Back Forward Table of Contents Return to Homepage

Un Monde Sans Argent : Le Communisme
VII. Insurrection et Communisation



INTERNATIONALISME

La révolution sera mondiale.

Ce n'est pas un impératif moral : tous les hommes sont égaux et frères et y ont droit.

La révolution sera mondiale parce que le capital lui-même est une réalité mondiale. Il a détruit les communautés humaines, séparé les individus, fait de chacun le concurrent de chacun. Mais dans le même mouvement il a rassemblé et unifié le genre humain sous sa coupe. Aujourd'hui et pour la première fois dans l'histoire depuis Adam et Eve il y a coïncidence entre l'unité génétique et l'unité sociale de l'espèce.

La naissance de l'idée nationale et des états nationaux est le fruit direct du développement capitaliste, de la destruction des groupes traditionnels, de la standardisation par l'échange, de l'inégalité dans la croissance. Mais si le capital s'abrite derrière des frontières il ne s'y laisse pas emprisonner. Son développement impérialiste et anonyme a toujours eu tendance à conquérir et à unifier les marchés. Ce sont des pays et des zones différentes qui ont été successivement le lieu privilégié de l'accumulation du capital avant de décliner pour laisser la place à d'autres.

L'époque contemporaine a vu ce mouvement s'accélérer. Il y a eu mondialisation des rapports marchands et accentuation des inégalités. La colonisation, les guerres mondiales, le développement de nouveaux pôles d'accumulation, la constitution de nouveaux états nationaux plus ou moins fantoches ont été des étapes de ce mouvement. La multiplication des nations et des états n'a pas empêché l'unification même au niveau politique. Les petits états sont inféodés à des états plus forts. Ils se sont regroupés en blocs militaires et en zones économiques. Ils ont créé des institutions et des forces d'intervention mondiales.

Plus remarquable encore est l'internationalisation des échanges et la constitution d'entreprises multinationales qui a gagné de vitesse l'unification politique et a privé les états d'une grande partie de leur pouvoir économique. Ces firmes géantes sont plus riches que bien des nations. Elles ont une vision planétaire des choses. Elles cherchent à produire et à vendre là où c'est le plus rentable sans souci des frontières.

L'échange uniformise la vie à travers le monde et c'est le même type de céréales, d'immeubles, d'enseignements que l'on retrouve partout. La couleur locale sauvegardée ou surajoutée est un argument publicitaire à l'égard des touristes et des traditionalistes. Rien n'illustre mieux cette gadgetisation de l'idée nationale que les décore typiques que transportent à travers le monde des avions semblables. Ici on mange à la française, là on rencontre des geishas japonaises... et un peu partout des pirates de l'air paléstiniens.

Face à tout cela les révolutionnaires n'appellent évidemment pas à la défense ou à la restauration de la patrie comme le font tout un tas d'idiots et de démagogues. Pas plus nous ne soutenons les mouvements régionalistes ou néo-nationalistes qui prônent la constitution de nouvelles patries plus légitimes. En invoquant le droit à la différence et à l'autonomie on oppose le nationalisme au nationalisme, l'état à l'état. Il y a au départ souvent une saine réaction contre l'étatisme, l'uniformisation et l'inégalité de développement du monde contemporain. La seule solution possible c'est la fin du capital et de tous ses états.

Le communisme n'est pas l'ennemi des patries, si par amour de la patrie l'on entend l'attachement des hommes à la région, au paysage, aux coutumes, au mode de vie locales. Nous ne voulons pas ressusciter l'esprit de clocher mais nous sommes contre le nivellement des pays et de leurs habitants.

Les défenseurs de la patrie ne sont bien souvent que les défenseurs de l'état. Leur nostalgie veut ignorer ce qui détruit les valeurs qu' ils défendent.

Le nationalisme paradoxalement s'est développé au fur et à mesure que se dégradaient la connaissance et l'attachement de l'homme à son environnement. Il valorise non une communauté réelle mais l'image d'une communauté que traduit le fétichisme débile du drapeau ou du héros national. Notre époque rend tout ce bric-à-brac de plus en plus désuet. Les sentiments qu'il cristallise sont de plus en plus détachée de la réalité ou hypocrites.

La plupart des dirigeants qui exaltent l'idée nationale s'en contrebalancent. Les classes dirigeantes et privilégiées ont fait la preuve maintes fois du peu de cas qu'elles font du patriotisme. L'intérêt national ne vaut que lorsqu'il correspond à l'intérêt du capital. Pour peu qu'une menace prolétarienne apparaisse et les classes dirigeantes des différents pays se dépêchent de se réconcilier.

