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Quelques aspects concernant l’évolution tactique du chariot sur le champ de bataille dans l’histoire militaire universelle. L’Antiquité et le Moyen Age jusqu’à l’avènement des Hussites (1420)

 

 

Emmanuel  Constantin  Antoche,

Institut de Stratégie Comparée

de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes IV–Sorbonne, Paris

 

A la mémoire de mon oncle, l’archéologue Adrian Constantin Florescu (1928-1986)

de l’Institut d’Histoire et Archéologie «A. D. Xenopol» de Jassy (Roumanie)

 

A la fois outil logistique, de transport et d’habitat, le chariot[1] se révéla aussi comme une arme de guerre efficace dont sa fonction défensive fut souvent appliquée sur divers théâtres d’opérations militaires depuis l’Antiquité jusqu’à l’aube du XXe siècle, que ce soit en Europe, en Asie, en Afrique méridionale ou sur le continent nord-américain.

Le 23 août 1514 dans la vallée de Çaldiran (Chaldiran) en Anatolie Orientale à mi-chemin entre Erzincan et Tabriz, non loin du lac Van, l’armée ottomane commandée par le sultan Selim Ier Iavuz (1512-1520) infligea une cuisante défaite aux forces du Chah Ismail Ier (1502-1524), chef religieux et militaire de tribus turques des Kïzïlbach qui l’avaient porté au pouvoir dans ces contrées de l’Iran Occidental[2]. Les salves d’une

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puissante artillerie de campagne ainsi que l’arquebuserie des janissaires qui combattirent couverts par les chariots du tâbur çengi [3], anéantirent les charges de la cavalerie persane, aussi redoutable que par le passé, en lui infligeant de lourdes pertes[4].

Douze ans plus tard à la bataille de Panipat (20 avril 1526), ville située à une journée de marche au nord de Delhi, Zahiruddin Muhammad Babur (1526-1530) le conquérant d’Inde et fondateur de la dynastie des Grands Moghols dut recourir à une tactique défensive semblable pour mettre en déroute l’armée du sultan Ibrahim II ibn Sikandar Lodi (1517-1526), richement pourvue en artillerie et éléphants de combat: «Nous levâmes le camp, déployâmes en ordre de bataille l’aile droite, l’aile gauche et le corps de bataille et passâmes l’inspection. Le nombre de mes hommes me parut moins important que ce que je pensais. Dans ce campement, j’ordonnai que chaque homme fournisse un nombre de chariots proportionné à son rang. On réunit sept cents chariots. J’ordonnai à Maître Alï Qulï de les attacher les uns aux autres à la manière du pays de Rum[5], mais en utilisant des courroies de cuir de bœuf à la place des chaînes, et de disposer six ou sept mantelets entre chaque chariot, de façon à abriter les arquebusiers. Nous demeurâmes cinq à six jours dans ce camps pour exécuter ce travail. Lorsque ces préparatifs furent terminés, je convoquai au conseil tous les bégs et guerriers d’élite qui pouvaient utilement y prendre part. Nous tînmes un conseil général où il fut décidé que la ville de Panipat ayant de nombreuses maisons et des faubourgs de tous côtés, il fallait en fortifier les abords avec les chariots et les mantelets derrière lesquels s’abriteraient arquebusiers et fantassins.

Cette décision prise, nous levâmes le camp et, après une étape, arrivâmes à Panipat le jeudi, dernier jour du mois du dernier jumada. A notre droite se trouvaient la ville et les faubourgs de Panipat; en face de nous, les mantelets qu’on avait disposés; sur la gauche, à certains endroits, on avait aménagé des fossés et des abattis. A un jet de

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flèche les uns des autres, on avait pratiqué des passages permettant la sortie de cent ou cent cinquante cavaliers»[6].

En Afrique méridionale, l’histoire du chariot est indissociablement liée à la migration des trekboers[7], les colons hollandais du Cap, fondée en 1652, dont la plupart étaient des fermiers en quête de nouveaux pâturages, des agriculteurs et des chasseurs. Dès les premières décennies du XVIIIe siècle, lorsqu’ils entament leur expansion vers le nord-ouest, en direction des actuels Etats de Transvaal, de l’Orange et du Natal, ils se heurtent d’abord à la résistance des Hottentots et des Bochimans qui ne se révèlent que de piètres guerriers en comparaison avec les Bantou, plus agressifs et plus disciplinés pendant les combats contre les colons. Ces derniers se déplacent dans des chariots de type «western», frère du «covered wagon» américain, traîné par six, huit, ou dix bœufs sous la direction de deux à trois conducteurs, véhicule suffisamment robuste pour supporter des poids considérables et assez élastique pour s’adapter aux terrains les plus variés[8]. Femmes et enfants s’y entassent avec provisions et mobilier tandis que les hommes à cheval ou à pied, avancent comme éclaireurs.

Il est vrai que les trekboers disposaient des montures et des mousquets contre les Bantous, qui, compte tenu de leur supériorité numérique écrasante, mais insuffisamment pourvus d’armes de jet efficaces, étaient obligés de chercher toujours le corps à corps pendant les affrontements en rase campagne. Cependant, dès les premières rencontres, ce problème d’ordre tactique fut pourtant résolu d’une manière ingénieuse, lorsque Adriaan van Jaarsveld qui commandait en 1779-1780 les forces boers dans «la première guerre cafre»[9] inventa le laager[10], dispositif formé par une ou plusieurs rangées de chariots, mis en cercle dont les interstices étaient remplis de branches épineuses et de peaux de bœufs qui, tendues entre les roues renforçaient la protection des défenseurs. Une telle forteresse ambulante était capable de briser l’élan de l’assaillant,

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interdisant le corps à corps, tandis que les occupants du laager avaient le temps de recharger leurs armes pour maintenir un feu nourri. L’assaut une fois repoussé, les cavaliers se lançaient à la poursuite des Bantous, tirant de loin sur eux, en ayant soin toujours de demeurer à distance. En cas de contre-attaque, ils se retiraient de nouveau à l’abri des chariots[11].

