LE RAÏ
Le raï est un mouvement musical né
au cours des années 1970 de la fusion des musiques populaires de l'Ouest
algérien et de la pop électrique occidentale.
Le terme raï signifie littéralement "!avis, point de vue!", mais par
extension "!destin, sort!"!; l'expression ya rayi ("!ô mon raï!"), utilisée
couramment dans les chansons oranaises des années 1970, est à l'origine
de la dénomination.
Le raï apparut dans les faubourgs d'Oran, l'un des centres industriels
et culturels de l'Algérie indépendante, et prit ses sources dans les
musiques populaires comme le chaâbi des années 1950, ainsi que dans
les influences du rock venu de France puis de la musique pop internationale.
Avant même le milieu des années 1970, les chanteurs oranais mêlaient
déjà les instruments traditionnels avec des instruments électriques
modernes tels que guitares électriques et synthétiseurs. Mais la rupture
avec la chanson de variété algérienne vient, d'une part, d'un renouveau
des thématiques dans les textes, d'autre part, d'une fusion ouverte
avec des rythmes non maghrébins comme le reggae, le rock et le funk.
Exprimant l'exaspération d'une jeunesse algérienne délaissée (qui représente
plus de 50 % de la population), en quête de démocratie mais aussi d'une
libéralisation des mœurs et de l'évolution des structures sociales,
les textes de raï n'ont cependant jamais contenu de revendications ouvertement
politiques. Ils parlent surtout de sujets tabous dans la société traditionnelle
algérienne, comme l'alcool...
À partir des années 1980, le raï s'étendit à toute l'Algérie, puis au
Maroc et surtout en France, où beaucoup d'artistes se sont réfugiés,
fuyant les troubles des années 1990 (durant lesquels le chanteur cheb
Hasni fut assassiné par des islamistes), sans compter les artistes "!beurs!"
issus de l'immigration maghrébine en France comme Rachid Taha (Fi Barbès,
1986). Parmi les plus grands chanteurs de raï, souvent dénommés cheb
(cheb signifie "!jeune homme!", chebba en est le féminin), figurent
Khaled (Kutché, 1988), le plus connu internationalement, cheb Mami (Fatma,
fatma, 1989), cheb Kader (Mhainek ya galbi, 1988) et Kadda Cherif Hadria
(Diri Kitabghi, 1995). Le raï a également favorisé l'éclosion de voix
féminines indépendantes comme la pionnière du genre cheikha Rimitti,
chebba Zahouania ou chebba Fadela (Hana hana, avec cheb Sahraoui, 1989).
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