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Un Monde Sans Argent : Le Communisme
IV. Au-Delà Du Travail



LÀ PARESSE

Un tel programme ne va-t-il pas inciter la paresse à se développer ? Si l'on pouvait abolir le principe de la rémunération du travail tout en maintenant le monde tel qu'il est ce serait vrai à coup sûr. Seulement le communisme bouleverse l'ensemble des conditions de vie et de travail.

L'esprit révolutionnaire n'est pas l'esprit de sacrifice : chacun s'oubliant soi-même pour servir la collectivité. Ca c'est du maoïsme ! Le communisme suppose un certain altruisme mais il suppose aussi un certain égoïsme. Surtout il n'oppose pas l'amour du prochain à l'amour de soi-même en demandant que l'un soit au service de l'autre. Nous n'aimons pas plus les curés que les profiteurs. C'est le capitalisme qui fait que l'intérêt de l'individu et celui de la collectivité sont toujours en opposition : Donner c'est renoncer.

L'homme communiste ne sera pas plus l'homme du renoncement que de la fatalité. La transformation des mentalités ne relève pas de la pédagogie. Il n'y aura pas d'image idéal à laquelle se conformer. Il n'y aura pas d'un côté la transformation des structures sociales et de l'autre côté la transformation des individus. C'est le capitalisme qui sépare ainsi les choses. Le prolétariat se désaliénera et ne pourra le faire qu'en modifient le monde et ses conditions d'existence. Quelques semaines de révolution mettront en l'air des décennies de conditionnement. La lâcheté, l'avidité, la débilité sont le résultat d'un certain état social. La carotte, le bâton ou l'éducation ne pourraient servir qu'à les refouler si la situation qui les engendre et leur donne une certaine utilité ne disparaît pas. Avec le communisme ces tares disparaîtrent parce qu'elles ne correspondront plus à rien.

Y aurait-il des égoïstes, des paresseux incurables et des incapables irrécupérables que cela ne serait pas forcément très grave. Le plus puissant ennemi de ces gens-là ce n'est pas la répression mais l'ennui. Ils feraient céder bien des mauvaises volontés. Les hommes sont des animaux sociaux. Il leur faut bien du courage pour supporter d'être inutiles dans la collectivité où ils vivent. Même aujourd'hui le parasite et l'égoïste doivent faire semblant pour les autres et pour eux-mêmes. Le salariat aboli il sera bien difficile d'illusionner sur son activité. Chacun sera jugé sur ce qu'il fera véritablement et non sur le temps passé.

Le communisme n'exclut pas les heurts entre personnes et entre groupes. Les profiteurs risquent de se voir demander des comptes. Si on les supporte et s on les engraisse c'est qu'on le voudra bien.

Les communistes n'ont rien contre une seine paresse. La société révolutionnaire n'est pas faite pour que l'on s'y exténue. Les paresseux ne sont condamnables que si ils exigent d'autrui ce qu'ils refusent pour eux-mêmes. Que les courageux ne se laissent pas tondre la laine sur le dos mais qu'ils ne prétendent pas imposer à tous leur goût personnel !

Avec le remplacement du travail forcé par l'activité passionnée la majeure partie des causes d'un paresse systématique disparaîtra. Disparaîtra aussi cette irritation que le bosseur éprouve à l'égard du flemmard et qui souvent n'est que de la jalousie déguisée.

Les paresseux d'aujourd'hui ne seront pas forcément les paresseux de demain. Certains de ceux qui se démènent et s'épuisent sous l'aiguillon du gain auront besoin de notre bienveillance. D'autres qui semblent incapables de se remuer se réveilleront et se déchaîneront.

Dans la société communiste développée, le machinisme conférera à l'homme une grande puissance. Chacun pourra choisir son rythme de vie. L'un s'épuisera dans des aventures coûteuses et dépensera plus qu'il ne fournira en retour à la société. L'autre ne fera pas grand'chose et ce sera pourtant la société qui sera débitrice. On ne tiendra pas de compte d'épicier.

Une fois l'intérêt financier disparu l'esprit de recherche et d'invention ne va-t-il pas s'évanouir aussi ? Chacun ne va-t-il pas se contenter de faire sa petite besogne de façon routinière mais sans plus ! C'est une erreur de croire que l'appât du gain et l'esprit de recherche vont de pair. Le commerçant pactise avec le mensonge et i'illusion. Le scientifique doit las écarter sans cesse. La science rapporte et l'invention paie mais souvent ce ne sont pas les mêmes qui découvrent et nui empochent. Même dans le monde capitaliste le mobile de la passion scientifique n'est pas l'argent. On récupère la créativité et l'imagination pour faire de l'argent.



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