Les indigènes ne réussirent jamais de trouver la parade à cette innovation tactique, car ils s’acharnèrent à emporter la décision en suivant leurs principes de guerre traditionnels à l’instar des Ndébélés-Matabélés et même des Zoulous qui, pendant le règne de Chaka (1806-1828), avaient considérablement amélioré leur organisation militaire. D’ailleurs, les colons hollandais furent obligés d’affronter régulièrement ces tribus après 1835, année dans laquelle commença le grand trek[12], conséquence directe de la mainmise anglaise sur la colonie du Cap (1806) et des tensions et conflits engendrés par la rivalité qui opposait depuis, les anciens et les nouveaux occupants[13].

Le 16 octobre 1836, quarante fermiers avec leurs familles furent encerclés par environ trois mille guerriers Ndébélés à Vegkop sur le cours supérieur de l’Orange. Protégés par un laager de cinquante chariots, les trekboers réussirent à l’emporter contre tout espoir après trois heures de combats acharnés. Si leurs pertes s’élevèrent finalement à deux morts et quatorze blessés, les indigènes durent abandonner quatre cent trente cadavres qui formaient une véritable muraille autour du camp. Même scénario, le 16 décembre 1838 contre les Zoulous de Dingaan à la bataille de Blood River, affluent de la rivière Buffalo au nord de l’actuelle ville de Durban. Assaillis par douze mille guerriers indigènes, les quatre cent soixante-dix fermiers sous les ordres d’Andreas Pretorius, entourés par soixante-quatre chariots infligèrent une défaite décisive à leur ennemi qui dut déplorer la perte d’environ trois mille morts et blessés[14].

Nul doute que le chariot fut un outil logistique et de transport, indispensable lors de la conquête au XIXe siècle du Far West, ces immenses territoires montagneux ou larges plaines désertiques qui dominent la géographie des Etats-Unis, de Mississipi jusqu’à la côte pacifique. Dès la troisième décennie, aventuriers, chasseurs de bisons, chercheurs d’or ou courageux fermiers se ruèrent vers les richesses longtemps inexplorées de ces régions tandis que les caravanes de marchands établissaient des relations commerciales avec les villes du Texas, de l’Arizona ou du Nouveau Mexique

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appartenant encore au jeune Etat mexicain, indépendant depuis 1821[15]. Pour arriver à destination, il fallait cependant traverser des contrées hostiles habitées par les tribus indiennes, décidées à défendre leurs terres et leur liberté face au nouveaux conquérants. Les pionniers découvrirent et établirent des pistes pour les longues colonnes de chariots afin d’éviter les obstacles naturels ou les harcèlements des guerriers sioux, pawnee, ou comanches, qui menaient une guérilla efficace basée sur embuscades et attaques par surprise.

Une des premières pistes fut celle qui reliait la ville de Santa Fe au Nouveau Mexique avec Kansas City sur le Missouri en traversant les immenses territoires du Kansas et du Colorado, aussi réputés par la beauté des paysages que par l’hostilité que les voyageurs y rencontraient lorsqu’ils franchissaient ses frontières: «If Indian «sign» was detected, the captain usually ordered a different order of march, with the caravan moving forward in four parallel columns, and with mounted scouts ranging ahead alert for danger. If hostile «redskins» were sighted the bullwhackers whipped up their animals and each column was wheeled about to form one side of a hollow square, a maneuver that took only a few minutes. With the animals within this enclosure and the wagons pushed together, the traders were safe in a fortress that could withstand any attack. This method of travel was one of the significant contributions of the Santa Fe traders to the conquest of the Far West, for its adoption by the overland pioneers allowed thousands of persons to cross the plains in safety»[16].

Contrairement aux Bantou ou aux Zoulous d’Afrique Méridionale, les Indiens des Plaines nord-américaines ne furent pas conquis suite aux défaites subies sur le champ de bataille. Souvent on utilisa contre eux des moyens plus efficaces: massacre systématique des troupeaux de bisons, leur principale source de subsistance, mais aussi des populations sans défense (femmes, enfants et vieillards) comme ce fut le cas à Chivington dans le Colorado (1864), à Fetterman dans le Wyoming (1866) ou à Wounded Knee en 1890 sans oublier la distribution de whisky ou de la nourriture empoisonnée[17].

Entre 1865 (bataille de Pumpkin Buttes) et 1876 (victoire du général Miles face à Tatanka Yotanka dit Sitting Bull (1834-1890) qui se termina par la retraite précipitée

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des Sioux), douze grands combats furent engagés, dans lesquels les Indiens ont presque toujours eu l’avantage. Deux ont pris fin par l’anéantissement complet des troupes blanches; trois autres auraient été aussi désastreux pour les Américains sans l’arrivée des renforts au dernier moment; un seul s’est conclu par la négociation et la distribution des cadeaux en signe de paix. L’anthropologue Stanley Vestal a fait le calcul suivant: nombre d’Indiens engagés dans l’ensemble des douze combats: 10.356; nombre de Blancs engagés: 5.249. Nombre d’Indiens tués: 69; nombre de Blancs tués: 383. A la seule bataille de Little Big Horn dans le Montana (1876), les 204 soldats du 7e de Cavalerie commandé par le général Custer sont tous tués, contre seulement 16 des 1.500 guerriers indiens qui prirent part à l’affrontement[18]. Ces chiffres montrent que les Indiens avaient pour règle de ne livrer bataille que lorsqu’ils avaient l’avantage numérique, et dans des conditions qui leur permettaient de subir le minimum de pertes tout en en infligeant le plus grand nombre à l’ennemi. Quant à la supériorité technique des troupes américaines il faut au moins mentionner qu’à cette époque les Indiens des Plaines ne disposaient que d’un fusil pour deux hommes et ne possédaient aucune pièce d’artillerie[19].

 

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Qu’il s’agisse de l’Afrique méridionale ou du continent Nord américain, l’utilisation tactique du chariot sur le champ de bataille fut donc, indissociablement liée au mode de vie des colons hollandais et des pionniers du Far West. Moyen logistique qui leur avait servi en même temps d’abri et d’habitation, cette maison à quatre roues se montra aussi une arme défensive efficace dans les combats contre les indigènes de deux continents. Certes, l’observation que nous venons de faire s’applique davantage aux mœurs des peuplades migratrices qui sillonnèrent l’espace européen à des époques plus reculées de l’histoire. Si l’arc à flèche symbolise à juste titre, mieux encore que le chariot, l’art militaire chez les peuples de la steppe tels que les Scythes[20], les Alains[21]

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ou les Huns[22], qui étaient avant tout des archers à cheval, ce moyen de transport fut un usage pour tous les migrateurs, ce qui inclut aussi les tribus germaniques. En effet, Végèce nous informe que, au IVe siècle ap. J.–C., tous les peuples migrateurs qu’il qualifiait indifféremment de Barbares avaient l’habitude de disposer leurs chariots en cercle autour d’eux et de passer ainsi la nuit en sûreté à l’abri de toutes les surprises[23]. Nous pouvons en déduire que longtemps avant l’observation de Végèce, la première fonction tactique du chariot fut de protéger et de fortifier un campement contre les ennemis éventuels ou potentiels tandis que des sédentaires, les armées de l’Empire romain par exemple utilisaient le castrum[24].

