TRIBUNE LIBRE
Une démocratie peut-elle vaincre le terrorisme?

Une démocratie peut-elle vaincre le terrorisme? Si oui, qu’un état nous le démontre, si non il va falloir renoncer à nos modèles de gouvernement.

Le développement exponentiel des groupes terroristes est somme toute un événement assez récent. Avant la seconde guerre mondiale, ou plus exactement avant la guerre froide, il s’agissait d’un phénomène marginal et limité dans le temps et l’espace. Mais la nécessité pour les deux superpuissances de trouver des lieux d’affrontements indirects les a incité à armer une multitude de groupes, des plus folkloriques au plus déterminés. Aussi longtemps que ces groupes avaient besoin des subsides de leurs protecteurs, ces derniers pouvaient les contrôler pour allumer ou éteindre un foyer ici ou là. C’est d’ailleurs grâce à cette stratégie de micro-conflits délocalisés que nous avons pu échapper à une troisième guerre mondiale qui eut certainement été la dernière…

Mais la fin de la guerre froide, et l’écroulement du bloc de l’est a coupé les sources de financement de la plupart de ces groupes. D’un coté parce que l’ex URSS n’a plus les moyens de distribuer de l’argent qu’elle n’a pas, et de l’autre parce que les Etats-Unis sont montrés du doigt pour leur interventionnisme déguisé et désormais injustifié. La disparition des soutiens a donc accéléré l’émancipation de ces groupes terroristes, qui s’étaient préparés à cette éventualité. Certains se sont donc tournés vers d’autres parrains, derniers états marxistes ou riches pays islamiques, tandis que d’autres ont préféré jouer leur propre carte, en s’auto-financant au moyen de l’impôt révolutionnaire, de pillages ou de racket. Dans les deux cas, leur activité devint pérenne, puisque aucune autre alternative ne s’offre à eux: sortir de la clandestinité, c’est au mieux croupir en prison (dans les pays « civilisés »), rester dans la clandestinité mais arrêter les actions terroristes, c’est mourir de faim, poursuivi par la justice et les ex-victimes. A contrario, la poursuite des activités terroristes, même sans support idéologique, leur donne en quelque sorte une « raison de vivre », et les moyens financiers nécessaires à une existence matérielle correcte.

Nous constatons donc ainsi que la plupart des mouvements terroristes nés depuis l’après-guerre existent toujours, d’une façon plus ou moins active, un peu partout dans le monde, qu’il s’agisse de mouvements indépendantistes (ETA, IRA, FLNC, Front Polisario, etc.), de guérilla anti-marxiste (Amérique du Sud), ou de groupuscules religieux.

Mais dans le même temps, ces dernières années ont vu l’apparition d’une multitude de nouveaux groupes, dont les motivations peuvent être extrêmement variées: cela va de militants écologistes, à la défense des commerçants, en passant par les sectes ou les nostalgiques de tel ou tel régime. Ces groupes n’ont aucune difficulté à trouver des armes, qui prolifèrent jusque dans nos cités. Ils n’ont aucune difficulté non plus à recruter des membres, car notre civilisation n’est plus capable aujourd’hui de proposer à ses enfants un avenir motivant et exaltant.

Ce bilan peut paraître sombre, mais force est de constater que le - ou plutôt « les » - terrorismes deviennent pour les pays occidentaux une épreuve à surmonter. Le simple fait que les Etats-Unis, première nation au monde, et qui a le potentiel militaire pour détruire la moitié du système solaire, puisse être victime sur son propre sol d’un attentat aussi spectaculaire - sinon plus - qu’un lâché de bombe H sur Hiroshima, montre à quel point nous sommes impuissants face à ce fléau. Et si le fait de vitrifier l’Afghanistan à assouvi la colère des américains, cela n’a en aucune façon résolu le problème, au contraire. Car les démocraties sont impuissantes face à ce mode de combat: pour éradiquer le terrorisme, la pitié, la sensiblerie, et le respect des droits de l’homme n’ont malheureusement pas leur place: l’honneur de respecter les règles du jeu ne permet pas de battre un tricheur.

Alors, parfois, les démocraties se laissent aller à un acte d’anti-jeu: c’est ainsi que le pouvoir espagnol créa les GAL, dans les années 80, ce qui eut pour effet d’envoyer une vingtaine de terroristes de l’ETA discuter en enfer. Mais ces méthodes, pour efficaces qu’elles soient, ne résistent pas à la pression du peuple manipulé par les médias et les intellectuels gauchistes. Et les membres des GAL ont fini en prison, tandis que l’ETA tue encore…

Israël est contrainte aujourd’hui de sortir des moyens classiques de lutte, et expérimente d’autres techniques: élimination directe des terroristes (comme les GAL), voir parfois de leur famille; destruction des maisons des kamikases, expulsion de leurs familles, etc. Mais la réaction des organisation droit-de-l’hommiste et des pays « civilisés » s’organise. Nous allons donc pouvoir suivre durant les prochains mois cette expérimentation de lutte anti-terroriste dans le vaste laboratoire de Judée-Samarie…

Mais si une démocratie ne peut vaincre le terrorisme, et si un régime moins tatillon n’y parvient pas non plus, quel espoir reste t-il? Deux pistes existent. Le premier adversaire du terroriste, c’est le peuple. Que ce peuple soit armé, courageux, et décidé à prendre son destin en main, et c’en est fini du terrorisme. Plus de base de repli, ni porteurs de valise, ni soutiens… un groupe, aussi bien armé et illuminé soit-il, ne peut lutter en même temps contre la police, l’armée, et la population civile. Mais pour cela, il faut un pays où le peuple soit fort, soudé derrière la même volonté de survie, motivé pour en découdre… peu de pays occidentaux ont la chance d’avoir une telle population, et la France ferme le peloton (ou plutôt conduit la voiture-balai!).

La deuxième piste consiste à couper l’alimentation en armes et en argent des terroristes, et pour cela il devient inévitable de détruire les pays qui soutiennent le terrorisme... et non pas les intermédiaires, comme le font actuellement les Etats-Unis. Le Soudan, l’Afghanistan ou l’Irak ne sont pas les véritables foyers, mais seulement des maillons unissant les groupes armés aux bailleurs de fonds. En ce qui concerne l’ensemble du terrorisme islamique dans le monde, que ce soit aux Philippines, en Europe, en Asie ou à New York, et si l'on fait preuve d'un minimum d'honnêteté morale, on retrouve derrière chaque kalachnikov, derrière chaque mosquée, l'ombre de l'Arabie Saoudite. Si cette dictature est actuellement un allié des Etats-Unis, pour des raisons évidemment économiques et stratégiques, il faudra bien un jour ou l’autre lui demander des comptes.

Ce pourrait-être la fin du terrorisme islamique, mais le début de la troisième guerre mondiale, entre l’islam et l’occident...

Précédant

Sommaire

Suivant