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LE MOUVEMENT COMMUNISTE
Jean Barrot
Peu importe ce que tel ou tel prolétaire ou même ce que le prolétariat tout entier s'imagine être son but, momentanément. Ce qui importe, c'est ce qu'il est réellement et c'est ce qu'il sera historiquement contraint de taire conformément à son être. Son but et son action historique lui sont tracés visiblement et irrévocablement, dans les circonstances mêmes de sa vie comme dans toute l'organisation de la société bourgeoise actuelle.
Publication Details
Le mouvement communiste - (essai de définition) was published by Editions Champ Libre in 1972.
Gilles Dauvé who wrote Le mouvement communiste (under the name Jean Barrot) was also involved with a group called Le mouvement communiste which produced six issues of a journal of the same name between 1972 and 1974. An article in the fourth issue about the activities of the communist milieu the group belonged to said this about Dauvé's book :
« Il tend à se constituer maintenant un milieu ayant des "idées" communistes, uni non par la pratique, mais plutôt par le partage de certaines thèses, de même qu'il existe des milieux "conseilliste", "bordiguiste", "situationniste", etc. La faiblesse de l'insertion sociale et la marginalité de nombreux individus pourtant radicaux les conduisent, non à faire fusionner compréhension et subversion, mais surtout à exprimer leurs conceptions. Le langage lui-même tend à devenir, non un moyen de communication à vocation universelle, mais un code, un système de signes de reconnaissance interne à un milieu trop fermé sur lui-même. Des formules toutes faites et des tics de langage apparaissent, et fonctionnent comme des repères où se retrouvent des gens incapables d'être autonomes dans un cadre social quelconque. Ils ne dirigent pas avant tout leurs coups contre les ennemis de la révolution là où ils sont implantés, c'est-à-dire là où se posent les problèmes sociaux, puisque la contre-révolution n'agit qu'en se fondant sur les luttes réelles pour les absorber (cf. le nº 3 du bulletin) : entreprises, écoles, quartiers, etc. Ils préfèrent au contraire intervenir dans le monde des idées, ce qui n'est pas inutile, mais de plus en plus secondaire. Le risque est grand de les voir affronter d'autres milieux, pour finir par disputer le terrain aux gauchistes, avec les meilleures justifications possibles, puisqu'empruntées au communisme théorique.

« On peut s'en rendre compte en comparant diverses activités récentes. Le livre de Barrot Le mouvement communiste (Champ Libre, 1972), en dehors de ses défauts de contenu (confusion dans le § "Valeur et travail abstrait" insuffisance sur la notion de communauté, faiblesse historique et économique de la dernière partie), pêche avant tout par sa conception. Il effectue un "retour" à Marx, sans s'interdire d'ailleurs de le critiquer, mais ne montre pas assez le mouvement réel. La communisme y est encore "une abstraction dogmatique". Par contre, le reproche adressé à cet ouvrage de vulgariser des positions connues, révèle l'absence profonde de besoin d'extérioriser la subversion. Il suffit à ces critiques d'avoir compris (quoi au juste ?) puis de dépasser (vers où ?). La réaction devant le livre de Barrot, comme devant le texte Capitalisme et communisme de notre nº 2, est un test du besoin de subversion. Cet ouvrage est utile, mais c'est aussi le type d'activité dont nous n'aurons plus l'usage désormais. L'affirmation du communisme ne peut plus être l'affirmation de principes. »
Le mouvement communiste No. 4, Mai 1973, p. 49-50

Later still Dauvé was involved with the journal La Banquise which published four issues between 1983 and 1986. In the second issue a long unsigned article « le roman de nos origines » dealt, amongst other things, with the previous activity of the people producing La Banquise. It said this about the book Le Mouvement Communiste :
« Dans ces conditions, le livre Le Mouvement Communiste (Champ Libre, 1972), sorti au même moment, ne pouvait être satisfaisant. C'était un texte de G. Dauvé, non de la VT ou du groupe MC, qui l'avait très peu discuté et amélioré. Comme le dit déjà un peu la préface à l'édition portugaise (1975), l'ouvrage était une théorisation inadéquate, aussi partielle, à sa façon, que la plupart des textes d'alors. Relecture de Marx à la suite d'Invariance et de Bordiga, ce livre négligeait d'inclure Marx dans la critique du monde. Le souci de décrire des « lois » objectives faisait oublier les relations réelles. La « valeur » n'apparaissait pas plus comme expression de relations sociales, elle avait tendance à se personnifier, à devenir comme le « mouvement communiste » un sujet de l'histoire, alors que valeur et mouvement communiste ne sont que des constructions théoriques approchant la réalité. Le livre édifiait un modèle intégrant des contradictions au lieu de les éclairer à partir de la pratique. En refermant l'ouvrage, on pouvait croire à l'existence d'un mouvement prolétaire automatiquement entraîné par la « caducité » de la valeur. Il nous semble aujourd'hui que le lien entre capitalisme et communisme, entre capital et prolétariat, est loin d'être aussi clair que nous le disions. La transformation communiste était présentée comme une série de mesures à prendre. Tout en disant qu'il s'agissait d'un mouvement, on ne montrait pas dans les faits les effets subversifs de telle mesure immédiate. Analyse abstraite des conditions réelles, et idéalisme. »
La Banquise No. 2, 1983, p. 30

 

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