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Les Teutons originaires du Mecklembourg entreprennent aux environs de 115 av. J.–C., aux côtés des Cimbres et des Ambrons, une puissante migration vers la Méditerranée. Après plusieurs années passées dans la plaine de Pô, l’Espagne Orientale et la Gaule Méridionale, ils seront enfin écrasés en 102 av. J.–C. par les légionnaires de Marius dans la bataille d’Aquae Sextiae (Aix-en-Provence), à l’est du Rhône. Doutant de leurs chances contre une armée romaine nouvellement réformée, les Teutons ont assemblé les chariots autour de leur campement afin de trouver un ultime refuge à l’abri de cette fragile forteresse [25].

Nous trouvons d’autres informations concernant l’emploi tactique du chariot chez les Germains, mais aussi chez les Celtes dans De Bello Gallico de César. Lorsque nous mentionnons les Celtes nous faisons bien sûr allusion aux tribus helvètes qui en 58 av. J.–C., affrontent Eduens et Romains dans une bataille décisive à Bibracte près de Montmort, à l’ouest de Toulon-sur-Arroux, dans le Morvan[26]. Trois mois plus tard, probablement en septembre 58 av. J.–C., César bat aussi les Germains d’Arioviste dans la plaine d’Alsace. Il nous décrit l’ordre de combat choisi par ses adversaires: «Alors les Germains, contraints et forcés, se décidèrent à faire sortir leurs troupes: ils les établirent, rangées par peuplades, à des intervalles égaux, Harudes, Marcomans, Triboques, Vangions, Némètes, Sédusiens, Suèves; et pour s’interdire tout espoir de fuite, ils formèrent une barrière continue sur tout l’arrière du front avec les chariots et les voitures. Ils y firent monter leurs femmes, qui, tendant leurs mains ouvertes et versant des larmes, suppliaient ceux qui partaient au combat de ne pas faire d’elles des esclaves des Romains» [27].

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L’enceinte des chariots était un élément si caractéristique des Goths que son nom latin d’origine gothique carrago a été conservé jusqu’au XVe siècle[28]. Du point de vue étymologique, il pourrait s’agir d’une combinaison du terme celtique carr et du mot germanique hago (clôture)[29]. Les Tervinges (Goths de l’Ouest) à partir d’une période située entre 378 et 418 ap. J.–C., qui coïncide à peu près avec leur migration vers l’Europe Occidentale, constituèrent un «nouveau peuple» que «Cassiodore fut le premier à appeler les Wisigoths»[30]. En 376, leurs tentatives de se défendre contre les Huns en établissant des camps fortifiés et des remparts (vallum)[31] ou de résister après la défaite dans cette région accidentée connue sous le nom de Caucaland [32], semblent confirmer qu’ils étaient des fantassins[33]. Leur célèbre enceinte avait souvent la forme d’un cercle et servait à protéger le campement des attaques fortuites dans un territoire hostile[34]. Pour son emploi sur le champ de bataille nous croyons discerner trois fonctions tactiques:

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 1) celle de protection et de renforcement d’un dispositif de combat. Derrière un rempart de chariots, les fantassins pouvaient se protéger contre les projectiles de l’ennemi (flèches, pierres etc.) et aussi contre les attaques de cavalerie.

 2) celle d’un dernier dispositif défensif en cas de défaite.

 3) celle de protection d’une retraite et de retardement des forces ennemies en poursuite.

L’Histoire Auguste atteste la présence du carrago, lors de la grande invasion des Goths dans l’Empire qui débuta au printemps de 268[35]. Vaincus, ils rassemblèrent les chariots, s’en firent un rempart «et voulurent s’enfuir par le mont Gessace»[36]. Si le passage en question est véridique, il s’agit de la troisième fonction tactique: celle de protéger une retraite. Cependant, il paraît que les Goths ont réussi à se retirer avec une bonne partie de leurs chariots et qu’ils durent abandonner les autres sur le trajet aux mains des Romains[37].

Le carrago joua aussi un rôle tactique important pendant la révolte des Tervinges, établis sur le sol romain, qui commença en janvier 377. A la bataille qui se déroula vers la fin de l’été au «lieu des Saule » (Ad Salices), en Dobroudja (dans l’actuelle Roumanie)[38], les Goths attendirent l’attaque des forces romaines, retranchés dans leur habituelle forteresse circulaire de chariots[39]. Une année plus tard, le 9 août 378, les troupes commandées par l’empereur Flavius Valens (364-378) subirent une cuisante défaite à Andrinople[40], bataille considérée comme un tournant décisif dans l’histoire

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de la tactique militaire, car avec elle, commence l’indiscutable suprématie de la cavalerie sur l’infanterie qui se prolongera jusqu’aux XIVe-XVe siècles[41]. Ce serait d’ailleurs un point de vue excessif que de faire confiance à de telles conclusions trop générales. Andrinople représente plutôt la victoire fortuite d’une combinaison tactique assez originale au IVe siècle: celle du carrago, comme élément défensif prioritaire des Tervinges, et de la cavalerie ostrogothique comme élément offensif de décision.

