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13 mai 2006

Les cyclosportifs québécois ont un handicap, que n'ont pas ceux de bien d'autres régions du monde : l'hiver.

Ici, de novembre à avril, grosso modo, on fait du rouleau dans son sous-sol. Ou du ski de fond. Ou de l'embonpoint.

Résultat : en avril, au moment de repartir, on accuse un petit retard. Quand on peut repartir. Parce qu'en avril, il ne fait pas toujours beau. Et les routes sont souvent défoncées et sales...

C'est pourquoi de plus en plus de cyclistes québécois choisissent d'aller se faire un fond au chaud : Espagne, Arizona, Caroline, Virginie...

Une semaine, deux, on accumule les kilomètres par centaines. Puis on rentre en espérant que le printemps soit arrivé, ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas.

I1 existe des camps tout inclus, proposés par des entreprises ou agences de voyage québécoises. Mais plusieurs cyclistes préfèrent s'organiser tout seuls, entre amis. Certains clubs ont aussi leur propre camp.

Nous étions trois. Nous avons d'abord contemplé l'Arizona. Soleil et chaleur garantis. Mais il y avait l'avion : cher avec la surprime pour vélos (160$ US par vélo). Et les bagages, les transferts, la sécurité...

Nous avons finalement opté pour le nord de la Virginie. Plus précisément Luray, une petite ville au pied du Skyline Drive. Le Skyline Drive, c'est une belle route à deux voies de 168 kilomètres (105 milles) de courbes, de montées, de descentes et de points de vue panoramiques. Elle survole la partie nord de la chaîne de montagnes Blue Ridge, de Front Royal, au nord, à Rockfish Gap, au sud. À partir de Rockfish Gap, la route continue sur 750 kilomètres (469 milles) jusqu'à Cherokee, en Caroline du Nord. Elle prend alors le nom de Blue Ridge Parkway.

L'argument décisif pour Luray : 12 heures de route. À trois conducteurs, un pet. Pas besoin de courir les boîtes pour les vélos, possibilité d'emporter plus d'outils, de bagages, pas d'attente dans les aéroports...

Loué une fourgonnette, défait les roues des bicycles, empilé les casques, pompes, cuissards. À Luray, nous avions loué un chalet (déniché sur Internet) au bord de la rivière Shenandoah : cuisine, séjour, deux chambres, véranda avec spa. Le décor faisait 1983 et l'eau du robinet sentait fort le soufre. Environ 1100$ CAN pour huit nuits. L'auto, c'était autour de 900$ CAN. Plus l'essence en dollars US. Restait l'épicerie, en dollars US également. Le tout divisé par trois.

Mais l'idée, c'était de rouler. Et c'est ce que nous avons fait. Six jours de vélo, sur une possibilité de sept : il a plu toute une journée, la troisième. Nous en avons profité pour nous rendre en auto à Washington, à 150 kilomètres. C'était un samedi. Visité le Musée d'histoire américaine. Guerre d'Indépendance, guerre de Sécession, posez-nous des questions !

Le Skyline Drive n'est pas une piste cyclable. Mais si c'en était une, c'en serait une des plus belles. Pour qui aime les côtes, cela dit. Parce que des côtes, il n'y a que ça. On monte ou on descend. Souvent durant des kilomètres. Jamais trop abruptement, par contre : les dénivellations font dans les quatre à six degrés. Et la route est parfaite, sans la moindre aspérité. Et les paysages sont spectaculaires, parsemés de chevreuils qui vous regardent passer sans broncher. Les ours sont plus discrets, il y en aurait plusieurs mais nous n'en avons rencontré aucun, ce qui est bien.

Plusieurs points d'observation le long de cette incroyable route. Peu d'endroits ou se ravitailler, par contre. Et début avril, quand nous y sommes allés, ils étaient tous fermés à l'exception d'un seul. Les autres n'ouvraient qu'en mai. En auto, a ne pose pas grand problème. À vélo, par contre, ça signifie qu'il faut partir avec suffisamment d'eau et de nourriture pour la journée.

D'autres cyclistes ? Nous en avons croisé plusieurs... dont une majorité de Québécois ! Des clubs de Sainte-Julie, Valleyfield, Sherbrooke... Équipés haut de gamme. Ils logeaient dans des motels des environs.


En bas du Skyline Drive, les paysages sont moins spectaculaires, mais souvent aussi beaux.
photo : Pierre Lemieux

Nous avons profité à plein du Skyline. Mais nous avons aussi exploré les petites routes de campagne en bas de la montagne. Et nous ne l'avons pas regretté. Des paysages moins spectaculaires, mais souvent aussi beaux. Prairies ondulées, rivières, fermes prospères, mais aussi maisons mobiles et autres roulottes fatiguées, éparpillées dans la campagne. Et bien sûr, des forêts de drapeaux américains.

Les routes étaient presque aussi lisses en bas qu'en haut, même dans les coins les plus paumés. Quelques surprises, toutefois, comme ce pont qu'indiquait notre carte et qui avait été démoli.


Le pont qu'indiquait notre carte n'existait plus. On a traversé à gué, de l'eau à la taille.
photo : Pierre Lemieux

C'était en fin de journée. Nous avions une centaine de kilomètres dans les jambes et il nous en restait une vingtaine pour atteindre le chalet. Avec le pont... Sans pont, il fallait rebrousser chemin... on n'était pas sortis du bois. On a traversé à gué, de l'eau jusqu'à la taille, nous servant de nos vélos comme de cannes pour ne pas perdre pied sur les pierres glissantes.

La bière n'en fut que meilleure à l'arrivée.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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