TRIBUNE LIBRE
Interview de l'adjoint tabassé de Delanoë

Interview de Christophe Girard, adjoint au maire de Paris, réalisée ce jour pour le compte du Menteur Républicain. Pour ce faire je me rends à la mairie de Paris où je passe sous un portique électronique, puis à l'accueil un malabar me dévisage de haut en bas et me réclame mes papiers d'identité qu'il conservera avec lui le temps de mon entretien. Il m'indique néanmoins l'étage et le numéro du bureau de Christophe Girard. Je vois bien que des caméras me scrutent sous tous les angles et me dirige vers l'ascenseur.

Arrivé au 3ème étage un policier municipal armé me dévisage comme si j'étais suspect d'avoir commis le pire des crimes. Je lui souris et lui demande la direction du bureau 382 qu'il m'indique vaguement en maugréant. Devant le bureau, un second policier, toujours armé, me regarde approcher en posant la main sur la crosse de son Manurin. Je décline mon identité, il vérifie alors auprès de l'accueil à l'aide de son talkie-walky. Après s'être absenté quelques instants dans le bureau, Il m'ouvre enfin la porte, non pas sans m'avoir fouillé en me palpant généreusement (je vous rappelle que nous sommes dans une mairie de tantes) de haut en bas.

Je m'avance dans le bureau et apperçois enfin l'adjoint au maire. Je m'approche en souriant tandis qu'il pose la main droite dans son tiroir ouvert en crispant la machoire:

- Le Menteur Républicain: Bonjour M. Girard, comment allez-vous?

- Christophe Girard: Bien, et vous? (Il a le visage couvert d'hématomes, l'oeuil gauche à moitié fermé et le bras gauche en écharpe. Son nez me semble fuir sur la droite)

- LMR: Dites-moi, je venais prendre la température, sentir comment était perçue la situation à Paris?

- CG: Mais à Paris tout va bien, notre équipe municipale fait de l'excellent travail et nous avançons dans nos projets pour construire le Paris de demain.

- LMR: Oui merci, j'avais remarqué que vous avanciez dans vos projets... Monsieur Delanoë il y a une quinzaine de jours, vous...

-CG: Vous savez M. Delanoë va très bien, il est d'ailleurs sorti hier et... Je ne vous cache pas qu'il est très content du succès de la Nuit Blanche dont je suis l'initiateur en tant que conseiller à la culture...

- LMR: Vous n'éprouvez pas de sentiment d'insécurité?

- CG: Paris est l'une des villes les plus sûres au monde!

- LMR: Pourtant vous semblez avoir eu maille à partir...

- CG: Disons que quatre jeunes et beaux garçons se sont intéréssés à moi... d'un peu près, certes, mais ils avaient besoin de téléphoner, vous comprenez?

- LMR: Et Monsieur Delanoë, ce n'était pas une carte téléphonique que l'on était venu lui demander?

- CG: Vous savez Bertrand aime beaucoup la Tunisie et cette personne s'est approchée en souriant sans mauvaise intention.

- LMR: Pourtant il a été poignardé!

- CG: Remarquez bien qu'il n'y avait aucunement préméditation dans ce geste puisque cette personne n'était pas venue avec l'intention de frapper!

- LMR: Lors des deux incidents les agresseurs étaient d'origine maghrébine...

- CG: Ecoutez, ces gens sont des victimes de la société. Ils recherchent ce que notre société ne peut leur offrir. La violence est un fantasme de la droite, d'ailleurs cela fait des mois que je me bats sur cette question au conseil.

- LMR: Vous refusez d'admettre la violence mais vous avez néanmoins obtenu une sécurité rapprochée?

- CG: Oui mais c'est une nécessité pour les personnes de ma qualité. Nous, élus, devons être protégés pour être présents à tous moments.

- LMR: Vous savez que le simple citoyen ne peut s'offrir cette protection et qu'il est souvent touché chaque jour dans sa chair?

- CG: Là encore, ce sont des fantasmes qui font vendre du papier! Les Parisiens, les vrais, ceux qui participent à nos manifestations, savent très bien que le sentiment d'insécurité n'est que de la spéculation d'extrémistes. Prenez la parade Gays et lesbiennes par exemple, tout est bon enfant et se passe admirablement bien.

- LMR: Très bien, je vous remercie.

Christophe Girard me raccompagne après avoir commandé par téléphone son chauffeur personnel, car M. Girard n'utilise pas de bicyclette, et son garde-du-corps.

Nouveau contrôle en descendant, je récupère mes papiers, non sans mal, et retrouve le soleil de Paris. En fait, me dis-je en moi-même, Christophe Girard n'a finalement été frappé que par le sentiment d'insécurité!

Vulcain
"Le Menteur Républicain"

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