TRIBUNE LIBRE
Comment devient-on raciste ?

Pourquoi en vient-on à haïr les autres pour leur appartenance ethnique ou religieuse ? Comment devient-on raciste ou xénophobe ? Cela partirait-il d'un sentiment qui vient du profond de l'être, d'une peur en face de l'inconnu ? Ce discours tend à faire porter le poids honteux du racisme sur celui qui le ressent. Autrement dit, si je n'aime pas les arabes, c'est ma  faute, car je n'arrive pas à dominer un sentiment de malaise face à l'autre.

Pourtant, ce discours culpabilisateur ne me satisfait pas. Ce sentiment de peur serait instinctif, et l'éducation (l'instruction) devrait permettre de le dominer. Ce serait, en quelque sorte, une pulsion honteuse, un instinct pervers qu'il faut apprendre à contrôler.

Or, si je suis aujourd'hui raciste, je n'ai pas le souvenir de l'avoir été dans mon enfance. Je ne le suis devenu qu'après avoir été confronté à certaines réalités, après avoir vécu certaines expériences. Un enfant est  naturellement confiant et n'éprouve pas de sentiment de rejet face à ceux qui sont différents. Tout au plus ressent-il de la curiosité.

Pourquoi éprouvé-je ce sentiment à l'égard de certaines communautés et pas d'autres ? Si je croise à minuit, dans un endroit désert, un groupe de jeunes maghrébins, j'aurai un mouvement instinctif de peur et je resterais sur mes gardes. Par contre, s'il s'agit d'Asiatiques, je serais sans doute plus confiant.

Pourquoi ? Parce que j'ai eu plusieurs fois de tristes expériences avec les maghrébins. La première fois, c'était peut-être un hasard (ce type qui m'a volé mon portable aurait tout aussi bien pu être un Français de souche). Puis l'expérience se répète un certain nombre de fois.... Alors, au bout d'un moment, on commence à se méfier de tous les maghrébins, on fait «l'amalgame» comme vous dites. On en vient à dire du mal des «arabes» en général, même si l'on sait qu'il y en a aussi de corrects parmi eux.

Le sentiment de « racisme » est culturel et non pas inné. Il se manifeste comme un instinct de conservation. Si l'on se brûle une fois, deux fois en approchant la main d'une flamme, on sait ensuite qu'il faut s'en écarter. Le racisme ou la xénophobie est une défense naturelle du même type. Le réprimer, l'interdire par des lois ne pourra rien résoudre. La haine s'accumulera jusqu'à l'explosion finale qui peut être dévastatrice. А l'échelle d'un pays, cela peut déboucher sur des pogroms ou des «épurations ethniques».

Aujourd'hui, 18% des Français ont honte de ce qu'ils sont parce qu'on les a traités de tous les noms : fascistes, racistes, xénophobes, antisémites, nazis (j'en oublie peut-être). Pour mieux évacuer le problème, on a décidé que le racisme ne devait s'exprimer sous aucune forme : les lois Pleven et Gayssot le mettent hors la loi, les sites web non «politiquement corrects» sont obligés de s'exiler sur des serveurs étrangers. Pour faire une démocratie encore plus propre, on a décidé que ces affreux racistes, qui représentent tout de même 20% de l'électorat, n'auraient droit à AUCUNE représentation parlementaire.

Le principe de la cocotte-minute, vous connaissez ? Plus on étouffe, plus la pression monte. Un jour, un jeune paumé prend un flingue et va tenter un coup désespéré. Cela vous étonne ? Pas moi. On dira que c'est un fou, c'est plus simple, et puis cela évite de se poser certaines questions gênantes. Demain, que va-t-il se passer ? Je ne sais pas. Mais j'ai le sentiment que tout peut arriver.

Les 18 % de «fascistes» ne croient plus aux discours ronflants, aux appels vibrants à la morale républicaine. Nous avons franchi le point de non-retour. Pestiférés nous sommes, pestiférés nous resterons. Puisque la «démocratie» ne nous reconnaît plus le droit d'être représentés, nous nous considérons désormais comme hors-la-loi et nous n'attendons plus rien de vous ni de personne.

Nous sommes libres, définitivement libres.

Dmitri Barkovsky

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