Salim: Oui, oui . . . » Il pensait en même tant à Zoubida. Il se demandait comment elle allait faire maintenant qu'elle se séparait?

-Mais n’oublie pas : penser librement est un acte subversif.

-À qui le dis-tu! On vient de me barrer d’un autre forum parce que je disais que la science était dans les mains d’escrocs. . .

-Sur BeurFM ils ont censuré l'article d'Akiles sur les arabes (Oh, la logique arabe!)

- Là, c'est normal, il n'y a pas un seul forum arabo-musulman qui laissa publier un tel pamphlet.

-Bon, écoute: Pour y parvenir, il faut du courage! Oui, le simple fait de penser par soi-même, au XVIIIe siècle comme au XXIe, exige du courage. Faire « resplendir les lumières de la raison » peut vous attirer une disgrâce, une bastonnade, une lettre de cachet. »

Je relève mes yeux de la page et le regarde : -Pourquoi a-t-elle besoin (Catherine David) de relativiser ainsi les circonstances. Bien sûr il y a des injustices, il y en aura toujours d’une façon ou d’une autre, mais le degré de liberté n’est pas le même. Autrefois, cela exigeait beaucoup plus de courage. Ce n'est pas comparable, si ce n'est encore dans les pays à la culture musulmane, obligée et obligeant.

Bavu, s’approchant de notre table: - Là... non, "je ne te suis pas" ! S'il était possible d'expliciter le propos... euh... ‘‘renonce à laisser un autre dicter tes opinions et guider tes actes.’’ et le reste.

-Tu ne t’es jamais demandé si ce que tu mangeais, par exemple, n’était pas un pur conditionnement grossier, bête et méchant, pour une personne « évoluée », du XXI siècle, vivant en France? As-tu osé penser en approfondissant par toi-même la question?**

-La culture générale quoi. . .

-Mais la grande !-Le respect total

* N.Obs. janv. 2007, Les aventuriers de la liberté. Excellent numéro intitulé Le siècle des Lumières.

** Contexte original sur

Mais il se trouve que c’est celui qui déclare que «le roi est nu», dans la simplicité de l’expression verbale la plus naturelle, qui se retrouve éloigné, par force ou brutalité, pour laisser place à l’abrutissement: retrouver l’animalité intérieure, (la fameuse méchanceté en tout homme dont raffolent les écrivains. Salman Rushdie écrit à ce propos: "En ces jours sombres d'obscurantisme, un peu de lumière ne fera pas de mal! Mais en tant qu'écrivain je suis forcément attiré par les ténèbres. Plus mes personnages sont noirs, plus je les aime. De même que je préfère la part d'ombre de mes personnages ''positifs''. Presque tous sont d'ailleurs ambivalents." Et comme l'écrivain algérien, Yamina Khadra a le vent en poupe, “Je pense que l’homme est le croisement de l’ange et du démon. Il est fondamentalement bon et forcément méchant.” )

Et c’est parmi ces hypocrites qui s’offusquent lorsqu’on dit que leur ville est sale ou que «le roi est nu» que l’on forme les candidats à la présidence de l’État, qu’on trouve nos ministres, nos juges, nos militaires et nos politiciens. Il nous a fallu l’Amérique pour nous sortir de là! Et pourtant nous sommes toujours aussi bas. Demandez à une enfant américaine si elle ne lui est jamais arrivée de voir paître une vache dans un champ? si elle sait d’où seulement provient le lait qu’elle boit! Si elle a déjà vu un veau téter au pis de sa mère? Sa mère . . . ? Demandez-lui si elle réalise ce que cet aliment merveilleux procure de bonheur et de satiété? Si elle sait la valeur de cette couche de crème que l’on obtient lorsque le veau s’est assez gavé de lait et qu’à notre tour nous en remplissant de plusieurs litres un seau? Puis on le fait cuire. Cuire. Cuire. Doucement. Cuire et réduire jusqu’à ce que l’on obtienne un des plus onctueux et délicieux caramel au monde. Comme aussi pour le beurre, parfumé et succulent. Et du yoghourt. Et des variétés de boissons désaltérantes, au petit lait.

Non! une jeune fille américaine ne sait pas ces choses-là, en général. Et c’est la richesse du monde cette compréhension. La grande culture. Que dire de vivre en amour avec les Autres. Avec la nature et les animaux. Respect total.

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Pièce en cuivre, exposé devant le musée des beaux arts à Montréal