L’emploi tactique du chariot ne s’arrêtera point dans ces parages des Balkans, témoins de tant d’événements qui marqueront à jamais la passionnante histoire des Tervinges. La forteresse mobile sera partout présente lors de leur migration à travers l’Europe qui fera des Goths Occidentaux un nouveau peuple: les Wisigoths[42]. On la retrouve dans les batailles de Pollentia (Pollenzo, 402) et Vérone (403), lorsque le général romain Stilichon essaie de fermer la voie de l’Italie aux hordes conduites par Alaric (395-410)[43]. Finalement, le foedus du 418 concédera l’installation des Wisigoths dans l’Empire, plus précisément en Aquitaine. Cette fois-ci il s’agissait «de faire du Wisigoth, le chien de garde de la romanité»[44]. Par deux fois ils se montreront de fidèles fédérés, la première en 422 en suivant le général Carstin, pour combattre de l’autre côté de Pyrénées les Suèves, la deuxième fois en 451, en suivant Aetius contre les Huns[45] dans le choc considéré comme «la bataille du siècle»: Campus Mauriacus ou Champs Catalauniques (20 juin 451), qui laissa le souvenir d’un affrontement gigantesque[46] et qui reste encore couverte d’énigmes pour tout historien militaire cherchant à la

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reconstituer[47]. Sans aucun doute, elle fut indécise des deux côtés, jusqu’au coucher du soleil, lorsque les cavaliers huns rompirent le combat pour se replier derrière leur barricade de chariots qu’ils défendirent le lendemain à coups de flèches[48].

 

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Au Moyen Age, le chariot continua d’assurer la logistique d’une armée en campagne, d’autant que le ravitaillement en vivres et en munitions demeurait une des conditions essentielles pour la réussite de toute opération militaire d’une durée prolongée en territoire ennemi. Par exemple dans la France de l’époque carolingienne, les villes royales étaient obligées de fournir des chariots à vin ou à farine, couverts de cuir et rendus imperméables pour la traversée des cours d’eau. Chaque équipage devait être armé d’un bouclier, d’une lance et d’un arc à flèches afin d’assurer sa propre défense[49].

Dès le VIe siècle toujours dans l’Occident européen, les chariots furent aussi employés au sièges des châteaux et des places fortes pour approcher et escalader les murailles en assurant la protection des assaillants. Il est vrai que dans l’Antiquité, certains peuples du Moyen-Orient (Assyriens, Perses etc.), les armées des cités grecques et surtout les légions de Rome avaient disposé d’un important parc de siège, mais à l’époque des invasions barbares ce savoir faire qui nécessitait de profondes connaissances techniques fut perdu dans l’espace européen sauf dans l’Empire Romain d’Orient où les ingénieurs militaires continuèrent à jouir d’une certaine estime au sein de l’armée. Dans son œuvre majeure Gesta Francorum, l’évêque Grégoire de Tours (538-594) nous relate la ruse dont fit usage Landegésile, un chef de guerre au service de Gontran roi de Bourgogne (581-592) lors du siège de Saint-Bertrand de Comminges en mars 585[50]. Plus tard, au XVIIIe siècle, le chevalier Jean-Charles de Folard (1669-1752), écrivain militaire et théoricien de la colonne, en fait mention à nouveau dans ses Commentaires sur Polybe, où elle attire l’attention du roi de Prusse Frédéric II le Grand (1740-1786), l’éditeur présumé d’une version abrégée de l’œuvre de Folard. Selon cette édition, le Bourguignon: «[…] ayant investi cette place et préparé toutes choses pour l’attaquer, se trouva fort embarrassé pour approcher de la place et la battre avec le bélier. Il ne trouva pas de meilleur expédient pour le mener à couvert, que de ranger deux files de chariots joints bout à bout. On couvrit l’entre-deux des ais en travers avec des claies par-dessus, ce qui formait une galerie, à la faveur de laquelle on pouvait

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marcher sans danger jusqu’auprès de la ville, et dont Landegésile se servit pour conduire le bélier et les choses nécessaires pour faire le siège»[51].

Parfois on les utilisait en tant que projectiles incendiaires comme ce fut le cas contre le château du Puiset assiégé en 1111 par l’armée du roi de France Louis VI le Gros (1108-1137), où les troupes royales essayèrent de mettre le feu à la porte principale en précipitant des chariots enflammés et chargés de bois et de graisse[52]. Trois ans plus tard, en 1114, les chariots retrouvèrent leur principale fonction défensive lorsque l’empereur Henri V (1106-1125) en train d’assiéger la ville de Cologne (Köln), ordonna à ses hommes de s’enfermer durant la nuit dans le Wagenburg afin d’éviter les surprises provoquées par une sortie intempestive des défenseurs, type de combat, dont l’issue paraissait souvent incertaine[53].

Dans l’Italie médiévale, le chariot prit les allures d’un symbole sur le champ de bataille. Aux XIIe-XIIIe siècles, le mouvement communal transforma progressivement la carte politique de la Péninsule en faisant des villes des organismes politiques autonomes. Qu’il s’agit de Pise, Lucques, Milan, Modène, Florence, ou Bologne, elles enregistrèrent une croissance économique rapide au sein de laquelle le commerce et l’ouverture vers Byzance et le monde musulman jouèrent sans doute un rôle important. Ceci suscita l’esprit d’initiative et le désir d’autonomie des populations urbaines voulant allier richesse et participation au pouvoir. L’essor des communes inquiéta les empereurs d’Allemagne qui avaient des droits régaliens dans certaines villes de Lombardie, provoqua des difficultés avec la Papauté et même des conflits armés entre certaines communautés citadines voisines[54].

Les nécessités liées à une défense efficace en cas de guerre dans les régions caractérisées par une certaine densité urbanistique au Moyen Age (par exemple Flandre aux XIIIe-XIVe siècles ou le royaume de Bohème aux XIVe-XVe siècles) avaient conduit irrémédiablement à la formation des milices communales, dont les premières unités dans

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le cas italien apparurent en Lombardie, notamment à Milan[55]. Organisés par divisions des quartiers ou corporations des cités, ces pedites, se comportaient comme de bons combattants, même si «leur mission les cantonnait en général à un rôle plutôt défensif»[56], surtout lorsqu’ils furent obligés d’affronter aux batailles de Legnano (1176) et de Cortenuova (1237) la chevalerie allemande des empereurs Hohenstaufen descendue dans la Péninsule pour arroger ses droits[57]. Cette «vocation primitivement défensive de l’infanterie communale, déterminée par les nécessités de la guerre féodale»[58] se manifesta dans la tactique et l’armement. Les unités de fantassins armés de la lanzalonga qui dut s’allonger pour atteindre trois ou quatre mètres ou de la gialda, archers et arbalétriers protégés par les palvesari (porteurs du grand écu rectangulaire)[59] combattaient en rangs serrés autour du Carrocio (chariot) «emblème mobile de la cité en guerre»[60]. Couvert par les couleurs de la ville en arborant ses symboles héraldiques, il représentait le dernier point de ralliement en cas de défaite, telle l’oriflamme de Saint-Denis pour la chevalerie du roi de France[61].

