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p. 427

Appendix

 

 

1

 

White[1] to Salisbury, Bucharest, December 18 1879, Political Report no. 124.

 

My Lord, Count Tornielli presented this morning his Credentials as Envoy Extraordinary and Minister Plenipotentiary to Prince Charles I. It appears that only 48 hours previous to his arrival at Bucharest, information had been received here, from Berlin and Vienna, leading every one to believe that out of deference to the other Powers, but more particulary to Germany, the Count would be stopped on the way and recommended to go home to fetch his family before proceeding to Bucharest and presenting his Credentials. His well know anti-Russian [overtyped by the Foreign Secretary: Germany – e. m.] proclivities and the pro Russian party including Baron Fava, the last italian Representative here, are making capital out of the Railway Question to increase the existing animosity against Austria leads people here to suppose that Russian influence has brought about the separation of Italy from the other three Powers on the question of recognition. I understand that Count Tornielli is extremely sanguine on the subject of the degree of influence he will be able to exercise on Roumanian Affairs by his coming here just now. He appears however to heave felt this step might be interpreted as being too demonstrative for he told the Foreign Minister, that he recommended Roumania to give full satisfaction to Germany on the Railway difficulty. “Qui s’excuse s’accuse”. One of the other Ministers to whom I mentioned the observations made to M. Boeresco about the Railway Question by Count Tornielli said to me: I wish I could be sure that he givest the same advice to our political adversaries who oppose with such violence the Convention. I have the honour to be, with the higlest respect, My Lord, etc.

[ANIC, Microfilms, England, Public Record Office, Foreign Office, 104/8: 304-306]

 

 

2

 

White to Salisbury, Bucharest, December 30, 1879

 

My Lord, It has transpired here that Baron Keudell had, by order of Prince Bismarck, made known the great dissatisfaction of his highness at the recognition of Roumania by Italy contrary to the understanding established between the Four Powers. When this subject was mentioned to Count Tornielli he said “never mind cela passera”. On the whole however the new Envoy has hitherto observed a very great reserve and has confined his diplomatic action to recommending the passing of the Railway Purchase Bill. I have the honour to be, with the highest respect, My Lordships’ most obedient and humble servant, etc.

[ANIC, Microfilms, England, Public Record Office, Foreign Office, 104/8: 347]

 

 

3

 

Tornielli to Cairoli, Cyphered Annex to the Political Report no. 25, Bucharest, March 17, 1880

 

J’ai télégraphié ce matin à V. E. ce que j’ai appris au sujet de la prochaine mobilitation des réserves de la Transylvanie. Dans l’état actuel des rélations de l’Autriche avec la Servie ces dispositions militaires pourraient n’être qu’un moyen de pression sur la petite principauté. Il semble qu’à Paris on a attache une importance toute spéciale au départ précipité du C.te Wesdhelen[2] qui n’a même pu

p. 428

attendre deux jours arivée du successeur et qui n’a fait que traverser pour ainsi dire Berlin pour arriver ici. Les informations que le Gouvernement français a communiqué à mon Collègue français portent à croire à une sommation de Berlin à la Roumanie d’avoir à se ranger à côté des alliés autrichien [et] allemand. Je sais que Ministre de France a cherché à sonder le terrain au sujet de possibilité d’une entente intime qui paraît être dans ses instructions, mais on a répondu à ses ouvertures par un silence abstinée. Il ne faut pas attacher trop d’importance à l’accueil que les paroles de mon Collègue en ont. C’est dans ce pays où l’art diplomatique est encore empreint des habitudes levantines et de la finesse grecque. J’ai déjà constaté dans mon télégramme que malgrè toutes ces apparences le langage du Ministre des Affaires Etrangères ne saurait être plus explicité dans le sens de la dénégation de tout projet d’alliance. Boeresco m’a dit encore avant hier que le voyage de Bratiano ayant donné lieu à tant de bruits différents il avait voulu avoir avec lui une franche explication sur le but caché qu’il aurait pu avoir ou sciemment aurait pu lui attribuer. Bratiano aurait rassuré complètement son collègue qui lui a, m’à-t-il dit, déclaré formellement qu’il sortirait immédiatement du Ministère s’il était question d’engager liberté d’action dela Roumanie. Ces déclarations du Ministre des aff. Etr. ne me rassurent que très-imparfaitement, car la position incertaine de Boeresco vis-à-vis de parti Bratiano et les précédents de de dernier doivent être mis en ligne de compte lorsqu’il s’agit de présager l’avenir.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1396]

 

 

4

 

Tornielli to Cairoli, Cyphered Annex to the Political Report no. 32, Bucharest, April 5, 1880

 

À son retour de Berlin Mr. Bratiano se montre, dit-on, très satisfait des résultats obtenus. Je pense qu’il ne faut accueillir qu’avec réserve ces bruits, les organes et quelque notable du parti qui est au pouvoir nient de plus belle, qu’il est jamais été question de changement de titre pour la Roumanie. Mr. Rosetti lui-même a tenu à ce sujet en ma présence propos les plus curieux à un très haut personnage. Il parait que les raisins étaient verts; on ne doit pas non plus s’être montrés trop empresses à Berlin et à Vienne d’accueillir les offres mal deguisées de Mr. Bratiano pour une politique d’action contre la Russie. Il m’est d’avis que le Président du Conseil doit avoir eu occasion de se convaincre que les assurances d’amitié qu’on lui avait fait parvenir n’avaient pas la portée qu’il se était plu lui-même à leur donner. Il se peut que l’on ait renoncé à l’envoi de Mr. Rosetti à Paris précisément de peur du mécontentement à Berlin. S’il en est ainsi, il faudrait croire que Mr. Bratiano n’a obtenu aucune déclaration et encore moins aucun engagement pouvant constituer une garantie à un moment donné pour la Roumanie. Si dans la situation actuelle des choses, le Cabinet de St. Pétersbourg s’empresse de régler sa situation diplomatique vis-à-vis de la Roumanie et cédé sur la question de Arab-Tabia, je crois que bientôt il ne resterait rien de tout, du voyage de Mr. Bratiano dont on a tant parlé.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1396]        

 

 

5

 

Tornielli to Cairoli, Cyphered Annex to the Political Report no. 41, Bucharest, April 25, 1880

 

Ministre de Angleterre en Servie m’a dit que le Cabinet Disraeli avait été gagné au projet Autrichien d’arriver jusqu’a Mer Egée. Dans les derniers temps cependant Salisbury paraissait vouloir revenir sur cette concession faite à la Politique qui avait prévalu au traité de Berlin. Sur ce point m’a dit Ministre d’Angleterre avènement au pouvoir des Whigs

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aura une influence considérable, car ils ne donneront pas pou sûr dans de pareils projets, ayant eux-aussi comme les Italiens dans leur programme rein que développement naturel des Autonomies Nationales. Je me permettrai d’ajouter que pour que ce programme ait une chance de succès assuré, il faudrait aussi qu’aux événements on n’imprime pas un cours précipité.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1396]

 

 

6

 

Tornielli to Cairoli, Cyphered Annex to the Political Report no. 52, Bucharest, May 22, 1880

 

Je pense que les bruits qui ont couru sur la politique étrangère du Cabinet de Monsieur Bratiano lors du voyage de ce dernier à Berlin et à Vienne ont beaucoup contribué à l’insuccès de popularité qu’ont eu aujourd’hui les Souverains. Le Prince et encore plus le Princesse dissimulaient trop imparfaitement leur desappointement. Mon Collègue d’Allemagne avait l’air très-étonné. Le fait est que l’on ne pouvait avoir sous les yeux une preuve plus évidente du peu de racine qu’a dans ce pays la dynastie Allemande.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1396]

 

 

7

 

Tornielli to Cairoli, Cyphered Annex to the Political Report no. 63, Bucharest, July 19, 1880

 

On continue ici a tourner des regards inquiets vers tous les points de l’horizon politique. L’attente dans laquelle on est de l’issue finale de la question de la frontière grecque maintient cet état de perplexité des esprits que j’ai déjà en maintes fois l’occasion de signaler à V. E. comme la cause principale des agissements par lesquels on a fini ici par indisposer tout à fait la Russie contre la Rumanie. L’attitude du grand Empire vers son petit voisin ne pourrait-il pas avoir la signification d’un abandon préalable des intérêts se rattachant à l’existence d’une Roumanie indépendante? Tout ce que j’ai observe depuis mon arrivée ici me confirme dans la pensée que le retablissement de bonnes relations avec la Russie serait des la plus grande importance pour la Principauté. Malheuresement un nouvel incident financier semble devoir encore envenimer ces relations déjà si tendues. On dit que la Roumanie pour opposer quelque chose aux demandes de l’administration russe relativement aux anticipations faites à l’armée et au trésor roumain pendant la guerre, aurait élevé d’un coup à 14 millions certaines demandes d’indemnité pour les dégats des routes et chaussées formulées précedemment dans la somme plus modeste d’à peu près un million. Dans cet état de choses certaines dispositions que l’on prend ici pour la concentration des troupes formant l’armée permanente dans des camps d’instruction et pour la formation en régiments de l’armée territoriale, pourraient être interprétées d’une manière inquiétante, mais il parait qu’avant la guerre des mesures militaires de ce genere étaient prises tout les ans et que par conséquent on aurait tort de leur attribuer une importance exagérée. On a parlé et on parle toujours du départ de LL. AA. RR. pour l’étranger. Les Ministres saisissent toutes les occasions pour répéter que ce voyage n’a aucun but politique.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1396]

 

 

8

 

Tornielli to Cairoli, Cyphered Annex to the Political Report no. 65, Bucharest, July 30, 1880

 

L’approche d’événements pouvant prendre les proportions les plus considérables m’impose le devoir de ne pas laisser ignorer à V. E. l’impression générale que l’on à ici sur

p. 430

les conséquences probables d’une collision entre [les] Grecs et les populations musulmanes de la frontière. Cette impression n’est pas dénuée de valeur, car on est ici très-attentif à ce qui se prépare au delà du Danube. Je dois donc dire à V. E. que personne ici ne doute que favorisés par les moyens venant de la Russie, les Bulgares ne se disposent à profiter de la collision sur les frontières grecques. On croit également que le mouvement visant à créer la grande Bulgarie, tracée dans le traité de Santo Stefano, rencontrerait l’opposition la plus résolue et la plus énergique de la part de l’Autriche.

