Parage Strasser
Evolution des pieds de Léo
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Introduction
Léo est un poney Fjord de 1,50 m au garrot. Il est né en 1991 aux Pays-Bas, puis a vécu en Belgique et en France. Il a été ferré depuis son plus jeune âge. Quand je l'ai acheté, j'ai d'abord essayé de l'utiliser sans fers, mais après un an de souffrances, la ferrure s'imposait car toute la muraille des sabots cassait au fur et à mesure qu'elle poussait. A cause de la piètre qualité de la corne, Léo perdait tout le temps ses fers. Il fallait progressivement mettre plus de pinçons et brocher les clous très haut. Au printemps 2007, les pieds n'étaient pas trop vilains et le maréchal-ferrant se réjouissait de la pousse des talons. Subitement, une bande circulaire de 3 cm de corne s'est détachée de chaque sabot en suivant la ligne, et en arrachant les fers. Il a fallu reconstruire les pieds avec des pinçons très longs et de la résine spéciale (cher !!!). J'espérais que cela allait permettre aux sabots de guérir et de pousser un peu. Quelques semaines plus tard, j'ai participé à une chevauchée : peu après le départ, les deux fers antérieurs se sont arrachés, avec la résine. Retour à la case départ, en pire ! Désespérée, je me suis souvenue des excellents résultats obtenus grâce au parage Strasser, chez des amis faisant de l'attelage avec des Comtois. Certains de leurs chevaux avec des pieds en aussi mauvais état que ceux de Léo. Mais je savais aussi que cette méthode allait m'obliger à prendre grand soin des pieds de Léo de manière très suivie, et à accepter de ne plus pouvoir me balader normalement pendant 6 mois à 1 an. Mais, pour améliorer la santé de mon ami à quatre sabots et espérer prolonger notre histoire commune, il n'y avait plus d'autre solution acceptable. C'est le récit de la transition d'un triste cheval ferré à un joyeux cheval pieds nus que je vais vous commenter...
Version photos seules

21 Mai 2007
Première chevauchée de la saison : après 2 à 3 km de balade relax, les fers orthopédiques + résine des 2 antérieurs s'arrachent, en entraînant quelques morceaux de corne supplémentaires. À seulement 6 semaines de ferrure, ça fait cher le fer, très cher ! La muraille est cassée plus haut que la sole, donc Léo marche directement sur la sole, les barres et les talons. Les fers orthopédiques et la résine sont encore présents aux postérieurs.

3 Juin 2007
En attendant le passage du maréchal-ferrant Strasser, je surfe sur le Net pour me renseigner sur les méthodes « pieds nus ». Aux Etats-Unis, ils préconisent surtout de gratter la sole crayeuse régulièrement et à petite dose, et de corriger un peu la fourchette. Assez vague, mais j'essaie un peu. Etat des antérieurs : muraille à peine visible, ligne blanche à deviner, fourchette molle et trop développée, sole crayeuse déjà un peu grattée...

1er parage Strasser (12/06/07)
Ca y est, c'est le grand jour ! Le maréchal-ferrant Strasser déferre Léo à l'arrière : de gros morceaux de corne et de résine tombent, c'est monstrueux. Aux antérieurs, par contre, il ne reste pas beaucoup à tailler, sinon tout ce qui comprime la fourchette, les barres, etc., et fait souffrir Léo à chaque pas. Le maréchal-ferrant est stressé car c'est toujours une période critique quand les pieds sont dans cet état : il y a un risque que les sabots craquent dans les jours qui suivent, et que le cheval se retrouve soit en clinique, soit à l'équarrissage !
Le parage Strasser proprement dit peut commencer : les talons sont raccourcis, les barres taillées, la sole creusée pour la rendre bien concave. Pour Léo, cela équivaudra à échanger de lourdes chaussures rigides à hauts talons contre des espadrilles souples et sans talons !

