19 janvier 2004


François Viau, directeur de Néron Sports à Brossard. Selon lui, la fabrication de
vélos va mal au Québec et plusieurs fabricants dans le monde manquent de fonds.
photo : Patriock Sansfaçon

Montréal redevient un leader du vélo

Il fut un temps où Montréal et le Québec perdaient du terrain dans le secteur vieillissant du vélo. Mais le secteur s'est mis à bouger et la métropole vient de reprendre la tête, et ce, de façon magistrale.

Laurier Cloutier

Tout cela grâce à Industries Dorel, de Montréal, qui a réalisé l'acquisition de l'année dans le vélo, soit Pacific Cycle, de Madison (Wisconsin).

Le plus gros fabricant mondial (5 millions de bicyclettes vendues) cible surtout les magasins à grande surface des États-Unis, un marché de 17 millions de vélos.

Plusieurs fabricants de vélos ont fait faillite récemment dans le monde et aux États-Unis en particulier.

Victoria Précision, de Montréal, a dû faire face à une requête en faillite, en octobre dernier, et a connu de gros problèmes de production en raison de la concurrence de la Chine.

Procycle, le leader canadien (plus de 25 % du marché des magasins spécialisés), de Saint-Georges-de-Beauce, a perdu le contrat de Canadian Tire. Tout cela a chambardé une partie des contrats d'approvisionnement des détaillants, dont plusieurs ont choisi d'offrir d'autres marques cette année.

La chaîne André Lalonde Sports a ainsi vendu l'an dernier des vélos de Victoria Précision. Celui-ci n'avait cependant réussi à terminer ses livraisons qu'en juin dernier, a précisé le directeur de ce rayon chez le détaillant, Marc-André Perron.

Pour cette année, André Lalonde Sports a préféré acheter les bicyclettes du fabricant ontarien Raleigh Canada, qui exploite une usine québécoise, à Waterloo, et qui a pu tout livrer pour Noël, s'est félicité Marc-André Perron.

Les magasins offriront en tout cinq marques grâce à deux fabricants canadiens, Raleigh et Devinci, de Saguenay, et trois de Taiwan : Giant, Trek et Fuji. Un des plus grands fabricants du monde (plus de 4 millions de vélos), Giant, produit également des marques privées et des cadres pour d'autres firmes.

Boutiques spécialisées
Les boutiques spécialisées Néron Sports, sur la Rive-Sud et à l'Île-des-Soeurs, ont vendu de leur côté des vélos Mongoose et GT, de Pacific Cycle, mais depuis l'arrivée de ces marques dans les grandes surfaces, le détaillant a plutôt décidé d'augmenter ses achats de bicyclettes Specialized, de Californie, qui a un entrepôt à Montréal, a précisé Jean-François Néron.

Pacific Cycle s'est fait des ennemis chez les détaillants indépendants en entrant dans les grandes surfaces. Avec l'acquisition par la montréalaise Dorel, « c'est toutefois tentant » de regarder à nouveau les produits de Pacific Cycle, qui donnait de bons services, a reconnu M. Néron.

Cela dit, le détaillant fait montre de prudence car la fabrication de vélos «va mal» au Québec et plusieurs fabricants dans le monde manquent de fonds, selon lui. Parce que l'économie américaine a ralenti depuis 2001, plusieurs fabricants ont même fait faillite. Pacific Cycle a notamment racheté l'actif du secteur de la bicyclette de Schwinn/GT Corporation en 2001, a souligné Dorel.

Néron Sports verra ce que donnera la prochaine saison. Si jamais elle n'était pas bonne, il y aura certainement des changements dans la distribution de vélos, selon Jean-François Néron.

Ce détaillant envisage de se doter d'une grande surface, pour concurrencer notamment les vélos Marin et Louis Garneau de la chaîne Sports-Experts/Atmosphère, qui offre aussi Giant et Nakamura, a souligné le franchisé Paul-André Goulet.

Pacific Cycle a été mise en vente dès l'été dernier, ont précisé Pierre Dupuis, chef de l'exploitation de Dorel, et Raymond Dutil, président de Procycle. Des investisseurs américains, dirigés par Wind Point Partners, détenaient le fabricant depuis cinq ans.

Le Canada impose des droits de douanes compensateurs contre les vélos de Chine et Taiwan, contrairement aux États-Unis. Pacific Cycle emploie une grosse équipe de designers qui conçoit ses vélos (de 59 $ US à 3500 $ US) aux États-Unis mais en confie la fabrication en Chine. Pacific Cycle ne peut donc pas envahir le Canada (un marché de 1,5 million de vélos) avec ses produits de Chine mais Dorel sait bien gérer ses entreprises (poussettes, meubles prêts à assembler), a reconnu Raymond Dutil.

Pacific Cycle peut toujours vendre la licence canadienne de ses marques au détaillant, qui fera fabriquer les vélos là où il veut, a ajouté Pierre Dupuis, joint au Wisconsin. De nombreux magasins indépendants du Canada vendent sa marque GT. Mongoose vient d'entrer chez Zellers et Dyno, chez Wal-Mart Canada, a précisé Pierre Dupuis. Pacific Cycle détient 40 % du marché des grandes surfaces et 35 % de celui des boutiques aux États-Unis.

Les droits compensateurs du Canada touchent surtout les vélos de moins de 750 $, selon Larry Koury, directeur général de Specialized Canada, joint en Californie. Ottawa les a renouvelés pour cinq ans en décembre 2002, pour la troisième fois.


page mise en ligne le 19 janvier 2004 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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