Cependant, la fonction tactique essentielle du chariot qui consistait à protéger le campement d’une armée ou renforcer un dispositif de combat à vocation défensive continua d’être appliquée en Europe Orientale dans les conflits qui opposèrent entre le VIe et le XIIIe siècle, les armées byzantines aux dernières vagues des peuplades migratrices, c’est-à-dire les Slaves, les Avares, les Bulgares, les Hongrois, les Petchénègues et les Coumans, dont certains finirent par fonder des formations étatiques stables sur la carte politique de notre continent. Contraints de reformer à plusieurs reprises le système militaire de l’Empire pour mieux s’adapter aux évolutions tactiques pratiquées dans un monde oriental en plein expansion, les stratèges byzantins tirèrent sans doute, des renseignements sur les mœurs ou sur les ruses guerrières de leurs

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ennemis. Cette richesse en matière de pensée militaire[62] nous fut transmise dans des ouvrages comme le Traité sur la tactique d’Orbikios, le Stratégikon de l’empereur Maurice (582-602), la Leonis Imperatoris Taktika de l’empereur Léon VI (886-912) ou le Traité de la guerre des frontières (De Velitatione) de l’empereur Nicéphore Phokas (963-969)[63]. Beaucoup de références concernent le chariot, utilisé par ces peuplades migratrices pour entourer et fortifier leurs campements, en les protégeant ainsi contre les attaques ennemies, menées par surprise.

Vers la fin du IXe et les débuts du Xe siècle, les tribus turques des Petchénègues envahirent les plaines situées au nord de la mer Noire où elles devinrent une sérieuse menace pour l’Empire[64]. Après de nombreuses incursions dans les provinces balkaniques, en 1087, les Petchénègues réussirent à infliger une cuisante défaite aux troupes de l’empereur Alexios Ier Comnène (1081-1118) quelque part entre Dristra (en roumain Dîrstor) et Beroe (aujourd’hui Stara Zagora en Bulgarie). Dans sa chronique intitulée Alexiada, Anne Comnène la fille de l’empereur nous décrit l’attaque par surprise déclenchée par les cavaliers de la steppe qui se servirent d’une forteresse de chariots pour s’approcher des troupes byzantines contre lesquelles ils lancèrent plusieurs vagues de flèches[65]. Quatre années plus tard avec l’aide des Coumans, la revanche du Byzance se révéla cependant décisive à la bataille de Lebunion (29 avril 1091)[66] mais en

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1122 pendant le règne de l’empereur Jean II Comnène (1118-1143), un dernier affrontement opposa les deux adversaires non loin de l’ancien champ de combat du 1087. Historia, ouvrage du chroniqueur Nikita Choniates relate avec richesse de détails cette victoire byzantine: «[…] durant cette guerre, les Scythes (les Petchénègues) auxquels le besoin avait fourni les choses nécessaires ont inventé la chose suivante: ils ramassent tous les chariots et les disposent en cercle et bon nombre d’entre eux montent dans les voitures en les employant comme s’il s’agissait de remparts; ensuite ils ont frayé beaucoup de chemins obliques parmi ces chariots. Et lorsqu’ils étaient contraints par les Romains à fuir, ils tournaient le dos et couraient dans cette enceinte de chariots qui formait un mur inébranlable, en préparant ainsi de la meilleure façon leur retraite. Une fois reposés ils sortaient de leur enceinte comme sur des portes ouvertes et réalisaient de vaillants exploits. Ainsi, les Scythes ont improvisé au beau milieu de la plaine un véritable combat des remparts qui a failli faire souffrir les Romains»[67].

Dans la première moitié du XIIIe siècle, les armées des principautés russes furent obligées de trouver une solution tactique défensive qui puisse faire échouer les terrifiantes évolutions de la cavalerie mongole. Dans ces vastes plaines de l’Europe Orientale allait naître le gulaïgorod (la ville mobile)[68]. Il s’agissait en effet d’une enceinte de chariots liés par des chaînes et couverts de grands pavois et boucliers qu’on mettait aussi entre les véhicules pour bloquer les espaces restés libres. Les pavois étaient disposés sur des roues pour pouvoir être déplacés assez vite vers leur position de combat en cas de danger. Pour des effectifs manœuvrant dans un terrain plat et ouvert, le gulaïgorod se montra un système défensif efficace à condition que l’ennemi mongol dispose seulement d’archers et qu’il n’ait point d’artillerie (balistes, catapultes, etc.). Son défaut consistait dans le fait que pendant l’action il était immobile[69], donc susceptible d’être bloqué, encerclé et enfin assiégé jusqu’à l’extermination totale des défenseurs par l’épée ou par la famine.

Grâce à leur extraordinaire mobilité tactique sur le champ de bataille, les Mongols réussirent à vaincre la résistance du gulaïgorod et l’emploi d’une artillerie efficace (balistes, catapultes), héritage de l’art militaire chinois, fut souvent déterminant. Pendant le combat, ils utilisaient des projectiles pleins de goudron brûlant pour créer des écrans de fumée en lançant aussi des bombes et des grenades incendiaires afin de harceler les lignes ennemies lorsque le terrain ne se prêtait pas aux manœuvres des archers[70]. Dans la dernière phase de la bataille de Kalka (31 mai 1223)[71], l’armée des

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princes russes de Halicz, de Kiev, de Tchernigov et de Smolensk, alliés avec les Coumans, fut taillée en pièces par un corps de 25.000 cavaliers mongols sous la conduite des meilleurs généraux de Gengis-Khan: Djébé et Subôtai. La cavalerie de Halicz et les Coumans chargèrent l’adversaire sans attendre le renfort constitué par les troupes de Kiev. En raison de ce défaut de coordination le contingent kievien, resté seul, dut se défendre trois jours entiers dans un gulaïgorod placé sur une colline, contre les incessants assauts des Mongols. Les survivants furent exterminés sans pitié par le vainqueur, tandis que ceux qui échappèrent à l’encerclement furent poursuivis durant six jours par les cavaliers de Subôtai[72].