14 Juin 2007
Léo souffre ! Il « marche sur des oeufs », ou ne marche pas du tout et reste dans son abri la plupart du temps. Le moindre gravillon le fait trébucher. Il boîte de l'antérieur droit - et accessoirement des 3 autres membres. Une fois par jour, je lui trempe les pieds dans l'eau. Comme je n'ai pas d'étang ni de pédiluve, je remplis 2 bacs en plastique avec de l'eau et lui met les pieds dedans pendant qu'il mange un picotin - et il se laisse faire ! Ensuite, je l'oblige à marcher 15-30 minutes sur le macadam dans les environs. Mon chien Smart doit m'aide à faire avancer Léo, qui préfèrerait que je le porte. Les gens qui me voient passer doivent me prendre pour une sadique. Pourvu que cette période d'adaptation ne dure pas trop longtemps...

20 Juin 2007
Léo boîte très fort de l'antérieur droit. Comme il avait eu une petite fracture de la phalange il y a 2 ans, j'ai peur que tout ce bouleversement d'aplombs ait recassé quelque chose. De toute façon, la méthode Strasser interdit le recours aux anti-inflammatoires pour ne pas entraver les processus métaboliques de récupération du cheval. Alors je pars promener Léo de force quand même. En chemin, nous traversons une grande flaque d'eau, et Léo ne veut plus en sortir tant cela lui fait du bien !

26 Juin 2007
Pour la deuxième fois déjà, je rectifie moi-même le parage Strasser. Dur, dur, car Léo a tellement mal aux quatre pieds qu'il ne veut en donner un que quelques minutes à la fois. Même en trempant un peu les pieds avant de parer pour ramollir la corne, c'est assez pénible. Par contre, la rénette m'entaille joyeusement les mains chaque fois que Léo me reprend ses pieds. Je m'énerve, Léo aussi, et ça finit dans un bain de sang (le mien !). Plus le temps ni le courage d'aller le promener de force aujourd'hui. Pourtant, j'aurais peut-être trouvé encourageant qu'il boîte autant des 2 antérieurs, et non plus du droit en particulier... Snif !

28 Juin 2007
J'ai enfin trouvé les matériaux nécessaires pour me fabriquer un pédiluve « maison » : de la bâche épaisse destinée aux petites pièces d'eau, et des poutres pour faire la structure de base. C'était à prévoir : devant ces quelques litres d'eau, Léo est certain qu'il va se noyer s'il y met ne fut-ce que le bout d'un sabot. Après 20 minutes de bagarre, je le bride et grimpe sur son dos pour mieux l'encadrer et le convaincre d'entrer dans le pédiluve ! Grrrrr ! Pourtant, cette soi-disant grande frayeur ne l'a pas empêché de dévaliser le coffre à grain entre 2 tentatives. Du coup, je n'ai plus le temps de le promener sur le macadam aujourd'hui non plus, car j'ai du travail.

2ème parage Strasser (07/08/07)
Déjà le deuxième parage. Que va dire le maréchal-ferrant de l'état des pieds de Léo ? Trouvera-t-il que je me suis bien occupée des sabots ? Que j'ai assez fait marcher Léo ? Sera-t-il surpris dans le bon ou le mauvais sens ? Eh bien, il est très satisfait, finalement. Quelle différence par rapport à la première fois ! La qualité de l'ancienne corne laisse bien sûr encore à désirer, mais on peut déjà voir la pousse d'une nouvelle corne plus saine et mieux orientée. La ligne blanche, jadis complètement pourrie, s'est bien améliorée aussi. Les aplombs sont plus jolis aussi, mais l'oeil doit s'habituer par rapport à l'habitude des chevaux ferrés, encastelés et sur talons hauts (en un sens, Léo a la chance de ne pas avoir les talons trop resserrés ni de gros problèmes de talons, puisqu'il ne gardait jamais ses fers assez longtemps pour qu'ils lui nuisent !). En ce qui concerne ma façon de parer, j'ai encore des progrès à faire car je n'ose pas couper assez profond dans les barres, ni raccourcir la fourchette. Je regarde attentivement et prends quelques notes. Après le parage, on voit bien la concavité de la sole, les barres, les talons bien détendus et sans sillons entre les glomes. L'arrondi (le scoop) créé entre les talons et le premier tiers de la muraille permet au pied de bien s'écarter quand le cheval marche.

