Environ 120 libanais dont 3 femmes et 2 mineurs sont emprisonnés dans le centre de détention de Khiam au Sud-Liban. Privés de tout statut légal, ils n’ont que très peu de droits.

Israël, en tant que puissance occupante du Sud-Liban est responsable en dernier ressort du centre de détention de Khiam, où certains prisonniers sont détenus depuis plus de douze ans sans inculpation ni jugement.

 



HISTORIQUE DE LA ZONE

Les troupes syriennes sont entrées au Sud-Liban en 1976, les forces israéliennes y ont pénétré en 1978, puis de nouveau en 1982. Des milliers de libanais ont été pris en otage par des membres des différents groupes armés. Israël a officiellement retiré ses troupes en 1985, mais occupe toujours, avec l’aide de l’ALS (Armée du Sud-Liban, milice pro-israélienne, dirigée par Antoine LAHAD), une " zone de sécurité " dans le sud du pays.

La FINUL (Force Intermédiaire des Nations-Unies au Liban), forte de 6000 hommes, a été déployée au Sud-liban en 1978 pour superviser le " retrait " israélien. Elle y est présente depuis cette date essentiellement en dehors de la " zone de sécurité " occupée par Israël.

La guerre civile libanaise s’est officiellement terminée en 1989 (Accord de Taïf). Tous les groupes armés libanais, hormis le HEZBOLLAH et l’ALS, ont été désarmés en 1991 sur ordre du gouvernement libanais. Le HEZBOLLAH, qui a conservé son armement et sa structure militaire, a pu poursuivre ses opérations militaires contre l’occupation par Israël de la " zone de sécurité ". Les combats opposant le HEZBOLLAH, d’une part, et l’armée israélienne et l’ALS, d’autre part, se poursuivent depûis 1991 dans le Sud-Liban. Israël a lancé des attaques contre le Liban en 1993 (opération " Règlement de compte ") et en 1996 (opération " Raisins de la colère ").

 

 

KHIAM / CONDITIONS DE DÉTENTION :

Le centre de détention de KHIAM est situé près du village de Khiam (Sud-Liban). Il a été aménagé dans une ancienne caserne occupée par les français. Il existe depuis 1985 et est géré par l’ALS, mais Amnesty International a recueilli plusieurs témoignages de l’intervention directe de soldats israéliens dans les interrogatoires de prisonniers, au moins jusqu’en 1988.

Presque tous les prisonniers libérés de Khiam ont rapporté qu’ils avaient subi des tortures dans les semaines suivant leur arrestation et des mauvais traitements répétés, notamment des coups, pendant toute la durée de leur détention.

Les tortures les plus souvent décrites sont :

Après avoir été maintenus au secret pendant une période allant de dix jours à deux mois dans une cellule mesurant 90 centimètres de côté, les prisonniers sont détenus à 6 dans des cellules de 2,5 mètres de côté et sont autorisés à sortir pendant un quart d’heure, une fois par semaine ou tous les quinze jours.



Depuis juillet 1998, les visites des familles et du CICR (Comité International de la Croix-Rouge) ont pu reprendre, après avoir été interrompues à de nombreuses reprises par mesure de rétorsion.

 

POSITION D'AMNESTY INTERNATIONAL

Amnesty International estime que les personnes capturées et détenues à Khiam, sans inculpation ni jugement, sont retenues en otage pour servir de monnaie d’échange dans le marchandage avec les groupes armés islamistes. Plusieurs détenus ont été libérés en échange d’informations sur les soldats israéliens portés disparus au combat. Ainsi, le 25 juin 1998, 50 détenus de Khiam et 10 Libanais détenus en Israël, ainsi que les dépouilles de 40 soldats du Hamal ont été échangés contre la dépouille d'un soldat israélien abattu lors d’un raid au-dessus du Sud Liban. Entre temps d’autres libanais ont été emmenés à Khiam afin d’y servir, plus tard, de monnaie d’échange.

Le 3 septembre 1999, Souha Béchara a été libérée après avoir passé 10 ans à Khiam dont 6 en isolement total.

Israël nie exercer un quelconque contrôle sur Khiam. Le centre de détention est pourtant situé dans la partie érigée en " zone de sécurité " par Israël et occupée par ses forces armées depuis 1978. Le rôle d’Israël dans le financement et le contrôle de l’ALS est indéniable. En outre, en tant que puissance occupante, Israël est responsable aux termes du droit international de la population vivant dans la " zone de sécurité ".

Conformément aux normes internationales, l’état d’Israël doit libérer ces prisonniers s’il ne veut pas les juger pour des infractions prévues par la loi. La prise d’otages constitue une violation des normes internationales relatives aux droits de l’homme. Quiconque est détenu uniquement pour contraindre des tiers à libérer des prisonniers ou à fournir des informations, doit être libéré immédiatement et sans condition.

De plus, la détention et l’arrestation de mineurs (à notre connaissance il y a au moins 2 mineurs à Khiam) est inacceptable.

Samir Amadi et Akran’Ali’ Alawiyeh ont été libérés le 26 juin 1998, ainsi que 48 autres prisonniers de Khiam. Leur libération, ainsi que celle de 10 libanais détenus en Israël, a été obtenue en échange du corps d’1 soldat israélien, Itamar Ilya, tué lor

‘Ali Toubeh (16 ans au moment des faits) et son père Mustapha Toubeh ont été arrêtés à leur domicile le 2 octobre 1997, par des membres des forces de sécurité israélienne.

Depuis cette date, ils sont détenus, sans inculpation ni jugement, à la prison de Khiam au Sud-Liban, dans la zone contrôlée par Israël.

Madame Toubeh, arrêtée le 28 octobre 1997, a été relâchée après un mois de détention. Elle rapporte que son mari et son fils ont été torturés. Ali Toubeh, 14 ans, lui a raconté qu’il avait été frappé sur la tête et qu’on l’a obligé à s’asseoir dans une caisse contenant de l’eau, reliée à du courant électrique.

La prison de Khiam a été fermée aux visites de l’extérieur entre septembre 1997 et juillet 1998 et madame Toubeh n’a pu voir son fils et son mari qu’une seule fois, en juillet 1998. Elle n’a pas pu leur parler librement, la visite étant surveillée.

‘Ali Toubeh et son père Mustapha Toubeh seraient seuls dans une cellule et auraient droit à 2 heures de promenade par jour.