L’armée hongroise du roi Béla IV (1235-1270) devait subir une défaite comparable à Möhi, sur la rivière de Sajó (11 avril 1241), lorsque le Royaume de Saint Etienne fut envahi par les minggan de Batu[73] qui franchirent sur plusieurs points les défilés des Carpates, avec «une connaissance du terrain bien supérieure à celle des défenseurs de la Hongrie»[74]. Encerclée après une résistance héroïque par un corps de cavalerie mongole qui traversa par surprise la rivière à la veille de la bataille, la chevalerie de Béla dut se replier à l’intérieur du camp royal entouré par un cercle de plusieurs centaines de chariots reliés les uns aux autres par des chaînes et des cordes[75]. Après un bombardement avec des rochers lancés par des catapultes et plusieurs nouées de flèches incendiaires tirées par les archers mongols, les derniers chevaliers templiers ainsi que ceux hongrois rassemblés par Koloman prince de Galicie et frère cadet du roi

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Béla formèrent un dispositif en coin pour recevoir les escadrons lourds des Mongols, menés à la charge par Cheïban, un des meilleurs généraux de Batu[76]. Leur sacrifice permit au roi entouré de sa garde ainsi qu’aux autres rescapés du désastre de percer sur la route de Pest qui, jonchée des cadavres sur près de cinquante kilomètres[77] témoigna de l’acharnement dont furent poursuivis les vaincus.

Même un siècle et demi plus tard lorsque les Mongols finirent par représenter une menace constante pour l’ensemble du continent européen, les terrifiantes évolutions de leur cavalerie continuèrent de poser de sérieuses problèmes d’ordre tactique aux armées obligées de l’affronter encore en rase campagne que ce soit aux confins orientaux du royaume polonais, sur la frontière danubienne où dans la lointaine Russie qui demeurait toujours sous l’emprise de la Horde d’Or. Une autre victoire mongole contre des systèmes défensifs statiques, en occurrence l’enceinte de chariots fut celle remportée le 13 août 1399 à Vorskla, affluent du Dniepr (entre les villes de Kharkov et Krementchoug en Ukraine), bataille rarement mentionnée dans les annales de l’histoire militaire. Ses conséquences politiques furent d’autant plus importantes car elle empêcha la formation dans l’Europe Orientale d’un puissant royaume lituanien indépendant de la Pologne ayant comme futur souverain le Duc Witold (1401-1430), frère du monarque polonais Wladyslaw II Jagellon (1386-1434)[78]. Pour parvenir à la couronne royale lituanienne il fallait cependant contrôler les Tatars du Khanat de Qiptchaq, tout en poussant les frontières du nouveau Etat vers l’Est en marge de principautés russes[79], expédition qui échoua lamentablement malgré la participation de la chevalerie polonaise, de l’Ordre teutonique et d’un contingent envoyé par la principauté de Moldavie. Devant les rapides évolutions de la cavalerie tatare de Qiptchaq commandée par Temür Kutlug, khan de la Horde d’Or (1395-1400/1401), le Wagenburg des alliés, armé de canons et d’arbalètes[80] eut le même sort que celui des Hongrois sur la rivière de Sajó.

Ce fut pourtant en Occident à la bataille de Mons-en-Pévèle (18 août 1304)[81] où, deux ans après la défaite de Courtrai, la chevalerie française de Philippe IV le Bel (1285-1314) affronta à nouveau l’infanterie des villes flamandes que le chariot connut

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une utilisation défensive assez originale en ce qui concerne la mentalité tactique de l’époque. Les contingents de Bruges, Courtrai, Gand et Ypres, entre 12.500 et 15.000 combattants, prirent position au sud du village sur un front de 1.000 à 1.200 m.[82] ayant le flanc droit appuyé au courant de Coutiches et le gauche aux haies de Mons-en-Pévèle. Pour protéger le dos de cette phalange compacte, les Flamands rangèrent en ligne, trois remparts successifs de chariots[83], tandis que dans le camp opposé, les Français comptaient à peine sur 2.500 à 2.600 chevaliers et peut-être quelques centaines de fantassins[84]. Quelques décennies plus tard dans les mêmes contrées de Flandre à la bataille de Beverhoutsfeld (3 mai 1382) lorsque les milices de Bruges durent combattre contre leurs voisins de Gand, ces derniers disposaient de trois cent ribaudeaux, que le chroniqueur Jean Froissart décrit comme de «hautes charettes» pourvues à l’avant de piques de fer et de trois ou quatre petits canons[85].

Les Anglais utilisèrent à leur tour le chariot comme appui défensif sur le champ de bataille, lorsque la combinaison tactique, cavalerie démontée – archers, armés du longbow, commença à porter ses fruits au début du XIVe siècle, notamment en Ecosse, puis en France avec la victoire de Crécy (26 août 1346). Afin de rendre inattaquables ces formations d’archers soutenus par la chevalerie qui combattait à pied, il fallait choisir en général des positions dominantes, si possible, accrochées entre deux massifs boisés, deux villages ou deux accidents de terrain qui empêchaient tout débordement. «Pour interdire mieux encore les accès sur les flancs droit et gauche, on travaille ou, plus exactement, on «machine» dès cette époque le terrain, accumulant obstacles, abattis et chariots, bref, tout ce que l’on peut trouver pour se retrancher et se mettre à l’abri»[86]. Cependant à Crécy[87], le roi Edouard III (1327-1377), obligé par les Français de leur

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livrer bataille, prépara soigneusement son dispositif défensif sans le renforcer avec des chariots, malgré ce que prétend Ferdinand Lot[88]. C’est le campement qui fut entouré d’une enceinte carrée pour mieux protéger les chevaux de l’armée[89] et les précieuses réserves de flèches, dont il fut si prodigue au cours de cette tragique journée.

