TRIBUNE LIBRE
Politiquement correct

Depuis le début des années 90, la France et les autres pays occidentaux sont sous l'emprise d'une nouvelle idéologie dominante qu'il est convenu d'appeler "Politiquement correct" (PC). Contrairement à celles qui s'affrontaient ouvertement pendant la guerre froide, la nouvelle idéologie ne s'affiche pas au grand jour, elle est insidieuse. En utilisant à dessein un vocabulaire spécifique, elle joue sur le registre de l'implicite et des fausses évidences. Le PC est directement importé des Etats-Unis où les intellectuels libéraux (au sens américain du terme ) ont façonné un code de signes, de mots et de conduites à adopter qui constitue une police de la pensée fondée sur le terrorisme intellectuel et la censure médiatique. Ses tenants s'approprient certains concepts très généraux dont la signification originelle fait l'objet d'une relative unanimité. En imposant un consensus fallacieux rendu possible par une tromperie sur le langage, le PC tente d'éviter le débat au moyen d'un intense matraquage médiatique ; ainsi, la presse, quelle qu'elle soit, semble incapable d'organiser un traitement de l'information qui se passe des concepts suivants : l'antiracisme, la lutte contre l'exclusion, la solidarité, la lutte contre le SIDA, le tiers-monde, les Droits de l'homme, les acquis sociaux, l'Etat de droit, la Démocratie. Or, ces notions sont galvaudées et utilisées de manière tout à fait pernicieuse : le PC a changé les définitions des mots pour les faire correspondre à son idéal.

La prétendue lutte contre le racisme orchestrée par SOS-Racisme, bras séculier du nouveau moralisme et héritage du machiavélisme mitterrandien, cache des préoccupations communautaristes et une idéologie qui abhorre les valeurs Nationales et Républicaines. En réponse à toutes ces organisations gauchistes (MRAP, GISTI...) qui prennent la défense des immigrés de manière systématique, je citerais volontiers Rousseau qui dénonçait déjà en son temps "ceux qui aiment les Tartares pour être dispensés d'aimer leurs voisins"...

Le mythe de l'exclusion

La lutte contre l'exclusion est sans aucun doute l'une des facettes les plus significatives du PC qui atteste de son caractère profondément égalitariste. Pour ses tenants, fascinés par le nivellement, il apparaît inacceptable que certains s'en sortent mieux que d'autres : tout exclu est donc une victime. Cette revendication généralisée du statut de victime touche des catégories plus qu'hétéroclites puisque sont qualifiés comme tels de manière indifférenciée les délinquants, les handicapés, les homosexuels , les minoriés ethniques, les catégories sociales les moins aisées... ou même les femmes ! Cet amalgame grossier ne permet en aucune manière de faire la part des choses et de s'interroger précisément sur les facteurs explicatifs des différentes situations. De plus, cette victimisation aboutit à une déresponsabilisation totale des individus et à une culpabilisation des "non-exclus". Le mythe de l'exclusion est donc un procès d'intention fait au reste de la société qui est, pour le PC, responsable de l'exclusion : les exclus sont réputés subissant et non pas agissant c'est à dire responsables. Cette perception des choses se traduisant par une véritable inversion des valeurs, toute non-exclusion devient alors un privilège. Par conséquent, on voit bien que le PC n'est qu'un socialisme recyclé qui n'a pas renoncé à l'utopie égalitaire ; d'où la déformation de la valeur de solidarité qui s'est muée dans le langage PC en assistanat pur et simple. Il est notable que ce refus de toute exclusion est en contradiction flagrante avec une autre des composantes de la nouvelle idéologie dominante, à savoir le droit à la différence. Or, loin de s'identifer à la tolérance, le "respect de la différence" devient la base d'un code de comportement et de pensée qui se veut répressif.

Le politiquement correct est antidémocratique

Enfin, il faut relever ce qui est, à mon sens, l'élément le plus dangereux du P.C., c'est à dire son caractère fondamentalement antidémocratique. Alors que ses partisans ont de la Démocratie et de la République plein la bouche, ils veulent en réalité renier la légitimité de la volonté populaire. La nouvelle idéologie, reprenant la vieille stratégie de la gauche consistant à s'arroger le monopole du coeur et de la morale, se présente comme une exigence "morale" extérieure et supérieure au politique. Elle véhicule ainsi sa propre conception du bien et du mal de sorte qu'elle arrive à créer un nouvel ordre moral. L'idéal PC est une société gouvernée au nom du droit et de la morale par des comités de sages et des cours de justice qui font des choix politiques,sous couleur de décisions juridiques,en lieu et place du peuple et de ses représentants. Cette confiscation de la Démocratie conduit au gouvernement des juges. Les réactions provoquées par les arrêtés municipaux destinés à réprimer la mendicité agressive (dits arrêtés "anti-mendicité"...) sont, à cet égard très instructives : alors que le maire de Nice, Jacques PEYRAT, souhaitait obtenir l'aval des habitants de sa ville pour pouvoir prolonger son arrêté, un responsable d'association (qui, lui, connaît forcément la situation beaucoup mieux que tout le monde...) lui répondit, offusqué : "Mais, enfin, on ne va tout de même pas demander son avis au peuple !". Il est donc des choses qui sont beaucoup trop sérieuses pour être soumises au peuple vil et bas qui n'est, en aucun cas, habilité à donner son avis sur des sujets qu'il ne maîtrise pas suffisamment par ignorance ! Les exemples de cette rupture entre les élites (ou se disant telles..) et la base foisonnent et témoignent de la volonté d'un petit groupe de personnes d'écarter le peuple du débat public.

C'est cette faiblesse qu'il faut exploiter : le PC a le peuple contre lui. Il est donc possible d'adopter une stratégie populaire pour promouvoir les idées nationales et libérales qui, seules, permettront à notre pays de retrouver la voie du progrès économique et social.

François LAGARDE

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