Août-Septembre 2007
Désormais, je monte Léo à cru pour l'obliger à marcher sur le macadam. C'est bien plus efficace que de le traîner derrière moi. En montant sans selle, je le soulage d'un poids supplémentaire, et je ressens mieux comment il se déplace. Il avance à tous petits pas, en se déhanchant bizarrement. Dans l'herbe, pas trop de problème, sauf s'il y traîne quelques petits cailloux - mais le défi est justement de l'empêcher de marcher sur le bas-côté de la route. À présent, les gens du coin sont habitués à me voir faire toujours le même petit tour, circulation oblige. Certains savent que Léo « suit une thérapie pour avoir moins de problèmes aux sabots, et qu'il ne peut plus être ferré à cause de ça » (on explique comme on peut). Les enfants du quartier, principal fan-club de Léo, me demandent sans cesse s'il va mieux et quand ils pourront à nouveau grimper sur son dos.

3ème parage Strasser (18/09/07)
Léo continue à faire des progrès. Le maréchal-ferrant n'en revient pas de la vitesse à laquelle les pieds s'améliorent. Sait-il que je prie souvent Dieu de veiller sur la santé de Léo et de ses sabots ? En tout cas, je suis persuadée que cela joue dans l'évolution favorable de son état. Je continue aussi à tailler les pieds à peu près tous les 15 jours. J'ai acheté une bonne paire de gants de travail, et appris à aiguiser mes rénettes. Par contre, j'oublie souvent de prendre (ou de recharger) mon appareil photo lors des parages... Désolée.

Octobre 2007
De mieux en mieux ! Depuis quelques semaines, Léo trotte à petites foulées sur le macadam. Du coup, j'ai pu agrandir mon tour habituel, en empruntant les rues du centre-ville. Je continue à monter à cru. Pas de risque de me faire éjecter, Léo a encore trop mal pour penser à faire des bêtises. D'ailleurs, après 20 minutes de petit trot, il est toujours tout essoufflé et en sueur quand il rentre à l'écurie. Même s'il ne travaille pas beaucoup, je crois que c'est surtout la douleur qui l'ennuie. De temps en temps, j'essaie de lui faire allonger le trot, mais ça ne dure pas. Par contre, il a un regain d'énergie quand nous sommes dans l'herbe, et là je sens qu'il ferait volontiers l'andouille. Un jour pourtant, nous sommes parti pour un trotting d'une douzaine de kilomètres sur le macadam - et nous sommes rentrés épuisés et aussi cassé l'un que l'autre ! J'ai aussi attelé une fois, mais c'était trop lent.

4ème parage Strasser (20/11/07)
Les pieds continuent à évoluer. Leur forme se modifie un peu, ils deviennent plus ronds. La muraille est trop longue en pince, et casse en quartier. Je dois râper régulièrement le pourtour du sabot pour empêcher qu'il s'écaille. En pince, je dois reprendre la muraille presque jusqu'à la ligne blanche, sinon elle crée des tensions en plus d'empêcher le pied de reprendre un aplomb plus vertical. Mais globalement, tout va bien.

Novembre 2007
Lentement mais sûrement... J'ai enfin pu refaire une de mes anciennes balades, où se retrouvent tous les types de terrains (herbe, terre battue, macadam, graviers, cailloux). C'était moins rapide que dans le temps, car Léo hésitait beaucoup et ne voulait pas trop marcher au milieu du chemin ou sur les graviers. J'avais déjà vu ça précédemment : Léo était tellement contracté en marchant précautionneusement dans les cailloux qu'il devait s'arrêter pour crottiner ! Mais quel bonheur de refaire un galop dans les prairies au bord de la rivière, mmm...