Le Wagenburg fut présent aussi à Grunwald (Tannenberg), le 15 juillet 1410 au sein du dispositif teutonique, bataille où l’armée de la branche prussienne de l’ordre fut brisée par les forces polono-lituaniennes du roi Wladyslaw II Jagellon[90]. La chevalerie du Grand-Maître Ulrich von Jungingen (1407-1413) dut combattre en infériorité numérique car elle comptait à peine 3.850 gens d’armes et 3.000 valets tandis que les 4.000 fantassins (piquiers, hallebardiers, archers, arbalétriers) demeurèrent dans le camp des chariots, placé derrière le dispositif constitué par les troupes à cheval [91]. Il faut mentionner aussi que durant la bataille, la poudre des canons teutoniques fut mouillée par une tempête et que les frères chevaliers de Kulm, opposés à l’administration de

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l’Ordre, auraient baissé pavillon et pris la fuite[92]. Quant au Wagenburg, malgré la résistance acharnée des défenseurs, il fut enlevé d’assaut à la fin des combats[93]. Rapportée à notre sujet, l’importance de cette bataille prend de nouvelles dimensions car parmi les 800 combattants tchèques qui contribuèrent à la victoire polonaise se trouve mentionné aussi Jean Žižka (1376-1424), hobereau originaire de Trocnov à la tête d’une petite troupe de cavaliers[94]. Nous ne savons pas si le Wagenburg de l’Ordre teutonique lui laissa une impression quelconque, malgré les propos de certains historiens qui affirment que lors de la journée de Grunwald, «il apprit peut-être quelques-unes des coutumes militaires et des règles stratégiques dont il se servit plus tard si habilement»[95].

 

 

 

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[1] Nous préférons employer le terme chariot: «Voiture à quatre roues pour le transport des fardeaux. Chariot de ferme. Voir Char, charrette, guimbarde. Chariot de foin, de fourrage […]», etc., Le Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (sous la direction de A. Rey et J. Rey-Debove), Paris, Dictionnaires Le Robert, 1990, p. 290, plutôt que celui de char: «Voiture rurale tirée par un ou plusieurs animaux, à quatre roues et sans ressorts. Voir Chariot, charrette. Char à foin, Char à bœufs […] Char à banc», Ibidem, p. 288, qui dans un sens plus large, notamment dans le domaine militaire peut signifier Char de guerre ou d’apparat, voiture à deux ou à quatre roues, tirée par des chevaux ou des onagres, utilisée dans la Haute Antiquité, surtout au Moyen Orient et dans la Grèce de l’époque homérique, Ian Russell Lowell dans Atlas historique de la Guerre. Les armes et les batailles qui ont changé le cours de l’histoire (sous la direction de Richard Holmes), éd. française, Paris, Hachette, 1989, pp. 10-13, mais aussi Char de combat ou d’assaut (Tank, Blindé), véhicule blindé, puissamment armé, monté sur chenilles, invention du lieutenant-colonel britannique, Ernest Swinton dont les premiers quarante-neuf pièces de modèle Mark I interviendront le 15 septembre 1916 dans la phase finale de la bataille de la Somme, Eric Morris, Blindés, éd. française, Paris, Nathan, pp. 20-25; Ian Beckett dans The Guinness Encyclopedia of Warfare (sous la direction de Robin Cross), Londres, Guinness Publishing, 1991, p. 192.

[2] Jean-Louis Bacqué-Grammont dans Histoire de l’Empire Ottoman (sous la direction de Robert Mantran), Paris, Fayard, 1989, pp. 142-143, ainsi que son ouvrage, Les Ottomans, les Safavides et leurs voisins. Contribution à l’histoire des relations internationales dans l’Orient islamique de 1514 à 1526, Nederlands Historisch-Archaelogisch Instituut te Istanbul, 1987. Les enjeux diplomatiques du conflit furent étudiés aussi par A. Allouche, The Origins and Development of the Ottoman-Safavid Conflict (1500-1555), Berlin, 1993.

[3] Le tâbur çengi «[…] consisted of heavy wagons, which were chained to each other and reinforced with guns and arquebuses ranged around the main part of the army, like a fortress […] This order of battle was actually not unfamiliar to the Turco-Mongols in the steppes –they called it «küriyen» or «küren» in Mongol and «çaper» or « çeper » in Turkish. But what was new for the Ottoman was the reinforcement of this formation with fire-arms»., Halil Inalcik, «The Socio-Political Effects of the Diffusion of Fire-arms in the Middle-East», dans War Technology and Society in the Middle-East (sous la direction de Vernon J. Parry et M. Y. Yapp), Oxford, U.P., 1957, p. 204.

[4] Pour Çaldiran voir notamment, Colonel Muzaffer Kan, «Selim I’s Iranian and Egyptian Expeditions», dans Revue Internationale d’Histoire Militaire, no. 46, Ankara, 1980, pp. 79-85 ainsi que la bibliographie donnée par Stanford J. Shaw dans History of the Ottoman Empire and Modern Turkey, t. I, Cambridge University Press, 1976, p. 311. Parmi les rares ouvrages occidentaux qui analyse cette bataille nous renvoyons à Histoire universelle des Armées (sous la direction de Jacques Boudet), t. II, Paris, 1966, pp. 19-22. Pour l’art de la guerre ottomane à cette époque, cf., plus récemment, Rhoads Murphey, Ottoman Warfare (1500-1700), New Jersey, Rutgers University Press, 1999, pp. 4-26, pp. 49-114.

[5] Babur fait référence sans doute aux Ottomans dont l’armée impressionna fortement les Persans douze ans plus tôt à Caldiran, Parry, article «Bārūd» dans Encyclopédie de l’Islam, t. I, Paris, Maisonneuve-Larose, 1975, p. 1094.

[6] Le Livre de Babur. Mémoires de Zahiruddin Muhammad Babur de 1494 à 1529 (trad. du turc tchaghatay et annoté par Jean-Louis Bacqué-Grammont), Paris, POF, 1980, pp. 316-317. Pour l’histoire de Babur voir plus récemment Jean-Paul Roux, Histoire des Grands Moghols. Babur, Paris, Fayard, 1989. Une description de la bataille de Panipat dans Douglas E. Streusand, The Formation of the Mughal Empire, Delhi, 1989, pp. 51-54. Pour le dispositif défensif de Babur cf. dernièrement, Jos Gommans, Warhorse and Gunpowder in India, c. 1000-1850, dans War in the Early Modern World 1450-1815 (sous la direction de Jeremy Black), Londres, UCL Press Limited, 1999, p. 117: «This consisted of a number of wagons chained together to form an effective barrier against cavalry charges and to give cover to matchlockmen and a few light-guns. At the start of the sixteenth century the wagenburg made an initial impact, but it certainly failed to herald a new gunpowder era in which artillery and infantry were to dominate Indian warfare».

[7] Boer signifie fermier et trek correspond à une idée de déplacement. Les migrations étaient suivies sur des pistes découvertes par des voortrekkers, les chasseurs, les éclaireurs et les fermiers qui lançaient des expéditions à l’intérieur des territoires inconnues, littéralement, les trekkers qui étaient à l’avant ou les pionniers.