Plusieurs personnes pensent qu’en ce cas l’intervention des forces militaires de l’Autriche, soit qu’elle ait lieu du consentement du gouvernement turc, soit qu’elle se produise sans aucun accord avec ce gouvernement, amènerait forcément la Russie à entrer en guerre. Si V. E. me permet d’émettre à cet ègard l’opinion que je me suis formée surtout d’après certains précédents de la politique russe, j’oserais dire qu’à mon avis, la Russie ne déclarera pas la guerre à l’Autriche même dans l’éventualité susdite et que à Constantinople la diplomatie autrichienne saura déployer assez d’habileté pour faire tourner à son avantage les événements qui se préparent, et peut-être même jusqu’à amener la Turquie à accepter pour d’autres provinces l’occupation mixte dont on a fait l’expérience à Novi Bazar. Ce serait la perte compléte de l’avenir de tous les pays de l’orient qui, par le développement graduel des germes autonomes et nationaux, semblent être appelés à former le système des états secondaires du midi de l’Europe et à rétablir ainsi l’équilibre que les grandes agglomérations ont rompu. L’intérêt qu’il y aurait pour la Roumanie et pour les autres petits états des Balkans à constituer dans un avenir peut-être peu éloigné une chaîne non interrompue depuis les Carpathes et le Pruth jusqu’à l’Adriatique, est trop naturel, trop évident pour qu’ici on ne s’en rende pas compte. Du moment où cet intérêt est directement menacé par l’introduction de l’élément autrichien dans les pays formant le bassin du Vardar, on commence à comprendre qu’une impulsion artificielle donnée au cours des événements dans la Turquie d’Europe viendrait paralyser l’action future des états de second ordre déjà existants, en empêchant que d’autres ne se forment à côté d’eux. Ce sont les impressions que j’eus de me derniers entretiens avec les hommes politiques de ce pays. La circonstance que le baron Calice, nouveau ambassadeur [d’Autriche-Hongrie – n.n.] à Constantinople, s’est amusé à faire l’école buissonnière entre Sinaya et Bukarest, a, comme de raison, excité ici à un très-haut  dégré l’attention publique. Il était de mon devoir de tâcher d’avoir l’impression exacte du but de ces diverses stations que le diplomate autrichien avait faites dans son voyage. Je me suis formé la convinction qu’il n’y a encore rien de fait pour lier ce pays-ci à la politique orientale de l’Autriche et de l’Allemagne; mais que le cabinet de Vienne cherche surtout à endormir la Roumanie et à l’isoler des autres pays de la péninsule balkanique. L’union de ce pays serait en effet un obstacle à la réalisation de certains plans auxquells on se donne l’air de ne pas même songer, car le moment approche où leur exécution ne pourra plus être différée à la faveur de circonstances habilement préparées. Je dois faire très-respecteusement remarquer à V. E. que depuis mon arrivée dans ce pays, c’est-à-dire depuis onze mois environ, je n’ai pas cessé de lui soumettre le côté fâcheux des impressions que je recevais en ce qui se rattache à la question si considérable, à mon avis pour l’Italie, du rétablissement de l’équilibre des forces en Europe par la formation d’un système d’états de second ordre dans lequel la Roumanie et la Serbie auraient un rôle à jouer; mais je n’ai jamais reçu un mot m’apprenant que mes idées sur ce point étaient partagées par le Gouvernement de S. M.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1396]

 

 

p. 431

9

 

Tornielli to Cairoli, Cyphered Annex to the Political Report no. 83, Bucharest, September 18, 1880

 

Depuis plusieurs jours les journaux de ce pays reçoivent des agences télégraphiques trop complaisantes de Vienne et de Berlin des dépêches qui représentent l’Italie comme à la veille d’entrer dans l’alliance défensive et offensive de l’Allemagne et l’Autriche. Tantôt on dit qu’elle sollicitera, or tantôt qu’elle est sollicitée par les deux Grands Empires. On lit à côté, des nouvelles qui démontrent en même temps de plus en plus que l’intervention en Orient, tout aussi bien au dépens de la Turquie et des Etats secondaires, est la base sinon le but de la politique des Alliés; mais ceci ne suffit pas malheureusement à mettre en garde la presse contre le bruits tendencieux que, quant à moi, je pense n’être mis en circulation que pour nuire à l’influence des idées libérales et des principes qui doivent être la base de la politique italienne du moment que l’Italie elle-même s’associerait à la politique qui prend son nom du Traité de Berlin. Comment les petits Etats oseraient-ils résister? C’est là ce qu’on doit se dire à Berlin et à Vienne, en lançant dans ce pays le télégramme que je signale [L’Or et le Fer in Correspondance autrichienne – n. n.]. On y sème le découragement et la méfiance. Il est regrettable que les journaux d’ici, même ceux qui voudraient mieux se renseigner, n’aient jamais pu puiser dans les articles de la presse italienne amie du Gouvernement une parole rassurante.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1396]   

 

 

10

 

Tornielli to Cairoli, Cyphered Annex to the Political Report no. 146, Bucharest, April 18, 1881

 

On reçu ici avec vive satisfaction nouvelle que la Grèce avait accepté proposition Puissances. Bratiano en s’entretenant avec moi de cette affaire m’a dit: “Roumanie aura ainsi temps de calme dont elle profitera pour renforcer son organisation intérieure, pour développer ses ressources”. Je dois cependant signaler aù Gouvernement de Sa Majesté qu’un des effets inévitables de la solution de la question grecque sera que ici comme dans tout l’Orient l’influence de la politique Autrichienne-Allemande en sera encore augmentée. On se dira que l’initiative et les encouragements des Cabinets Occidentaux ont coûté cher à la Grèce et qu’elle aurait pu avoir en 1879 ce qu’elle obtient maintenant après tant de sacrifices; à Athènes on sait que l’Italie avait alors cherché par tous moyens de arriver promptement à la même solution à laquelle on est arrivé maintenant avec tant d’efforts, mais afin de parer aux conséquences de l’impression générale qui se produit en ce moment en Orient, impression encore grandie par le différend tunisien, il me parait indispensable de ne pas perdre de vue les intérêts que nous poursuivons ici en appuyant les pays danubiens dans l’oeuvre de leur organisation nationale. Je crois devoir donc appeler toute Votre attention sur la prochaine date du 15 Mai époque où la Commission du Danube se réunira à Galatz. Dans mon rapport du 14 Mars j’ai déjà exposé le maximum des concessions que la Roumanie se propose de faire au sujet de la Commission mixte si l’Angleterre maintient le fait proposition dans le sens que tous les intéressés puissent avoir recours à la Commission européenne contre les décisions de la Commission mixte, la proposition anglaise étant plus large de la Roumanie devrait être discutée la première dans la session qui va s’ouvrir. Il est donc nécessaire de connaître avant tout et de manière précise ce que Angleterre sent et ce qu’elle acceptera pour nous ranger de son avis ou bien pour presenter nous-mêmes proposition qui puisse rallier le plus de votes possibles … [indescifr. – nn.] il est désirable pour nous de ne point sacrifier des intérêts importants dans ces pays sans heurter les susceptibilités du Cabinet de Vienne. Il n’est

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que temps de prévoir ce qui va se passer au sein de la Commission Européenne et de prendre attitude à la fois conciliante et résolue, comme il convient à un Etat concieux de ses propres intérêts dont il est la sauvegarde et de maintenir traditions en écartant ainsi tout soupçon d’agir uniquement dans un but d’opposition systématique aux intérêts d’autrui qui sont aussi légitimes que les nôtres.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]   

 

 

11

 

Tornielli to Cairoli, Cyphered Annex to the Political Report no. 149, Bucharest, April 22, 1881

 

