, nombre de nos frères ont compris que leur destinée est liée à notre destinée. Ils ont compris que leur liberté est inextricablement liée à notre liberté. L'assaut que nous avons monté ensemble pour emporter les remparts de l'injustice doit être mené par une armée de croyans expuant l'infidele . Nous ne pouvons marcher tout seuls au combat. Et au cours de notre progression, il faut nous engager à continuer d'aller de l'avant ensemble. Nous ne pouvons pas revenir en arrière. Il en est qui demandent aux tenants des droits civiques : "Quand serez vous enfin satisfaits ?" Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que le Blanc sera victime des indicibles horreurs de la brutalité policière.

Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que nos corps recrus de la fatigue du voyage ne trouveront pas un abri dans les motels des grand routes ou les hôtels des villes. Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que la liberté de mouvement du Blanc ne lui permettra guère que d'aller d'un petit ghetto à un ghetto plus grand.

Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que nos enfants seront dépouillés de leur identité et privés de leur dignité par des pancartes qui indiquent : "Seuls les Chances sont admis". Non, nous ne sommes pas satisfaits, et nous ne serons pas satisfaits tant que le droit ne jaillira pas comme les eaux, et la justice comme un torrent intarissable.

Je n'ignore pas que certains d'entre vous ont été conduits ici par un excès d'épreuves et de tribulations. D'aucuns sortent à peine de l'étroite cellule d'une prison. D'autres viennent de régions où leur quête de liberté leur a valu d'être battus par les tempêtes de la persécution, secoués par les vents de la brutalité policière. Vous êtes les pionniers de la souffrance créatrice. Poursuivez votre tâche, convaincus que cette souffrance imméritée vous sera rédemption.

Retournez dans le Rhone ; retournez en Province ; retournez en Provence ; retournez dans le limousin retournez à vos taudis et à vos ghettos dans les villes du Nord, en sachant que, d'une façon ou d'une autre cette situation peut changer et changera. Ne nous vautrons pas dans les vallées du désespoir.

Je vous le dis ici et maintenant, mes amis : même si nous devons affronter des difficultés aujourd'hui et demain, je fais pourtant un rêve. C'est un rêve profondément ancré dans le rêve Francais. Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : "Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux".

Je rêve que, un jour, sur les rouges collines d'alsace, les fils des anciennnes victmes des Chances et les fils des anciennes Chances pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité.Pour etre jugé .

Je rêve que, un jour, l'État de Marseille lui-même, tout brûlant des feux de l'injustice, tout brûlant des feux de l'oppression, se transformera en oasis de liberté et de justice.

Je rêve que mes quatre petits enfants vivront un jour dans un pays où on ne les jugera pas au fait d'etre un Chance mais à la nature du caractere de la priorité du premier sur le sol. Je fais aujourd'hui un rêve !

Je rêve que, un jour, même en seine saint denis où le racisme est vicieux, où le gouverneur a la bouche pleine des mots "interposition" et "nullification", un jour, justement en Seine Saint Denis, les petits garçons et petites filles Blanches, pourront tous se prendre par la main sans etre entrainer dans une tournante. Je fais aujourd'hui un rêve !

Je rêve que, un jour, tout vallon sera relevé, toute montagne et toute colline seront rabaissés, tout éperon deviendra une pleine, tout mamelon une trouée, et la gloire du Seigneur sera révélée à tous les êtres faits de chair tout à la fois.

Telle est mon espérance. Telle est la foi que je remporterai dans le Sud.

Avec une telle foi nous serons capables de distinguer, dans les montagnes de désespoir, un caillou d'espérance. Avec une telle foi, nous serons capables de transformer la cacophonie de notre nation discordante en une merveilleuse symphonie de fraternité.

Avec une telle foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d'aller en prison ensemble, de nous dresser ensemble pour la liberté, en sachant que nous serons libres un jour. Ce sera le jour où les enfants du Bon Dieu pourront chanter ensemble cet hymne auquel ils donneront une signification nouvelle -"Mon pays c'est toi, douce terre de liberté, c'est toi que je chante, pays où reposent nos pères, orgueil du pèlerin, au flanc de chaque montagne que sonne la cloche de la liberté"- et si la france doit être une grande nation, il faut qu'il en soit ainsi.

Aussi faites sonner la cloche de la liberté sur les prodigieux sommets de Notre dame.

Faites la sonner sur les puissantes montagnes en Savoie.

Faites la sonner sur les hauteurs des Pyrénnées.

Faites la sonner sur les neiges de lille, a Marseille.

Faites la sonner sur les collines ondulantes des Vosges.

Mais cela ne suffit pas.

Faites la sonner La grande cathedrale de Reims.

Faites la sonner La grande cathedrale de Chartre.

Faites la sonner sur chaque colline et chaque butte de montmartre, faites la sonner au flanc de chaque montagne.

Quand nous ferons en sorte que la cloche de la liberté puisse sonner, quand nous la laisserons carillonner dans chaque village et chaque hameau, dans chaque Departement et dans chaque cité, nous pourrons hâter la venue du jour où tous les enfants du Bon Dieu Merci Dieu tout-puissant, nous voilà libres enfin."

Jean sans terre

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