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12 septembre 2005

ÉDITORIAL

Histoire de vélos

Lors de son passage à Ottawa, le président Chinois, Hu Jintao, a bien sûr parlé d'économie avec son hôte, le premier ministre Paul Martin. Les deux hommes ont signé de nombreux accords visant à accroître les relations commerciales entre leurs deux pays. Si le géant asiatique représente un marché incroyable à conquérir, c'est aussi un acteur dont la croissance économique fulgurante représente une menace pour de nombreuses entreprises canadiennes. Comment en effet réussir à concurrencer les produits chinois sans y perdre sa chemise ?

Nos entreprises doivent bien sûr s'adapter, améliorer leur productivité, se tourner vers des produits à valeur ajoutée, bref, faire les efforts qui s'imposent pour tirer leur épingle du jeu dans un marché de plus en plus concurrentiel. Le problème, c'est que la déferlante chinoise est tellement puissante et frappe avec une telle rapidité que, même si elles font les gestes nécessaires, de nombreuses entreprises n'ont tout simplement pas le temps d'en récolter les fruits avant d'être emportées par la vague.

Ce choc avait toutefois été prévu par l'OMC. Pour permettre aux entreprises de s'ajuster à la concurrence étrangère, l'adoption de mesures de sauvgarde par les pays membres de l'organisation internationale a été entérinée. Au Canada, les entreprises qui estiment que les importations d'un ou de plusieurs pays leur causent préjudice doivent en faire la démonstration au Tribunal canadien du commerce extérieur.

C'est ce qu'a fait l'Association canadienne des manufacturiers de bicyclettes qui a eu gain de cause. Le tribunal vient en effet de recommander à Ottawa d'imposer, pour une période de trois ans, une surtaxe sur les importations de bicyclettes bas de gamme en provenance d'Asie. Dans son rapport, le Tribunal souligne que les importations canadiennes de vélos avaient bondi de près de 98 % entre 2000 et 2004, ce qui causait un dommage grave aux fabricants nationaux. C'est maintenant à Ralph Goodale d'agir. À notre avis, le ministre canadien des Finances devrait suivre la recommandation du Tribunal et accorder les mesures de sauvegarde.

Et ce, même si la décision d'Ottawa risque d'avoir un effet d'entraînement sur d'autres industries dont la santé est sérieusement ébranlée par la concurrence chinoise. On pense évidemment au textile, dont le syndicat Unite Here, qui représente les travailleurs québécois de cette industrie, a également déposé une plainte devant le Tribunal canadien du commerce extérieur. L'industrie du meuble surveillera également la situation avec beaucoup d'attention. Cette industrie, qui emploie plus de 50 000 personnes au pays, a vu la valeur des importations en provenance de Chine bondir de 187 % entre 2000 et 2004, passant de 280 à 804 millions de dollars. Au cours de la même période, la part de marché des meubles chinois au Canada est passée de 5 % à 20 %. Tout comme dans le textile, de nombreuses usines sont obligées de fermer leurs portes. L'industrie du meuble flirte actuellement avec l'idée de demander elle aussi l'imposition de mesures de sauvegarde.

Il n'est pas question ici de retourner en arrière et d'ériger bêtement des barrières protectionnistes. Il s'agit plutôt pour Ottawa d'accorder, lorsque le Tribunal canadien du commerce extérieur le recommande, une mesure temporaire conçue pour atténuer le choc de la mondialisation des échanges. Personne ne se fait d'illusions : cela ne réglerait pas tous les problèmes du secteur manufacturier, qui doit poursuivre sa restructuration. Mais cela donnerait à certaines industries le temps de respirer un peu. Les nécessaires ajustements à apporter seraient sans doute moins radicaux et certainement moins douloureux.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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