Dans la crise ministèriele que la retraite de Mr. Bratiano a amené, il y a un côté mystérieux. Les plus intimes de cet homme d’état ne purviennent pas à deviner les motifs pour expliquer cette brusque décision. Dès lors la crise acquiert une gravité exceptionelle. Aurait-il cédé devant l’animosité manifeste de la diplomatie russe et autrichienne? Cabinet Autrichien a-t-il réussi à se servir du gouvernement russe pour amener, dans l’affaire des nichilistes de Jassy, une situation devant laquelle le chef du parti libéral national roumain devait préférer s’éclipser? Une longue conversation eue dernièrement avec Bratiano l’avantveille du jour où il a présensé sa démission n’avait pas fait naître dans mon esprit l’idée qu’il allait quitter le pouvoir. Il m’a dit entre autres choses, qu’il pousserait incessament de nouveau devant le Conseil des Ministres la question de l’instruction à donner aux Commissaires roumains pour le règlement du Danube. Serait-ce dans cette question qu’il se serait aperçu tardivement d’avoir été débordé par Mr. Boeresco? Il peut y avoir eu un peu de tout ceci dans les motifs de la retraite de Bratiano. Ce fait est probablement un succès de la même politique qui a déjà produit changement avenu/arrivé en Serbie avec la retraite de Ristic, politique a laquelle s’est très-ostensiblement associé action de la diplomatie russe. Tout ce que j’ai eu l’honneur de rapporter à plusieurs reprises au gouv.nt de S. M. sur l’effacement calculé de la politique russe dans l’Orient européen au profit de l’Autriche recevrait actuellement nouvelle confirmation. Si les puissances occidentales ne sont pas en mesure, par l’union que les intérêts communs devraient leur inspirer, d’enrayer ces tendances, en leur opposait les petites nationalités déjà constituées, le moment arrivera bientôt où il ne sera plus temps d’aviser aux intérêts qui actuellement sont en péril.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]       

 

 

12

 

Tornielli to Cairoli, Cyphered Annex to the Political Report no. 154, Bucharest, May 17, 1881

 

J’ai reçu votre dépêche annonçant prochain voyage du Colonel Lanza[3] en Roumanie, Servie et Montenegro. J’ai proposé l’année dernière l’envoi d’un officier pour étudier l’organisation et les forces militaires dans ce pays; mais, aujourd’hui, au moment où l’action de l’Autriche pour établir de fait prépondérance sur les Etats du Danube et sur la péninsule des Balcans s’accentue de plus en plus, et semble favorisée par la tension crée par nos rapports avec la France, je suis d’avis qu’au voyage de Colonel Lanza on attribuerait facilement l’intention que nous ne soucions pas d’avoir. J’ai proposé, en voie particulière, que le Colonel Lanza fût envoyé ici le 22 de ce mois, si S. M. avait jugé à propos de conférer au Roi de Roumanie la décoration militaire à l’occasion du couronnement. L’affermissement des principés de la monarchie nationale, dans la personne d’un Souverain qui a su acquérir à ce pays prestige militaire dont il manquait, aurait expliqué parfaitement cet acte spécial de bienveillance de la part du Roi, mais voyage qui prend

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caractère d’une reconnaissance militaire me paraît se prêter à des commentaires injustes et certainement peu bienveillants. Il n’y aura ici des manoeuvres en automne; moment sera alors favorablepour l’envoi d’officiers. En attendant, j’ai obtenu du Ministère de la Guerre les renseignements désirés par le Gouv.nt de S. M. sur l’organisation militaire de la Roumanie et je les enverrais incessament.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

13

 

Tornielli to Mancini, Cyphered Annex to the Political Report no. 191, Bucharest, August 26, 1881

 

Monsieur Rosetti[4] m’a dit qu’il va demain voir le Roi à Sinaia mais qu’il ne compte pas s’y trouver pendant la visite du Comte Andrassy[5]. Le Gouvernement Roumain ne saurait en cette occasion être constitutionnellement engagé, mais cettte visite n’est certainement pas un événement ordinaire à Berlin et à Vienne. Les tendances personnelles du Roi et les sympathies autrichiennes que son voyage de l’année dernière a enracine en lui son connues. Serions-nous déjà arrivés au moment où, pour completer l’isolement de la France, en se ruant d’abord sur la Russie, on chercherait à s’assurer les condées franches aussi bien en Orient qu’en Occident? Quelques personnes le croient; mais quiconque connait les allures du C.te Andrassy, son mépris apparent ou réel pour tout ce qui est considéré généralement comme l’expression de l’opinion publique, n’est pas disposé à attribuer un but pratique à sa visite à la Cour de Roumanie. On peut croire, p. ex. qu’il tâchera d’emporter d’ici des assurances formelles relativement à toute entreprise dirigée contre l’integrité de la Monarchie, ce qui sera très-facile à obtenir de S. M.; qu’ensuite sans discuter les pricipes ni les détails, il conseillera au Roi Charles de céder dans l’ffaire du Danube et qu’enfin par quelques mots adroitement placés, il cherchera à dégager l’ésprit de S. M. des scrupules constitutionnels, en lui laissant entrevoir la sécurité la plus complète dans une nouvelle voie à suivre. Il se fait depuis quelques temps un travail assidu autour de la Personne du Souverain pour la démolition du Ministère libéral; celui-ci se croit très solide surtout à cause de la faiblesse de la droite divisée et affaiblie par la retraîte de quelques-unes de ses notabilitées. Mais on est d’avis que cette confiance pourraît être fallacieuse, car l’esprit du Roi n’est pas inaccessible aux faltteries dont le Cabinet de Vienne possede au besoin le secret. Lorsque les Monarchies ont joué la popularité et l’existance dans les plus périlleuses aventures, un travers constant du Cabinet de Vienne a été de ne point tenir compte des nécessités que les partis créent aux pays sincèrement constitutionnels et de se figurer que tout changerait substanciellement dans les états limitrofes de la Monarchie si par la seule volonté des souverains les Ministères étaient renvoyés. Ce qui cependant n’aurait aucune chance de succès dans des autres pays, pourrait en Roumanie produire un ebranlement dangereux pour l’édifice national.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

14

 

Tornielli to Mancini, Cyphered Annex to the Political Report no. 194, Bucharest, September 4, 1881

 

Mon Collègue de Russie ne croit pas au but de simple courtoisie attribuée à la visite de Andrassy, mais il ne parait pas en savoir plus que les autres. Le Ministre de France établi, pour la saison, à Sinaja, ne cache pas son impression qu’en dernier lieu c’est contre la France que toutes ces négociations diplomatiques sont dirigées.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

p. 434

15

 

Tornielli to Mancini, Cyphered Annex to the Political Report no. [?], Bucharest, January 27, 1882

 

On est ici généralement très préoccupé des armements que l’Autriche fait sur ses fronières meridionales. On ne croit pas que l’insurrection herzegovinienne ait une importance suffisante pour expliquer ces armements. Le Ministre des Affaires Etrangères en me parlant de l’attitude de la monarchie voisine, m’a demandé s’il devait croire aux demonstrations qu’il a reçues de Vienne à l’époque du voyage du Roi [d’Italie, en octobre 1881 – nn.], et d’après lesquelles l’adhésion de notre gouvernement serait acquise à tout projet de arrangement au profit de l’Autriche des questions de la péninsule des Balkans, y compris annexion de Salonique a l’Empire. J’ai repondu qu’en vue de la situation difficile crée à l’Italie dans les questions de la Méditerranée, le Gouv.nt du Roi avait jugé à propos de rassurer pleinement le cabinet de Vienne sur la sincerité de ses sentiments d’amitié et sur son désir de maintenir les meilleurs rapports de bon voisinage. On devait savoir à Vienne avant comme après le voyage, qu’en Italie aucun gouvernement n’avait jamais songé à soutenir d’une manière quelconque l’agitation de l’irredenta, mais du moment où une confirmation publique et solennelle des sentiments du Gouv.nt de S. M. avait lieu, il s’en dégageait une amèlioration de rapports, dont la portée générale ne saurait être reduite à telle ou telle autre affaire; mais que en même temps il m’était d’avis que ce serait aller beaucoup trop loin, que de supposer que des questions non encore posées sur le terrain légal de la diplomatie européenne aient seulement pu être envisagées dans les conversations amicales de Vienne.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

16

 

Tornielli to Mancini, Cyphered Annex to the Political Report no. 242, Bucharest, February 17, 1882

 

Les nouvelles que l’on a ici sur le résultat de la mission de M. Volkenstein[6] à Berlin mettent le Gouvernement dans de grandes inquiétudes. On comprend qu’à la prochaine session extraordinaire la Roumanie va se trouver en présence d’un accord établi entre plusieurs grandes puissances sans même avoir eu le temps d’étudier préalablement les propositions qui seront posées. Ces procédés blessent vivement l’amour propre du Gouvernement Roumain. L’adhésion de l’Allemagne à la prorogation des pouvoirs de la Commission Européenne a fait perdre l’illusion que quelques uns se faisaient de pouvoir assurer à la Roumanie un meilleur rôle dans la Commission Générale des riverains qui auraient dû remplacer la Commission européenne. C’est en effet l’Autriche qui aurait le plus perdu si l’accord pour la prorogation n’avait pas pu s’établir. Le dernier espoir qui reste à la Roumanie consiste dans la limitation des pouvoirs de la Commission mixte de manière à sauvegarder l’indépendance de la juridiction territoriale, et dans la fixation d’un terme de quelques années à la prorogation des pouvoirs de la Commission européenne. Si la question venait à être résolue d’une manière permanente, même l’avenir serait compromis.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