Décembre 2007
Nouvelle amélioration sur terrain dur : dans le centre-ville, il y a une rue avec des petits pavés. Au début, Léo ne voulait même pas y marcher. Ensuite, il a bien voulu, mais au pas uniquement. À présent, il réussit à tenir au trot, à condition d'être un peu houspillé. À force de me balader en ville, et de profiter de mon passage pour faire quelques courses, j'ai séduit les journalistes du coin. Ils nous ont photographiés à 3 reprises : à cheval à la banque, à cheval en train de descendre des escaliers au bout d'une ruelle, en charrette, garée en double file. La célébrité nous guette ! Je commençais à me lasser de me balader toute seule, et je voulais voir si Léo serait motivé par la présence d'un autre cheval. Résultat mitigé : Léo a bien avancé malgré le sol gelé et caillouteux, mais sans trop se fouler, car j'ai pu rester rênes longues la plupart du temps, derrière l'autre cheval qui caracolait impatiemment.

5ème parage Strasser (08/01/08)
Résultats en demi-teinte aujourd'hui, car je n'ai pas entretenu les sabots ces dernières semaines, à cause des fêtes, des jours trop courts, du surmenage, du froid, de la boue, etc. Du coup, il manque des petits morceaux de muraille tout autour des 4 sabots, et les barres compriment la fourchette aux antérieurs. À part ça, la croissance et l'ouverture des pieds sont satisfaisantes. La ligne blanche est franchement meilleure, même si des trous subsistent encore, où risquent de se coincer des gravillons : c'est dire à quel point la ligne blanche était pourrie jusque bien haut entre la muraille et le pied de chair ! L'ancien maréchal-ferrant n'avait plus de matière pour planter ses clous. La forme des antérieurs n'est pas encore idéale : ils sont trop longs, et garderont cette tendance jusqu'à ce que la nouvelle corne, orientée de manière plus verticale, arrive au sol (pour l'instant, il reste un peu moins de la moitié de la hauteur de la pince à parcourir). En attendant, il faut râper l'excédent en pince. Aux postérieurs, en quartiers internes, la paroi est déformée à cause d'une ancienne contracture de la couronne (à cause des fers, évidemment). Pour l'instant, je devrai attendre quelques jours avant de recommencer à faire travailler Léo, car il boîte d'un postérieur. Apparemment, cela ne vient pas du pied, mais plutôt d'une glissade dans la boue. Ah, ce Fjord trouve toujours le moyen de tirer au flan...

Février 2008
Le bout du tunnel ? Ah, en cette fin du mois de février, j'y crois. Après une nouvelle boiterie sérieuse en janvier (antérieur droit - hématome ? abcès ? pincement ?) qui a duré plusieurs semaines, j'ai enfin passé un superbe week-end à cheval : une sortie en charrette et 2 sorties montées. Pour la dernière sortie, j'étais sur un petit nuage : accompagné de deux autres chevaux, Léo s'est promené aux trois allures sur tous types de terrain pendant plus de deux heures, et il était encore fringant au retour ! Cela faisait des années qu'il n'avait plus aussi bien marché. Victoire ! Vive le docteur Strasser ! Mon cheval revit. A quand la prochaine balade ? Pas de sitot, repose-toi, Léo, je ne pourrai pas te sortir pendant les deux prochaines semaines, boulot oblige...

6ème parage Strasser (04/03/08)
Sixième parage ? Seulement ? Déjà ? Comme le temps passe... En flagrant délit de mauvaise adepte de Strasser une fois de plus : je n'ai paré moi-meme qu'une seule fois depuis le dernier passage du maréchal Strasser. Surprise : 2 abcès ! Apparemment, la grande balade d'il y a deux semaines a tellement bien fait travailler les pieds que quelques déchets ont du etre expulsés. Heureusement que c'est considéré comme tout à fait physiologique en Strasser, sinon je m'affolerais comme tout 'bon' propriétaire de cheval ! D'après le maréchal, la qualité de la corne s'améliore encore. La forme des pieds et la détente des talons se peaufinent. A signaler aussi : la déformation (manque de courbure) de la face interne des postérieurs persiste, et risque de durer encore longtemps. A part ça, il faut veiller à sortir Léo, encore et encore, en variant les terrains et... en rectifiant plus souvent la longueur des pinces, le scoop, et l'absence de gravillons dans la ligne blanche. Courage, Ninie. Courage, Léo.