TRIBUNE LIBRE
Conformiste, moi? Jamais!

Vous avez les cheveux propres, vous lisez Minute, Rivarol voire Valeurs Actuelles, vous vous habillez sans croco, vous ne portez pas de Nike à la ville, vous n’ écoutez pas de rap, vous ne fumez pas de pétard, vous êtes désespérément hétérosexuel et désirez avoir des enfants dans le cadre du mariage?

Hé bien, bonne nouvelle : pas besoin d’ acheter une Harley customisée, de vous habiller en cuir clouté et d’adhérer aux Hell’s Angels! Vous êtes déjà un rebelle.

Cela vous surprend? Pourtant, réfléchissez-y : être rebelle, c’est ne pas se conformer aux comportements dominants. Or, aujourd’hui, la pensée dominante est celle des ex-68tard(if)s, des gauchistes attardés, des intellectuels fumeux qui imposent leurs contre-valeurs et leurs idéologies stériles à la société, à grand renfort de bruit mediatique.

Les valeurs qui ont servi de base à notre société pendant des siècles, elles, sont rejetées : trop ringardes et réactionnaires pour les apôtres du progressisme effréné. De toute façon, le progrès est devenu une valeur en soi : tout ce qui fait “bouger” est intrinsèquement bon, à condition que cela remette en cause ce qui existait auparavant. Même si les conséquences doivent être catastrophiques ! Au bord du gouffre, faisons tous ensemble un grand bon en avant solidaire et citoyen en avant !

Il est de bon ton d’afficher l’ anticonformisme officiel : on peut dresser une typologie des adeptes de la pensée unique .

Personnellement, je distinguerais deux grandes catégories.

D’abord, le conformiste mou. Il vote PS, MDC, ou même UDF, il lit Le Monde voire Télérama, porte des jeans et va au MacDo tout en soutenant José Bové - vieux marxiste du Larzac libre reconverti dans le fromage qui pue, il regarde Dallas en pestant contre l’ impérialisme américano-capitaliste, refuse les fonds de pension et s’ indigne que les entreprises françaises soient contrôlées par les retraités de Floride. Il a de la sympathie pour les sans-papiers qu’il hébergerait bien chez lui si le tapis persan n’était pas si salissant ; il absout les jeunes (faut-il préciser lesquels ? Ceux qui ont abusé de la lampe à UV, bien entendu !) qui brûlent sa voiture par réflexe citoyen anti-raciste.

Bref, toutes ces grandes et nobles idées humanistes, citoyennes, progressistes et de gauche (ne rayez aucune mention inutile) occupent son esprit (quand on a oublié la culture de ses ancêtres, il faut bien meubler !).

Ensuite, vient le gauchiste “professionnel”. Il vote LCR ou LO, lit Charlie Hebdo, s’habille sur les marchés aux puces, porte des dreadlocks bien crasseuses (mais tellement ethniques !), refuse la télé (sauf Arte, et encore) mais écoute Canal Sud (la radio des marginaux et dealers de Toulouse) ou Radio Libertaire, défile dans toutes les manifs, siège assidûment dans les Assemblées Générales, où il vote systématiquement la grève - après tout il s’en fout, en bon adversaire de l’élitisme scolaire, il n’a pas l’intention de réussir ses examens ! Fume pétard sur pétard et milite pour la dépénalisation des drogues. Farouchement antifasciste, arborant fièrement le triangle rouge de Ras l’Front sur sa poitrine, il colle des autocollants JRE sur le mobilier urbain (malgré ses idées collectivistes, il ne paie pas d’ impôts et se fiche du coût de ses dégradations) manifeste contre le FN et généralement traque sans pitié ni répit l’ infâme peste brune qui menace la société multiethnique, multiculturelle et multicriminelle.

Bien sûr, dans son exaltation progressiste et fraternelle, il ne peut s’empêcher de caillasser les CRS qui perpétuent l’ordre bourgeois et fasciste. Mais lorsque les-dits CRS chargent, notre courageux antifa ne reste pas (ah ! si les déportés de la seconde Guerre avaient été si résolus !). Car les lois ne sont pas faites pour lui : son but, c’est d’amener l’avènement du paradis communiste où tout le monde sera heureux, vivra près de la nature bovésienne au son du tam-tam. En attendant, il vit aux crochets des autres et en demande toujours plus. Enfin, la démocratie est sa chasse gardée, la parole ne peut que lui être réservée.

Les affreux réactionnaires fascistes qui ont l’outrecuidance de penser différemment ne méritent pas de vivre (autant pour l’abolition de la peine de mort...) !

Le Survivant

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