17

 

Tornielli to Mancini, Cyphered Annex to the Political Report no. 250, Bucharest, March 5, 1882

 

Mon Collègue de Russie qui vient de passer quelques jours à Vienne me dit qu’il ne

p. 435

serait plus question d’une action commune dirigée par l’Autriche pour forcer la Roumanie à résoudre la questions des biens des Monastères dédiés. Il a eu l’impression qu’en ce moment le Cabinet de Vienne éprouve le besoin de tenir vis-à-vis de la Roumanie une attitude moins hautaine aussi bien dans la question du Danube que dans les autres différends qu’il a avec ce pays.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

18

 

Tornielli to Mancini, Cyphered Annex to the Political Report no. 258, Bucharest, March 15, 1882

 

Un grand nombre d’hommes politiques, principalement du parti liberal, ont oublié cette année qu’hier c’était l’anniversaire de mon Souverain, et quoique invités à mes soirées hebdomadaires ils se sont abstenus de paraître chez moi. Les années précédents ils ne l’ont pas oublié. Il est de mon devoir de constater ce symptome de notre situation présente dans l’opinion de ce pays.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

19

 

Tornielli to Mancini, Cyphered Annex to the Political Report no. 285, Bucharest, July 11, 1882

 

J’observe une certaine activité dans les administrations militaires. Le Roi s’est déplacé fréquemment pour inspection personnelle des regiments térritoriaux des provinces, bien que à cette saison concentrer action des regiments soit estrémement pénible à cause des travaux agricoles; instruction est poussée avec beaucoup plus de vigueur que les années précédentes. Gouv.nt Autrichien a dernièrement envoyé ici des officiers pour enquérir ostensiblement de l’état de l’armée Roumaine. Il paraît que sous le rapport de l’armement ils ont trouvé beaucoup plus qu’ils attendaient. Ils auraient signalé seulement cavalerie, comme côté faible de l’armée Roumaine.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

20

 

Tornielli to Mancini, Cyphered Annex to the Political Report no. 305, Bucharest, August 28, 1882

 

Mon collègue de Russie, revenu depuis peu de jours de Vienne, me dit que sans en avoir preuve il sent que l’on travaille en ce moment à un arrangement particulier entre la Roumanie et l’Autriche. Je ne saurais ni confirmer ni mettre en doute impression de mon collègue, qui appartient toutefois à la catégorie des diplomates qui plaident volontiers le faux.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

21

 

Tornielli to Ion C. Brãtianu, Bucharest, April 1/13 1883, “Particulière et confidentielle”.

 

Mon cher Mons. Bratiano,

Un télegramme de cette nuit annonce que le Roi Humbert a envoyé à S. M. le Roi Charles un de ses Aide-de-camps porteur d’une lettre. Je ne veux pas vous faire perdre du temps pour vous répéter ce que j’ai eu l’occasion de vous dire hier au sujet de la présence de LL. MM. Roumaines en Italie. Mais permettez moi d’ajouter qu’une pareille démarche de la part de mon Souverain constitue une avance très marquée faite à Votre Roi pour que Celui-ci se rende à Rome. La réponse à la lettre que le Roi Charles a écrite au Roi Humbert aurait été transmise, dans les cas ordinaires, soit par mon entremise

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au retour de S. M. dans ses États, soit par l’entremise de M. Balatchano. Vous savez combien je tiens à prévenir tous les sujets de froissement possible. Aucun Souverain ne connaissant pas encore personnellement le Roi n’est venu jusqu’ici en Italie sans voir Sa Majesté. Il y a de Pegli à Rome 8 heures de chemin de fer. Personne ne s’expliquerait que S. M. le Roi Charles n’ait pas pu disposer de 48 heures pour faire une pareille promenade le long du litoral de la Méditérannée. Vous et nous, nous sommes des Latins et conséquemment nous sommes plus susceptibles pour des affaires de sentiment que pour des questions d’intérêt. D’après mes renseignements particuliers, la dépêche d’hier au soir annonçant le départ de LL. MM. pour samedi serait fautive. C’est jeudi prochain qu’Elles se proposeraient de partir. En passant par Rome Elles feraient un détour. Mais Elles n’auraient plus besoin de passer par Gênes pouvant plus directement se diriger vers le Brenner par la voie de Florence, Bologne et Verone. D’ailleurs dans un bon wagon royal à lits toutes ces questions de voyage ne deviennent que des détails insignifiants. Pardonnez moi l’insistance mais Vous me trouverez toujours persistant sur le chapitre de l’amitié. Tout à Vous et bien dévoué, G. Tornielli.

P. S. Si Vous désirez me voir, faites moi dire votre heure, je viendrai. Je serai à mon Chancellerie à 5 heures.

[BN, mss., Fond Brãtianu, d. 458, fasc. 1b, f. 105-106]

 

 

22

 

Tornielli to Mancini, Cyphered Annex to the Political Report no. 392, Bucharest, June 24, 1883

 

Voici le langage que mon collègue autrichien tenait ces jours derniers à propos de la démarche concertée, proposée, et ensuite retirée par le Cabinet Anglais: “Il serait naïf, disait-il, de croire qu’une pareille démarche détournerait la Roumanie de la voie qu’elle a adoptée; il faut donc savoir préalablement si l’on est d’accord sur ce que l’on fera après. Nous récevrions ici la même reponse qui a déjà été donnée à Londres et alors que ferions nous? – on a assez longtemps joué la comedie avec cette affaire; il est temps que l’on se décide si on veut, ou si on ne veut pas contraindre les Roumains à se soumettre; si on ne le veut pas, il vaut mieux ne rien faire pour le moment; on pourra inviter les mêmes à accéder quelques jours seulement avant l’éxpiration du trop long délai fixé pour les ratifications [du traité des Londres sur la navigation danubienne – nn.]. Ils réfuseront, et les puissances passeront outre et ratifieront. Après on verra ce que on pourra faire”. – Il n’est pas douteux qu’une action que l’on engagerait maintenant n’aurait aucune chance d’amener la Roumanie à changer d’attitude. Le Gouv.nt Roumain croira voir dans la fausse sortie de Granville un nouvel indice de peu de cohésion qu’il persiste à croire exister dans l’accord des Cabinets. Après la communication faite par l’Angleterre à la Roumanie du traité du dix Mars, et la première et seconde réponse du cabinet de Bucarest, on ne voit pas d’ailleurs comment pouvaient encore trouver place les demarches simultanées proposées par le plénipotentiaire italien dans la septième séance de la Conférence autrement qu’en leur donnant un caractère comminatoire qui n’était pas dans l’esprit de cette proposition.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

23

 

Tornielli to Mancini, Cyphered Annex to the Political Report no. 395, Bucharest, June 29, 1883

 

J’ai signalé le langage du Ministre d’Allemagne auprès de cette Cour comme un indice des mauvaises dispositions de son Gouvernement envers ce pays. Mon Collègue Allemand s’exprime en effet dans des termes qui ne sont ordinairement pas de mise

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lorsqu’on est accredité dans un pays. Il ne se cache pas pour dire que l’Empereur et le Prince Bismarck regretteront, à cause de la presence ici d’un prince allemand, de devoir adopter envers ce pays une politique de rigueur, mais qu’il est impossible que la Russie et l’Autriche ne finissent pas par être fatiguées de l’existence de ce petit pays incomode et ne s’entendent pas pour s’en partager le territoire. Le Baron de Saurma a tenu ce discours même avec notre collègue de Russie et n’ayant pas été contredit il va même jusqu’à affirmer que la Russie ne peut qu’être prête à un accord pour le partage territorial de la Roumanie. Je pense, ainsi que je l’ai déjà dit, qu’il y a chez Mr. de Saurma beaucoup de dépit de ce que ici on ne lui témoigne pas la même deférence et on ne l’ecoute pas comme on le faisait en Egypte. Il s’en plaint souvant mais la diplomatie allemande est ordinairement trop mesurée pour qu’un pareil langage ne mérite pas l’attention des autres Gouvernements.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

24

 

Tornielli to Mancini, Cyphered Annex to the Political Report no. 415, Bucharest, July 23, 1883

 

Ayant sollicité l’honneur d’être reçu par la Reine à son retour dans le pays, LL. MM. m’ont invité déjouner hier à leur résidence d’été. Contrairement à ce qui s’était passé les deux dernières fois que le Roi m’avait reçu, S. M. a tenu à causer avec moi assez longuement de politique étrangère. M’ayant fait passer dans son Cabinet, le Roi a abordé ce sujet de conversation en se plaignant très-hautement du bruit qui s’était fait autour de l’incident de Jassy, de ce que l’on voulait attacher de l’importance à la dénomination de Roi des Roumains, dont Rosetti s’était servi dans son discours, pour faire croire à des visées ambitieuses qui ne hantont pas son esprit, et que le Souverain et son Gouvernement ne sauraient avoir sans se rendre ridicules, car ce serait ridicule de prétendre ce que l’on n’est nullement en mesure de réclamer. Ce n’est pas vrai, m’a dit le Roi, que l’enseignement de la géographie dans les écoles se fasse sur les cartes que l’on nous accuse maintenant d’avoir fait imprimer dans un but de propagande. On ne se sert dans nos écoles que d’un Atlas que j’ai fait publier depuis plusieurs années et dans lequel il y a, avec les cartes des frontières actuelles, aussi les cartes historiques anciennes et du moyen âge; la Dacie devait donc y figurer. C’est absurde de vouloir trouver dans l’emploi de cet Atlas une tendance autre que celle que l’on pourrait supposer aux Italiens si dans l’enseignement de la géographie ancienne ils se servent d’une carte indiquant les frontières de l’Empire Romain. La Turquie ne proteste pas contre l’emploi du titre de Roi des Hellènes, ni on proteste en France, en Hollande et même en Allemagne, pour l’emploi du titre de Roi des Belges. Ces formules ont été appliquées, a ajouté S. M., pour indiquer que la Souveraineté moderne n’est pas possession de territoire, mais une fonction déléguée par le peuple. Si quelqu’un en s’adressant à moi m’appelle Roi des Roumains, il ne veut pas dire par cela Roi de tous les Roumains, il ne veut que constater l’origine populaire de ma dynastie et cependant c’est pour des pareilles choses que l’on me cherche querelle.