La révolution sera mondiale parce que les problèmes qu'elle aura à résoudre seront mondiaux. L'interpénétration des différentes économies empêche de s'en tirer seul. De toute façon si la révolution se développe dans un seul pays elle devra faire face à l'action de la contre-révolution extérieure. Mais cette interdépendance, le développement des moyens de communication, la simultanéité des secousses économiques et politiques rendront la révolution plus contagieuse que jamais. Chaque état en jouant les gendarmes ailleurs doit craindre de précipiter les choses chez lui. Plus l'insurrection se généralisera rapidement plus la répression sera difficile.

La faim, la pollution n'ont pas des causes locales même si leurs effets sont bien localisée. La révolution devra établir des règles universelles de protection de la nature. L'agriculture devra être organisée pour répondre aux besoins de l'ensemble des populations.

Cela ne veut pas dire que les pays riches et industrialisés vont devoir se saigner à blanc ou que les pays pauvres vont rester dépendants des zones privilégiées.

Chaque région devra en fonction de ses problèmes et de ses ressources, de l'importance de son prolétariat, trouver des formes d'organisation et de développement particulières. Autant que possible il faudra se débrouiller à partir des ressources locales.

Toutefois il faudra, notamment au début, organiser des transferts de matériel et de techniciens pour aider les plus déshérités à se sortir le plus rapidement possible d'une misère infâme. Il faudra si nécessaire réduire ou transformer la consommation alimentaire dans certaines régions pour en aider d'autres. Les communistes se tiendront toujours à l'avant-garde de la lutte contre les égoïsmes locaux.

Les pays sous-développés pourront être communisés malgré la faiblesse de leur développement. La possibilité du communisme s'établit à l'échelle mondiale. Ce qui importe ce n'est pas tant le développement quantitatif des forces productives que leur développement qualitatif. Un certain niveau technique et scientifique engendrera une abondance quantitative à court terme. La prédominance actuelle des pays industrialisés servira à l'aube du communisme en appuyant les forces prolétariennes locales à liquider partout le capital.

Comment promouvoir des transformations communistes dans des pays où prédominent les populations agraires ? Il n'y aura pas à rejouer l'accumulation primitive. Le communisme ne s'installera pas comme le capitalisme en bouleversant les structures sociales traditionnelles. Il pourra au contraire s'appuyer sur ces structures en les débarrassant de leurs aspects les plus négatifs, retrouver sous le parasitisme et le féodalisme les communautés paysannes de base.

Cela n'empêchera pas le développement à côté d'activités modernes. Au sein de ces communautés la technique pourra s'introduire : matériel agricole léger, capteurs d'énergie, procédés contraceptifs, soins médicaux... Il n'y a pas d'incompatibilité absolue entre l'équilibre communautaire traditionnel et l'emploi de techniques d'un usage simple. Actuellement il y a des cas où des populations primitives savent utiliser des techniques modernes. Le véritable handicap c'est plutôt la désagrégation de ces communautés sous l'action du capital.

Il est pratiquement sûr que les populations concernées et les structures sociales évolueront. Mais cette évolution n'aura pas d'abord été une destruction des hommes et un reniement des valeurs communautaires.

Peut-on compter pour établir une solidarité mondiale sur la classe ouvrière, les ouvriers ne sont-ils pas souvent racistes ?

Souvent les ouvriers se montrent racistes. Racistes à l'égard des étrangers et surtout à l'égard des travailleurs immigrés ou des minorités raciales. L'on a vu des gouvernements "ouvriers" se montrer plus racistes, notamment au niveau de l'immigration, que les gouvernements bourgeois. Ce sont souvent les hommes d'affaires qui sont favorables à l'immigration et à l'abolition des lois discriminatoires.

Le racisme ouvrier correspond d'abord à une attitude d'opprimé qui ne pouvant sortir de sa condition est tout heureux de pouvoir se sentir supérieur à son chien, à un flic ou à un immigré. Il est l'expression d'un réel intérêt de classe, de la classe ouvrière en tant que marchandise. L'intellectuel peut baratiner sur la fraternité humaine. L'ouvrier, notamment l'ouvrier non qualifié, sait très bien que l'étranger c'est d'abord le concurrent sur le marché du travail. Le racisme ouvert ou latent naît de l'incapacité à reconnaître que c'est le capital qui oppose les salariés. Cette incompréhension n'est pas l'expression d'une simple déficience intellectuelle. Elle correspond à une impuissance. Compréhension et capacité à transformer la réalité vont de pair. Lorsque le prolétariat se redresse et s'unifie le racisme s'effondre. Nul besoin pour le voir d'attendre le grand soir. Dans des luttes partielles les ouvriers de différentes origines rejettent les préjugés et la méfiance.



Back Forward Table of Contents Return to Homepage