TRIBUNE LIBRE
Chirac : Le coup de l'Observatoire ?

En 2002, après des élections présidentielles et législatives mouvementées qui ont montré que la droite dite « extrême » représentait désormais la deuxième force du pays, Chirac est réélu triomphalement grâce au Parti Unique créé pour faire barrage à la seule force politique qui représente désormais une menace pour son hégémonie.

Il met en place une politique destinée à rassurer la population grâce à quelques mesures spectaculaires, dans le but de court-circuiter l'argumentaire de la droite nationaliste qui, bien que privée de toute représentation parlementaire, n'a pas fini de faire parler d'elle.

Au bout de quelques mois de présidence, malgré la discrétion des journalistes sur les faits divers mettant en scène des délinquants d'origine immigrée, malgré les quelques opérations coup-de-poing menées dans les banlieues sous l'oeil des caméras, la population commence à comprendre que les changements radicaux ne sont pas encore pour demain.

L'immigration continue à poser des problèmes, les banlieues sont de plus en plus agitées, l'islamisation des « jeunes » issues de ces cités est un phénomиne de plus en plus difficile à cacher. Pour Chirac et son Parti Unique, il faut frapper un grand coup.

Le 14 juillet 2002, pendant le traditionnel défilé sur les Champs-Elysées, un jeune d'« extrême-droite », armé d'un fusil, est arrêté par la police après avoir été désarmé par la foule.

Parmi ceux qui ont neutralisé ce dangereux individu figure un certain Mohamed Chelali, d'origine nord-africaine, autour duquel se pressent les journalistes de l'AFP. Il apparaîtra bientôt, aux yeux de la population, comme le héros qui a sauvé le président d'une mort certaine, sous les balles d'un fanatique d' « extrême-droite ».

Cet incident aura trois conséquences importantes :

1- Remonter la côte d'un président et d'un parti qui en a bien besoin.

2- Achever de diaboliser la droite nationale (« extrême-droite ») et justifier à l'avance toutes les mesures qui pourront être prises à l'encontre de ses sympathisants.

3- Après la chute de Zidane et de l'équipe « black-blanc-beur », donner en exemple à la population un nouveau héros d'origine nord-africaine, comme parangon de civilité. Ainsi, on pourra encore, pendant quelque temps, relativiser - et même pardonner - les actes d'« incivilité » que les « jeunes » continueront à commettre dans les banlieues, et excuser du même coup l'incapacité du gouvernement à y mettre un terme.

Chirac aurait voulu reprendre à Mitterrand l'idée d'un attentat bidon (Paris, avenue de l'Observatoire, 1959), qu'il ne s'y serait pas pris autrement.

Dmitri Barkovsky

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