Figurez vous, continua S. M., que lors du dernier incident l’émotion a été si vive que même l’Empereur Guillaume a cru que nous allions avoir la guerre; à Vienne, Kalnoky n’était au fond que poussé par les Hongrois et à ce propos S. M. s’exprimait dans des termes très-amèrs au sujet du caractère national de ce peuple. Nous ne désirons, quant à nous, a dit ensuite le Roi, que vivre en bons rapports avec tout le monde. Nous sommes intéressés autant et plus que les autres, au maintien de la paix, mais on nous fait un crime même de prévoir les crises ultérieures à travers lesquelles la question orientale devra passer. Bien qu’intéressés au même point que les autres Etats à éloigner les complications, nous sommes plus qu’eux en droit de ne pas nous

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laisser surprendre par des événements que les solutions données au Congrès de Berlin ne laissent deviner que trop.

J’ai profité de l’occasion pour bien établir que l’Italie est au premier rang des Etats soucieux de la conservation de la paix, et que tout ce qui est de nature à faire supposer chez les Roumains l’éspoir d’une guerre devant amener des changements en Orient nuit essentiellement aux sympathies des autres pays pour la Roumanie. Des prévisions trop souvent et trop hautement formulées finissent par faire supposer l’existence d’un désir et même des visées qui excitent les soupçons et la méfiance chez tous les amis sincères de la paix. C’est ainsi, ai-je ajouté, que l’on se demande généralement si ce n’est pas de parti pris que la Roumanie tient ouverte la question du Danube. En comparant l’état de la question où elle en était il y a deux ans, avec ce qui en reste aujourd’hui, n’est-on pas fondé, dans une certaine mesure, à supposer que la résistance du Gouvernement Roumain vise à autre chose qu’a défendre des formules qui ne répondent certainement à aucun intérêt essentiel et pratique? J’ai développé de mon mieux cette pensée en m’apliquant à mettre en relief que le seul véritable intérêt qui se trouve en danger, et uniquement de la faute de la diplomatie roumaine, consistent dans l’exclusion de la Roumanie des actes par lesquels à Londres les questions relatives au régime du Danube ont été réglées.

Si j’avais un avis à donner au Gouvernement de V. M., ai-je dit, je ne saurais que lui conseiller fortement d’abandonner toutes les autres prétentions à la condition d’être remis dans la situation de prendre part aux délibérations des Puissances pour les affaires concernant le Danube. J’ai cité l’exemple de notre Gouv.nt à l’époque où on lui contestait systématiquement sa position dans les affaires de l’Empire Ottoman. Nous avons bien souvent du passer alors par des nécessités dont les partis d’opposition s’emparaient pour attaquer la politique du Gouvernement. Bien souvent les Ministères en Italie se sont laissé dire qu’ils n’avaient que la volonté des autres, que les votes étaient d’avance engagés au service d’autres Gouvernements etc. etc. Nous avons maintenu notre position faisant preuve de souplesse et d’ailleurs dans les affaires internationales ce n’est que par transaction que l’on parvient à sauvegarder l’essentiel. S. M. voulait bien reconnaître que la Roumanie et avec elle les Puissances non riveraines avaient gagné depuis l’ouverture de la question du Danube au moins le 9/10, mais nous voudrions sauver aussi le dernier dixième, disait le Roi, car il touche à l’avenir.

Au courant de la conversation S. M. a laissé entrevoir l’espoir d’un arrangement qui aurait pour base l’extension des pouvoirs de la Commission mixte jusqu’au dessus des portes de fer. Le titre de participation de l’Autriche n’aurait plus besoin d’être défini du moment où elle interviendrait comme état riverain. Je ne sais pas sur quelles bases s’appuye l’espoir que S. M. exprimait à cet égard; jusqu’ici personne ne m’en avait parlé, et je ne chercherai pas à contrôler cette nouvelle avant que d’autres m’en parlent, car il serait très-heureux que l’on trouve enfin un terrain sur lequel s’entendre et l’ébruitement des négociations entamés directement pourrait nuire à une conclusion très désirable.

Le Roi m’a longuement interrogé sur l’existence et les tendances réelles de l’irrédentisme italien. Il craint visiblement qu’ici aussi l’irrédentisme ne serve de mot d’ordre pour rallier les oppositions anti-dynastiques en Roumanie. Ni la question posée à deux reprises pour des meilleures frontières, ni le souvenir récent de la lutte contre les voisins de l’est, ni l’appel fait en d’autres circonstances aux populations enfermées au delà des confins ne peuvent fournir des éléments pour la formation d’un irrédentisme, mais il faut que S. M. sache que chez les populations roumaines soumises à la domination hongroise existe une certaine agitation maintenue sinon provoquée par les agissements de l’Administration de Pesth. Une petite émigration politique s’est déjà produite et l’agitation se propage aussi en deçu de la frontière.

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On ne manque pas, ici comme dans tout autre pays, des doctrinaires, des mécontents, pour lesquels tout ce qui peut passionner le pays est légitime et peut devenir utile à un moment donné. Ici on ressent encore plus que dans des grands pays l’humiliation que s’attache toujours à tout ce qui semble être dicté par la volonté d’un plus fort que soi. Il ne faut pas se méprendre à cet égard, et si on est autorisé à croire que pour le moment l’irrédentisme n’existe pas, dans la Roumanie, à l’état de danger pour l’ordre intérieur et les relations extérieures du pays, on se montrerait par trop optimiste en déclarant que cette tendance ne finira pas par créer des difficultés à ce pays; et malheureusement il ne dépendra pas totalement de lui de les éviter et de s’en préserver, si les agissements de l’administration hongroise dans les pays habités par des populations de langue roumaine ne changent pas et si on continue à exercer ici une pression diplomatique à tout bout de chant et pour toute manifestation anodine quelconque de sentiments nationaux exagérés.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

25

 

Tornielli to Mancini, the Political Report no. 438, Bucharest, August 24, 1883

 

          Se chì ha il compito di informare il Governo di Sua Maestà di ciò che si produce in Rumania nel campo politico, si lasciasse condurre a seguire le molte e varie congetture che quì si fanno intorno al viaggio del Re Carlo alle Corti di Berlino e di Vienna, il R[egio] Ministero dovrebbe in questi giorni ricevere dalla Legazione in Bucarest le notizie le più confuse, strane e contradditorie. La causa del viaggio è nota a Vosta Eccelenza. Ebbi diggià occasione di esprimere al R° Ministero il pensiero che il progetto dell’andata a Berlino, se era stato tenuto perfettamente segreto, dovea però datare da più lontano. Il certo è che quando al Re Carlo piacque di far sapere al suo primo Ministro che trovavasi ad Aix in Savoia, il divisamento suo di recarsi a Berlino, questi, interrompendo la cura balnearia, di cui avea grandissima necessità per seria infermità sofferta, partivasi di colà frettolosamente, raggiungeva in Breslavia il suo Sovrano ed invece di stargli a fianco durante il viaggio, ritornava con la stessa fretta a Bucarest, facendosi incontrare alla frontiera dal Ministro degli Affari Esteri. È pure da notarsi che quando si ebbe a Vienna la notizia del viaggio del Re Carlo a Berlino, da colà venne per via telegrafica l’invito dell’Imperatore Francesco Giuseppe alla Maestà Sua perché essa voglia essere suo ospite nella Hofburg durante la dimora nella capitale austriaca. Ciò fece credere a molti che il Governo Austro-ungarese avesse invitato il Re di Rumania a passare per Vienna, ciò che invece smentì parlando con me il Sig. Stourdza[7]. Ma la cortesia dell’invito di prendere stanza alla Hofburg sussiste e non manca di significato speciale nelle presenti condizioni delle relazioni fra i due Stati. Anche in altre circostanze, in un paese che, a causa della sua posizione geografica, sta sempre in vedetta per iscoprire i sintomi di una futura guerra, l’articolo della Gazzetta della Germania del Nord, segnalato il 22 corr.te dal telegrafo, e diretto contro le agitazioni che in Francia sarebbero mantenute dalla stampa e che costituirebbero una minaccia per la pace, avrebbe prodotto una viva emozione.  Contemporaneamente per la via di Vienna giunge quì un dispaccio che riassume una lettera, pubblicata nell’Opinione di Roma, e contenente la predizione di una prossima guerra. I viaggi del Re Milano e del Re Alfonso di Spagna per recarsi alle grandi manovre di Germania erano già notati dalla stampa di quì come sintomi di combinazioni che potrebbero precedere la situazione che i sovranominati giornali sembrerebbero ora annunziare come imminente. Si comprende che da tutto ciò nasca qualche inquietudine e che questa, quì propagandosi, trovi un terreno

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ben preparato a riceverla. Naturalmente ciascuno, secondo le proprie tendenze, ne deduce quelle conseguenze che più gli aggradano e per l’osservatore imparziale risulta, dallo spettacolo che gli si svolge sotto gli occhi, che non sono numerosi coloro che in Rumania hanno fede nella conservazione dei rapporti pacifici fra i grandi Stati vicini e nella durata dell’opera del Congresso del 1878. Unisco un allegato in cifra e prego Vostra Eccellenza di aggradire gli atti della più alta mia considerazione.

