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16 février 2006

Les fabricants veulent inventer la bicyclette idéale

Christophe de Chenay

L'usage du vélo en ville, notamment à Paris, reste manifestement le fait de quelques passionnés ou originaux. Les chiffres enregistrés ces dernières années montrent en effet que son utilisation reste très marginale. On compte seulement 50 000 déplacements quotidiens à bicyclette dans la capitale, contre 2,6 millions en automobile. Et, malgré les efforts de la Mairie de Paris depuis une dizaine d'années, l'usage du vélo serait plutôt en recul.

Certains sont pourtant optimistes. Venus des pays de la bicyclette-reine, deux Hollandais ont créé, il y a quatre ans, à Paris sur le boulevard Lefebvre (15e arrondissement), une boutique entièrement consacrée à ces engins. Avec un triplement des ventes au cours du dernier trimestre de 2005, les responsables d'Hollandbikes peuvent se réjouir du succès de leur catalogue qui propose les multiples références des vélos de ville sous les marques d'Europe du Nord. "Le Ion de Sparta, à assistance électrique, qui s'est vendu à 40 000 exemplaires aux Pays-Bas l'an dernier, est un de nos plus grands succès malgré son prix de 1 600 à 2 000 euros", explique Rob Lemmerlijn, un des gérants de la société.

Les infrastructures réservées aux cyclistes s'améliorant, le manque d'intérêt pour ce mode de déplacement est-il lié à l'engin lui-même ? Les efforts des constructeurs français pour mettre sur le marché le vélo de ville idéal n'ont pour l'instant pas abouti à des succès commerciaux. Ainsi, sur 1,6 million de vélos distribués chaque année dans ses magasins, la chaîne d'articles de sport Décathlon vend seulement 50 000 Elops, son modèle citadin. "On a tout essayé : un cadre ergonomique, une position haute, un porte-bagages pour 25 kg de paquets ou un enfant, un carter de chaîne pour rester propre, explique Lionel Moreau, chef de produit ville et campagne sur le campus de Villeneuve-d'Ascq (Nord) où sont imaginés les nouveaux produits. Mais nous avons abandonné l'antivol intégré qui n'était pas sans doute pas suffisamment efficace." Les 500 000 vols constatés chaque année en France semblent constituer un obstacle à l'utilisation de la bicyclette.

Du coup, Décathlon ne mise plus sur un engin purement citadin et préfère décliner son b'twin, vendu à 1 million d'exemplaires depuis son lancement, dans des versions "plus ville que campagne". "L'avenir des déplacements en ville passe sans doute par le vélo. Mais outre des solutions en termes d'aménagements pour les cyclistes, il faudra susciter l'envie des consommateurs avec des produits innovants", estime Dominique Daguillon, responsable chez cet équipementier du sport.

Inspiration d'Europe du nord
Les principales marques mondiales réfléchissent d'ailleurs au vélo idéal. Le taïwanais Giant, numéro un mondial du secteur, présente plusieurs modèles. Le Revive EZB, pour "easy bike" ("vélo facile" en français), utilise une architecture audacieuse dérivée du vélo couché avec une selle ergonomique et un pédalier avancé (649 euros). Etonnant aussi, le Halfway 7, léger et entièrement pliable pour pouvoir être rangé au bureau ou dans son appartement (599 euros).

La marque Lapierre, renommée pour ses VTT, ne se contente pas de distribuer les vélos du groupe hollandais Accel, qui contrôle désormais ce fabricant dijonnais. "Nous préparons pour la fin de l'année un vélo très innovant pour répondre aux problèmes de mobilité en général", assure Gilles Lapierre, son directeur. Même démarche chez MBK, autrefois appelé Motobécane avant son rachat par le japonais Yamaha. "Nous sommes sûrs que le marché du vélo de ville va exploser, explique Denis Labigang, responsable du marketing de MBK. Comme à Londres et à Stockholm, les restrictions à la circulation automobile sont inévitables en France et nous nous préparons à proposer des nouveaux modèles urbains."

Les derniers-nés des grandes marques d'Europe du Nord pourront les inspirer. Sur l'un de ces modèles, les suspensions avant et arrière se règlent automatiquement à l'état de la chaussée, ainsi que les vitesses en fonction de l'énergie dépensée par le cycliste. Le secret tient dans de véritables ordinateurs alimentés par un alternateur électrique discrètement placé dans le moyeu de la roue avant. Ce système a été mis au point par Shimano, un équipementier japonais qui se targue d'avoir plus fait progresser le vélo au cours des dernières années que depuis l'invention de la bicyclette.

"C'est grâce à nos techniques que de plus en plus de gens ont retrouvé le plaisir de se déplacer à vélo en ville, se félicite Hans Van Vliet, le représentant hollandais de cette marque en Europe. Pourquoi, alors que le quart de la population des Pays-Bas et du Danemark et plus de 10 % des Allemands se déplacent à bicyclette, moins de 1 % des Français seulement utilisent-ils ce merveilleux moyen de transport ?"


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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