TRIBUNE LIBRE
La démocratie populaire française est en marche !

Un résultat électoral " déplaisant ", à peine connu, est aussitôt contesté, par tous les moyens : Par la critique médiatique d'abord (c'est vraiment trop " injuste " ; les électeurs " ne savaient pas ce qu'ils faisaient " ; et, enfin, " moi, Monsieur, je ne débats pas avec un fââchiste "), par des moyens juridiques ensuite (requête en invalidation), et par la rue enfin.

C'est cette dernière, tenue par les groupuscules d'extrême gauche, qui dispose en France du pouvoir décisionnel dans les grandes occasions.

Le 2ème tour des élections présidentielles, prélude à la campagne pour les élections législatives, les 9 et 16 juin, se transforme en une campagne nationale de rééducation du peuple, appelé, sous la pression, à renier son vote du 21 avril.

Comme au temps de l'URSS, c'est au " parti " (entendons la gauche politique, médiatique et culturelle) qu'il revient de décider qui est digne d'être élu et qui ne l'est pas. Comme il est inconcevable que l'homme-citoyen puisse refuser le bonheur socialiste, il ne saurait voter pour un " non-démocrate ". Il est donc juste qu'avec 15 % des voix, le FN n'ait obtenu en 1997 aucun siège de député, quand le PC, avec 10 %, en avait 35. Il est immoral que Le Pen, avec 17 % des voix, soit au 2ème tour. Et il faudrait tout faire pour qu'il n'ait aucun député le 16 juin.

Des " jeunes ", dûment fanatisés, sont présentés comme des donneurs de leçons. Ils sont chargés de la police politique du régime, dans la plus pure tradition des gardes rouges, et sont censés nous rappeler les dangers d'un fascisme qu'ils n'ont jamais connu.

L'utopie a désormais plus de poids que la réalité. Puisque le plan quinquennal a décidé qu'il fallait 700 000 chômeurs de moins, il suffit de " créer " les postes correspondants, par simple décret. De même, il est inadmissible que, dans le meilleur des mondes, on puisse assister à une recrudescence de la violence. Conclusion : il suffit de ne plus compter et l'on diminue d'autant les infractions. En n'oubliant pas de taxer de " fantasme sécuritaire " les quelques rappels à la réalité.

Enfin, nous disposons d'une novlangue orwellienne. De même qu'alors, " la liberté, c'était l'esclavage ", aujourd'hui, " manifestation spontanée " signifie " manifestation encadrée ", comme " démocrate " signifie casseur trotskiste !

La Ve république n'a plus rien à envier à l'URSS de Brejnev; Ah si ! l'URSS de Brejnev, elle, n'est plus qu'un mauvais souvenir.

La France, si prompte à donner des leçons de démocratie à ses voisins, s'apparente de plus en plus а une démocratie populaire.

Jean Rouxel

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