 

Cyphered Annex

Pour le moment ici la question du Danube passe à l’arrière plan. Toutes les préoccupations concernent le but réel et le résultat du voyage du Roi à Berlin et à Vienne. On est naturellement méfiant ici, et on se demande si ces caresses, que l’attitude gardée vis-à-vis de la Roumanie dans l’affaire du Danube ne laissait pas prévoir, ne cacheraient pas le projet de gagner le Roi, dont l’amour-propre a été froissé maladroitement par la Russie dans la retrocession de la Bessarabie, et dont les tendences ont été toujours plutôt autrichiennes que russes, à des combinaisons ayant en vue une guerre prochaine. Quelques uns prétendent que l’esprit du Roi aurait été preparé danc ce sens par le Ministre des Affaires Etrangères dont les tendences germaniques n’ont jamais été un mystère pour personne. Ils y en a qui arrivent jusqu’à affirmer que dans la rencontre du Roi avec Bratiano à Breslau ce dernier ne se serait pas trouvé d’accord avec les conseils que Stourdza avait donnés au Roi; ce qui expliquerait à la fois le refus de Bratiano d’accompagner son Souverain à Berlin et à Vienne, et son retour précipité dans le pays, et la hâte avec laquelle il a tenu à se aboucher avec son Collègue des Affaires Etrangères. Il n’est pas facile de voir clair dans ces affaires, où les sentiments personnels des hommes politiques et leurs convenances parlementaires sont en jeu, peut-être au même degré que les intérêts les plus graves et les plus sérieux du pays. Il y a certainement quelques indices qui porteraient à croire que, profitant de la maladie qui rendait incertaine la permanance de M. Bratiano au pouvoir, de ses fréquents voyages en Autriche et de ses accointances avec une partie des conservateurs, Stourdza aurait pu concevoir la pensée de préparer une politique, soit à l’exterieur soit à l’intérieur, en dehors des idées de Mr. Bratiano et de ses engagements envers ses amis, les plus anciens. Certains discours de Monsieur Stourdza à des diplomates étrangers, contenant la promesse de rompre tout lien de solidarieté avec Rosetti, sont au nombre de ces indices, car on ne croit pas généralement que Bratiano voudrait rompre avec éclat avec le vieux chef de parti libéral, avec lequel il n’a jamais cessé de lutter en communauté d’idées depuis 1848. L’absence des Ministres enlève, au point de vue parlementaire, tout caractère politique au voyage du Roi; mais il y a des personnes qui prétendent savoir que pendant les quelques heures du séjour de M. Bratiano à Breslau, auprès du Roi, une entrevue aurait eu lieu entre le Ministre roumain et Hatzfeldt[8]. Je n’ai aucun moyen de contrôler la vérité de ces bruits; je puis et je dois seulement constater que si l’influence de M. Stourdza devait prévaloir auprès du Roi, de manière à écarter temporairement Bratiano et ses principaux amis du pouvoir le Cabinet qui se formerait n’aurait d’autre appui que celui qu’il pourrait recevoir de l’étranger, et pourrait conséquemment entraîner le pays et la monarchie elle-même dans une situation très-précaire. Bien que la disposition du Roi puisse paraître à quelques uns une garantie insuffisante contre de pareils dangers, je pense que difficilement S. M. se décidera à choisir une voie dans laquelle il peut prévoir que Bratiano ne le suivrait plus. Il dépendra donc de l’impression, que ce denier aura laissée dans l’esprit de son Souverain, pour que celui-ci ait prête plus ou moins d’attention aux suggestions qui pourraient lui avoir été faites pendant son séjour à Berlin et à Vienne.

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Il n’y a jusqu’ici aucun indice d’une contr-action russe s’exercant dans le pays. Il est cependant très-visible par le sentiment d’inquiétude que le voyage du Roi a produit dans le pays et par le langage de la plupart des journaux, que ce serait rien moins qu’avec élan que celui-ci suivrait le Souverain dans une politique qui l’engagerait à côté de l’Autriche avec l’Allemagne, et conséquemment chacun peut prévoir le cas qui’il y aurait à faire de la solidité de pareil engagements.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]     

 

 

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Tornielli to Mancini, the Political Report no. 442, Bucharest, August 31, 1883

 

Il Re Carlo à ritornato da due giorni nei suoi Stati ed ha ripreso stanza nella villa di Sinaia. Nei circoli ufficiali si nota che Sua Maestà si dimostra soddisfatta del suo viaggio e delle accoglienze avute in Berlino ed in Vienna. Vostra Eccellenza avrà avuto dal linguaggio di una parte importante della stampa periodica tedesca ed austro-ungarese la misura delle supposizioni alle quali il viaggio del Re Carlo ha dato pretesto. Se, come è da credersi, ne dovrà risultare un giudizio più corretto delle vere disposizioni della Rumania verso i suoi vicini, del suo desiderio di vivere in buoni rapporti con gli Stati limitrofi e delle sue tendenze pacifiche, non potrà dirsi che questo avvenimento sia stato senza alcun favorevole effetto per la situazione politica di questo paese. Nel tempo stesso la polemica che si è fatta in questi giorni nei giornali rumeni avrà messo ognuno sull’avviso che l’opinione pubblica in Rumania non favorirebbe per ora una politica che impegnasse il paese in combinazioni di lontana scadenza. Mi fu assicurato che il Re Carlo ha riportato da Berlino la persuasione che, nell’ora presente, nulla minaccia la pace. Anche per questo rispetto l’incontro dei Sovrani avrà avuto un buon effetto poiché ne saranno calmate certe apprensioni che talvolta qui prendevano forma di inquietudine e suscitavano le altrui diffidenze. Unisco un articolo cifra e colgo l’occasione per rinnovare a Vostra Eccellenza gli atti della mia più alta considerazione. 

 

Cyphered Annex

Il n’a pas dépendu certainement de Monsieur Stourdza, ni peut être aussi de la bonne volonté du Roi Charles que le dernier voyage de S. M. n’ait produit que très-maigres résultats. Le Roi est rentré depuis deux jours à Sinaia. Pendant que S. M. était à Vienne, Monsieur Stourdza me disait qu’il n’avait aucune nouvelle de S. M., mais qu’un télégramme de Monsieur Carp[9] lui annonçait qu’on avait bien d’être satisfait. Le Ministre des Affaires Etrangères ajoutait à ceci textuellement ces paroles: “Depuis longtemps je voyais la nécessité pour nous aussi de nous approcher de l’alliance pacifique des trois puissances du centre”.

          Il n’est pas facile de connaître au juste ce qui s’est passé dans les entrevues des Souverains aux quelles aucun Ministre Roumain n’a assisté. Il n’est cependant pas difficile de constater que dans le public et dans la presse de ce pays l’impression produite par la nouvelle que la Roumanie allait prendre des engagements à côté de l’Autriche-Hongrie a été universellement mauvaise. Les amis du Gouvernement nièrent, d’abord timidement, ensuite énergiquement, l’existence du projet. C’est ce que Bratiano, de retour depuis hier seulement à la capitale, et déjà sur le point de partir de nouveau pour Aix en Savoye, a fait avec moi:

“On ne nous recherche au pis aller, m’a-t-il dit, que lorsqu’on vient à la veille de l’action. Ne serait-il pas ridicule, de la part de la Roumanie, de s’attendre que l’on veuille la faire entrer dans les secrets des alliances destinées à peser sur les affaires des autres lorsqu’elle se voit excluse des Conférences où ses propres affaires sont traitées? Tout ce que l’on dit à nous, c’est de nous tenir tranquilles;

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et pour ceci nous n’avons pas besoin que l’Empereur d’Allemagne nous le dise, car c’est notre seul intérêt qu’il n’y ait pas de perturbations dans les rélations pacifiques des Etats. Nous avons, par la visite de notre Souverain à Vienne, donné les meilleurs gages de nos intentions amicales envers l’Autriche-Hongrie. Les préventions qu’on avait accumulées contre nous, à ce sujet, ne sauraient plus subsister après les assurances échangées entre les Souverains des deux pays”.

Dans la bouche de M. Stourdza ces mêmes choses se résument en ceci: “Le voyage du Roi a amené une détente dans nos rélations avec l’Autriche. C’est le meilleur résultat auquel nous pouvions viser”. Il m’est d’avis que du langage de ces deux Ministres il ressort assez clairement que le voyage du Roi Charles n’a eu aucun autre résultat immédiat et pratique que celui de dissiper les préventions que bien à tort existait sur les dispositions batailleuses de la Roumanie. V. E. saura d’ailleurs mieux que moi à cette heure s’il a été question de rallier la Roumanie à l’alliance des puissances du centre. Quant à moi, ne pouvant juger d’ici que d’après les indices qui sont à ma portée, je pense que, si l’idée d’une pareille alliance a pu surgir un moment à l’esprit du Roi et de son Ministre des Affaires Etrangères, ceux-ci doivent, à l’heure qu’il est, avoir fait à cet égard l’expérience de ce que peuvent être de nos jours de pareils accords entre deux puissants Empires et le petit Etat. Aucune question spéciale n’a été evidemment traitée dans les entrevues des Souverains et l’affaire du Danube garde pour ce pays toutes ses épines. Ce que j’apprends du voyage me porte à croire que je n’ai rien à retrancher des prévisions formulées dans ma correspondance antérieure relativement à cet événement.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

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Tornielli to Mancini, Cyphered Annex to the Political Report no. 444, Bucharest, September 8, 1883

 

          L’entrevue de Bratiano avec Bismarck [Gastein, September 6, 1883 – e.m.] n’étant pas aussi facile à expliquer que la visite à Kalnoky[10] car il n’est pas nécessaire de passer par Gastein pour se rendre à Aix-les-bains et connaissant, d’autre part, les habitudes invétérées de cachotterie des hommes d’État de la Roumanie et leur facilité à déguiser la vérité, j’ai pensé que la chose principale qu’il me fallait tirer au clair dans l’intérêt de l’exactitude de mes informations à Votre Excellence, c’était si l’initiative du voyage de Mr. Bratiano à Gastein venait directement ou indirectement du prince de Bismarck. S’il en était ainsi je serais d’avis qu’il faudrait voir dans l’intérêt qui l’attache à s’assurer de l’attitude de la Roumanie un symptôme défavorable pour la durée de la paix. J’ai voulu donc d’abord avoir de Mr. Stourdza la version officielle. Il nie toute initiative de la part de l’Allemagne et du Prince de Bismarck. Bratiano ne pouvait pas passer par Vienne sans aller remercier Kalnoky des courtoisies récentes que le Roi Charles a reçues; voir Kalnoky sans voir Bismarck, c’était, peut-être, ne pas avoir tous les éléments pour bien juger la situation présente, qui n’est pas sans créer des inquiétudes à la Roumanie. Bratiano a conséquemment fait demander à Bismarck s’il pourrait le voir, et le Chancellier a fait répondre que, s’il allait à Gastein, il le verrait avec plaisir. Telles sont les informations que Mr. Stourdza m’a données, mais je n’exclus pas qu’il puisse y avoir autre chose. Un hypothèse qui ne manque pas de probabilité pourra être cell-ci: Le Roi a été enchanté de l’accueil et des honneurs qu’on lui a prodigués en Allemagne. En a-t-il reporté l’idée qu’il y avait dans tout celà des avances ayant un caractère politique? S’il en était ainsi le

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voyage de Mr. Bratiano pourrait bien avoir pour but de constater si les impressions de son Souverain sont exactes et quelle valeur on attacherait de la part de l’Allemagne à l’entrée de la Roumanie dans l’alliance des puissances du centre. Comme je ne suis pas incliné à croire que l’on voudrait payer par des concessions quelconques pouvant améliorer la mauvaise position faite au Gouv.nt Roumain aux yeux des son pays par l’échec subi dans l’affaire du Danube, on n’ira probablement pas plus loin, et bientôt de tout ce bruit il ne restera pas grande chose mais, je le répéte, je ne puis pas me fier trop à mes impressions personnelles car je constate que les allarmistes deviennent plus nombreux que jamais, et il pourrait se faire qu’ils aient raison. Il y a des points obscurs du côté de la Bulgarie – au moment du départ de Mr. Bratiano on croyait ici dans les cercles de la Cour que le Prince Alexandre était sur le point de quitter le Pays. On s’attendait à une compétition entre la Russie voulant remplacer le Prince Alexandre par le Karageorgevitch et les autres Cabinets ayant des préferences pour un Prince Danois sous la suzeraineté non plus de la Turquie mais de l’Europe entière. Ces choses étaient dites par le Roi à son retour de Berlin et de Vienne. Elles pourraient aussi expliquer pourquoi Bratiano a tenu à voir le Chancellier Allemand.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

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Tornielli to Robilant, Cyphered Annex to the Political Report no. 593, Bucharest, December 17, 1885

 

          Bratiano intercalait sa conversation avec moi par l’expression des nombreuses doutes, que laisse dans son esprit l’évolution complète de la politique allemande vers la Russie. Il y eut un temps non éloigné, où la note favorable uniquement à l’Autriche resonna de Berlin ici très-vigoureusement. Le Prince de Bismarck est très-fâché contre les perturbations de la paix, me disait Bratiano, mais on ne sait jamais s’il est fâché sérieusement. Mon interlocuteur a insisté beaucoup sur les conséquences de l’erreur que l’Allemagne commettrait en lâchant l’Autriche pour la Russie. Bratiano est personnellement anti-russe; ce serait, à son avis, l’intérêt de la Russie. Bismarck a tâché amoindrir la puissance anglaise et la suprématie coloniale britannique, qui pourrait l’induire à commettre cette erreur. Ceci expliquerait en partie, à son avis, l’attitude de l’Angleterre dans la question des Balkans, tendant, par la satisfaction à donner aux populations, à prévenir les complications dont surgirait, à courte échéance, une situation des plus critiques pour l’équilibre déjà si ébranlé en Europe. Il est singulier en effet que, pendant que les secours sont arrivés en Serbie de l’Autriche, la Bulgarie ait reçu les secours simultanés de la Russie et de l’Angleterre. Bratiano a observé un retour de la France vers la politique qui avait donné au dernier Empire une position considérable dans les pays Danubiens. Il m’a demandé si un retour vers cette politique n’était pas observé aussi dans les relations avec l’Italie. J’ai répondu seulement que notre gouvernement n’avait pas en ce moment des difficultés avec la France et que l’Ambassadeur de France à Rome s’était félicité en causant avec moi, de l’amélioration du sentiment public dans les deux pays, pour le développement de leurs sympathies réciproques.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

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Tornielli to Robilant, Cyphered Annex to the Political Report no. 595, Bucharest, December 20, 1885

 

J’ai eu un entretien rétrospectif avec mon collègue de Russie sur les événements de la Péninsule des Balkans. Le Prince Ouroussow avait vu Giers aux eaux d’Allemagne, peu de jours après la rencontre

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du Ministre Impérial [des Affaires Etrangères – e.m.] avec le Prince de Bulgarie. Giers en avait reçu l’assurance que pour quelque temps encore, plusieurs mois disait mon interlocuteur, rien de nouveau ne surgirait du côté de la Roumélie. Le Prince Alexandre était ensuite parti pour les grandes manoeuvres en Autriche, et on en était resté sur cette note de pleine sécurité, lorsque le coup de main de Philippopoli vint surprendre tout le monde. “J’étais à Vienne, me disait mon collègue de Russie, quand les premières nouvelles sont arrivées: l’ahurissement y était complet. Je n’ai pas le droit de Vous répeter les propos incohérents du comte Kalnoky dans les premières entretiens avec le Chargé d’Affaires de Russie. Je puis Vous assurer cependant qu’ils avaient tous perdu la tête; ils se croyaient en présence de la grosse guerre, et nous avons pu voir combien ils la craignent. Sur ces entrefaites arriva le Roi Milan. Il fit une visite circulaire aux Ambassades pour déclarer qu’il devait mobiliser. Il était impuissant à tenir tête au sentiment public de son peuple. La confusion était à son comble. Il nous fallait dégager absolument notre responsabilité, et le Czar l’a fait sans hésitation”.

Le Prince Ouroussov croit qu’à ce moment la Serbie visait la vieille Serbie. Leur objectif a été ensuite changé, quand en s’était persuadé de l’abstension de la Russie en Bulgarie, on a voulu de Vienne les retenir. Mon collègue de Russie ne câche pas l’impression que la responsabilité de la conduite du roi Milan remonte à l’Autriche. Il appartient à la catégorie des diplomates sans initiative. Il y a quelques mois seulement, au retour d’un congé, il professait ouvertement l’amitié pour l’Autriche. Il ira ces jours-ci à Pétersbourg. Son attitude et son langage seront curieux à observer à son retour ici.

[ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

 

 

30

 

Tornielli to Robilant, Cyphered Annex to the Political Report no. 773, Bucharest, January 11, 1887

 

          On a ici depuis quelques jours l’impression qu’une détente s’est produite dans les relations des grandes Puissances et que les tentatives de l’Angleterre de former en Europe à propos de l’affaire bulgare, une coalition contre la Russie a échoué. La fermeté de la politique pacifique de l’Allemagne et la disgregation du parti conservateur en Angleterre semblent avoir le plus contribués à ces résultats, dont on se montre ici très satisfait; on s’applaudit surtout de n’avoir cédé aux impressions de la première heure et d’avoir su à temps emboîter les pas de l’Allemagne, au lieu de s’orienter sur les suggestions venant d’autres grands centres politiques. J’entrais hier chez Monsieur Bratiano au moment où le Chargé d’Affaires d’Angleterre se retirait; leur conversation a continué un moment en ma présence. Bratiano nous a raconté de son air le plus naturel du monde, que le Roi aurait voulu faire démentir le bruit, que la Roumanie allait se mettre à la tête d’une alliance ou d’une fédération des états Balkaniques; personne, ajoutait Bratiano, ne prendra au sérieux pareil bruit. Si nous voulions faire entrer la Russie dans ces pays, nous n’aurions qu’à faire cette politique: certains moments elle nous a été suggerée par les agents russes; même alors je leur disais que la Russie aurait été la première à nous jetter la pierre, et quelle pierre!! Le Chargé d’Affaires britannique s’étant ensuite retiré, Bratiano me disait que jusqu’ici aucune raison de se plaindre de l’attitude du nouveau Ministre de Russie n’éxistait. On lui avait fait une réputation qui nous avait un peu allarmés. Il se montre au contraire très amical. La conclusion du traité de commerce a produit un excellent résultat politique; n’ayant moi-même rien demandé qui pût provoquer ces déclarations, je dois n’y attacher encore plus d’importance. Tout le monde me faisait ensuite observer que Bratiano se désintérésse de l’affaire bulgare.

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Le Gouvernement de Sophia devra se repentir amèrement de n’avoir pas cédé à temps; il devra faire des concessions bien plus grandes qu’il n’aurait faites au moment. Monsieur Guechoff est venu à Bucarest et il aura perdu l’avantage de la spontanéité. J’ai appris que les représentants français à Athènes, à Belgrade et à Sophia ont simultanément signalé à leurs Gouvernements, une action anglaise tendant à créer de nouvelles complications dans ces pays.

          Si ces indications reçues de Paris sont exactes, il faudrait leur ajouter que toute tentative de ce genre en Roumanie n’aurait pour le moment aucune chance de réussite. Il parait que certaines velléités personnelles du Roi qui se sont maniféstées au premier moment des complications bulgares, ont été bien vite dissipées, soit par la justesse du coup d’oeil de son premier ministre qui n’a voulu pivoter qu’autour de Berlin, soit par l’avis des chefs de régiments que le Roi lui-même a voulu consulter au sujet de l’eventualité d’une entrée en campagne contre la Russie.

 [ASDMAE, DP, Rapporti in arrivo, Romania, busta 1397]

           

 

31

 

Plenipotentiary Minister of  Romania in Berlin, Liteanu to King Charles I, Berlin, April 7, 1887

 

“[…] Dans la situation politique, il n’y a en à noter, ces derniers jours, que la modification du cabinet italien. Le comte de Launay a reçu de Monsieur Depretis l’ordre de déclarer au gouvernement allemand que rien ne sera changé aux rapports extérieurs de l’Italie. Malgré cette assurance, le comte de Berchem a exprimé à l’ambassadeur de vifs regrets au sujet de la retraite du comte de Robilant. On a ici le sentiment que le Ministre des affaires étrangères démissionaire n’a plus fait tout ce qu’il devait pour se conserver à sa fonction; on en est mécontent. Il est vrai que le comte Robilant a eu soin de renouveler le traité d’alliance avec les puissances allemandes avant de quitter son poste. Mais l’application d’un traité est une chose essentielle, et l’on regrette de voir l’homme qui inspirait le plus de confiance à l’Allemagne abandonner la direction de la politique extérieure. Il est possible que le comte Tornielli, le bras droit de Monsieur Depretis, soit appelé au Ministère. […]”.

[ANIC, Casa Regalã: dosar 8/1887, f. 1-3]

 

 

32

 

The Italian Ambassador in Berlin, Edoardo De Launay to Barilari [?], Berlin, June 15, 1887, “Particulière

 

Mon Cher Commandeur,

          Je profite du courrier extraordinaire Mr. Cicero, pour vous remercier de vos deux lettres des 30 et 31 Mai. La dernière m’a fourni le mot de l’énigme que je ne parvenais pas à déchiffrer. Je comprend maintenant la pénible impression produite tout d’abord ici par le Rapport de Mr. Busch[11] rendant compte d’un entretien avec le C-te. Tornielli. Sans doute la … [indescifr.] eût [?] été majeure si notre Ministre à Bucharest aurait choisi comme confidents ses collègues de France ou de Russie. Mais il n’était pas moins anormal pour ne pas dire de plus, de se lancer à fond de train, comme le ferait Mr. de Mouij[12] à Rome, dans des critiques sur nos accords avec l’Allemagne et l’Autriche. Cette … [indescifr.] est donc vivement regrettable. J’éstime et ai de l’amitié pour Tornielli. Il serait digne d’un poste plus en évidence. Des préjugés existaient contre lui.

Dans les premiers temps de son séjour à Bucharest, il les avait en quelque sorte justifiés, à tel point qu’un jour le Ministre de Roumanie vint [?] chez moi, au nom de son Souverain, pour me signaler les allures de notre représentant qui favorisait la politique russe, et se montrait anti-autrichien. Je gardais

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ces détails par devers moi, car il me répugne de faire tort même à ceux qui n’usent pas envers moi de bons procédés, et à plus fort raison pour ceux qui comme Tornielli m’ont témoigné du bon vouloir. Je répondais à Mr. Liteano[13] que mieux valait fermer les yeux, que mon collègue quand il se serait mieux orienté, prendrait une autre attitude. En effet depuis lors le Gouvernement Roumain non seulement n’a pas élevé des plaintes, mais rendait de justes éloges. Bref, Tornielli était en train de se refaire une virginité, et pour peu qu’il eût patience, un brillant avenir s’ouvrait devant lui.

Maintenant, pour plusieurs années du moins, il vient de se rendre impossible pour une Ambassade ou pour le portefeuille des affaires étrangères. Il faut nous attendre chaque fois qu’on mettra son nom en avant, que l’Ambassadeur d’Allemagne à Rome secondera son collègue d’Autriche pour chercher à opposer un veto. Le Cabinet de Berlin ne manquera pas d’évoquer, au besoin, le rapport Busch, dont il vous a été donné connaissance et que vous avez très exactement résumé, ainsi que me l’a dit le C-te. de Bismarck lors que je lui ai lu la partie essentielle de votre lettre. […] Il faisait cependant des réserves sur l’argument: “L’opinion de Tornielli différe de la notre. Qu’est-ce que cela fait? Du moment où il agit bien, il doit peu nous importer qu’il prêche mal”. Un diplomate n’est pas un député dont les boutades à la tribune sont sans conséquences, pourvu qu’il voté bien. Les fonctionaires diplomatiques sont tenus à une rigureuse discipline. […]

Le C-te. de Bismarck a appris avec beaucoup d’intérêt l’unanimité de nos Ministres sur le même programme de politique étrangère que sous l’ancien Cabinet, et particulièrement la solidarité pleine et entiere déclarée par Mr. Crispi après avoir pris connaissance des Traités. Cet incident n’aura pas de suite à moins, je le répete, que la candidature de Tornielli ne soit nouvellement posée pour des fonctions plus importantes que celle qu’il remplit aujourd’hui dans un simple poste d’observation. Dans son intérêt, il devrait s’effacer autout que possible pour un certaine intervalle de temps. Les circonstances peuvent se modifier ensuite et alors il prendra à son tour son vol vers une situation plus élevée. […].

[ACS Roma, Carte Crispi, busta 72, fasc. 107]

 

 

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[1] Sir William Arthur White, Plenipotentiary Minister of the United Kingdom in Bucharest (1879-1885).

[2] Plenipotentiary Minister of Germany in Bucharest, accredited on March 10, 1880.

[3] Italian Military Attaché in Vienna.

[4] The Romanian Minister of Internal Affaires.

[5] Ex-Foreign Secretary of Austria-Hungary.

[6] The Ambassador of Austria-Hungary in St. Petersburg.

[7] The Romanian Minister of Foreign Affairs (1882-1885).

[8] Paul, Count von Hatzfeldt-Wildenburg, the German State Secretary for Foreign Affairs (1881-1885).

[9] Petre P. Carp, Plenipotentiary Minister of Roumania in Vienna (1882-1884).

[10] Gustav Kalnoky, Austrian-Hungarian Minister of Foreign Affairs (1881-1895).

[11] Klemens Busch, the Plenipotentiary Minister of Germany in Romania (1885-1888).

[12] The Ambassador of France in Rome.

[13] Gheorghe Vârnav-Liteanu, the Plenipotentiary Minister of Romania in Berlin (1880-1888).