[8] Une description détaillée du chariot des trekkers dans Robert Lacour–Gayet, Histoire de l’Afrique du Sud, Paris, Fayard, 1970, p. 126.

[9] Guerre contre les tribus indigènes qui vivent en Afrique du Sud. D’origine arabe, le mot cafre signifie infidèle.

[10] En afrikaans moderne: laer.

[11] Cf., chap. «La stratégie boer» dans Louis C. D. Joos, Histoire de l’Afrique du Sud, Paris, Editions du Centurion, 1966, pp. 77-79.

[12] La Grande Migration suite au quelle furent fondés l’Etat libre d’Orange et la République du Transvaal.

[13] Leo Marquard, The Story of South Africa, Londres, Faber and Faber, 1963, p. 124-131; R. Lacour–Gayet, op. cit., pp. 110-141; Anthony Nutting, Scramble for Africa. The Great Trek to the Boer War, Londres, 1970, pp. 49-59.

[14] L. Marquard, op. cit., p. 132 , pp. 138-139; R. Lacour–Gayet, op. cit., pp. 134-135, pp. 142-143; L. C. D. Joos, op. cit., p. 118, pp. 122-123 ainsi que l’article de Bernard Lugan, «La longue marche des Boers», dans Terres d’histoire, no. 2, Paris, septembre 1989, pp. 86-93. Pour la colonisation de l’Afrique du Sud, cf. aussi l’excellent ouvrage de Charles Venter, The Great Trek, Don Nelson, Le Cap, 1988.

[15] Le Texas proclama son indépendance en 1835 pour devenir dix ans plus tard membre de l’Union, tandis que les territoires du Nouveau Mexique et d’Arizona furent cédés par Mexique suite à la défaite dans la guerre de 1846-1848; a ce sujet, cf. David Pletcher, The Diplomacy of Annexation: Texas, Mexico and the Mexican War, Columbia, Missouri Press, 1973.

[16] Ray Allen Billington, The Far Western Frontier (1830-1860), Londres, Hamish Hamilton, 1956, p. 31. Parmi la vaste littérature historique concernant le sujet nous renvoyons à l’ouvrage classique de Henry Nash Smith, Virgin Land: The American West as Symbol and Myth, New York, Vintage Books, 1957; Frederick J. Turner, La frontière dans l’histoire des Etats Unis, éd. française, Paris, 1963; Robert M. Utley, The Indian Frontier of the American West, 1846-1890, Albuquerque, 1984, ainsi que le chapitre «Les Etats-Unis au milieu du XIXe siècle» dans la synthèse remarquable de James M. Mc Pherson, La Guerre de Sécession (1861-1865), éd. française, Paris, Robert Laffont, 1991, pp. 11-55, avec notre compte-rendu dans Revue Roumaine d’Histoire, t. XXXIV, no. 3-4, Bucarest, 1992, pp. 374-375.

[17] Notamment R. M. Utley, op. cit., pp. 31-64.

[18] Apud E. Marienstras, La Résistance indienne aux Etats-Unis (XVIe-XXe siècles), éd. française, Paris, Gallimard, 1980, p. 124.

[19] Ibidem; sortis à peine d’une guerre civile meurtrière, les officiers supérieurs de l’armée américaine furent obligés de reconnaître les qualités militaires de leurs nouveaux adversaires: Custer disait: «Aucune race d’hommes, pas même les fameux Cosaques, ne fait preuve d’une adresse aussi merveilleuse à cheval». Le général Benteen les qualifiait ainsi: «Bons tireurs, bons cavaliers, les meilleurs combattants qu’on ai vus sous le soleil». Le général King voyait en eux «des ennemis beaucoup plus redoutables que n’importe quelle cavalerie européenne […]», Ibidem, p. 125. Pour l’évolution militaire des Indiens des grandes plaines voir l’étude de Franck Raymond Secoy, Changing Military Patterns of the Great Plains Indians, University of Nebraska Press, Bison Books, 1999. A les comparer au moins avec les tribus géorgiennes et tchétchènes du Caucase qui combattirent avec le même acharnement, les mêmes tactiques et à la même époque l’autre future super-puissance du XXe siècle: la Russie. A ce sujet, dernièrement, Matei Cazacu, Au Caucase. Russes et Tchétchènes, récits d’une guerre sans fin, Genève, Georg Editeur, 1998.

[20] Selon Hérodote qui nous raconte la campagne des Perses contre les Scythes en 514 av. J.–C., ceux dernières «avait fait prendre les devants à leurs chariots, qui tenaient lieu de maisons à leurs femmes et à leurs enfants, et leur avaient donné ordre d’avancer toujours vers le nord. Ces chariots étaient accompagnés de leurs troupeaux, dont ils ne menaient avec eux que ce qui leur était nécessaire pour vivre», Histoires (trad. du grec par Pierre-Henri Larcher. Introd. et notes par François Hartog), Paris, Maspero, 1980, livre IVe, CXXI, p. 242.

[21] Bernard S. Bachrach, A History of the Alans in the West. From Their First Appearance in the Sources of Classical Antiquity through the Early Middle Ages, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1973, p. 20; Vladimir Kouznetsov, Iaroslav Lebedynsky, Les Alains, cavaliers des steppes, seigneurs du Caucase, éd. française, Paris, Errance, 1997, p. 38.

[22] Otto J. Maenchen-Helfen, The World of the Huns. Studies in their History and Culture, Berkeley, Los Angeles, University of California Press, 1973, p. 215.

[23] Flavius Renatus Vegetius (Végèce), Epitoma rei militaris, (Abrégé des questions militaires), éd. Karl Lang, Leipzig, 1885, livre III, X, p. 91: «Omnes barbari carris suis in orbem conexis ad similitudem castrorum securas superuentibus exigunt noctes». Pour la circulation de l’œuvre de Végèce dans l’Occident médiéval, cf. dernièrement Philippe Richardot, Végèce et la culture militaire au Moyen Age (Ve-XVe siècles), Paris, Economica, 1998. Selon John Frederic Charles Fuller, Les batailles décisives du monde occidental, éd. française, t. I, Paris, Berger-Levrault, p. 121, la plupart des tribus de Barbares nomades appartenaient à une catégorie qu’il nomme «le peuple des chariots». Leur mode de vie était d’autant plus précaire qu’ils formaient non point des armées mais des communautés en perpétuel mouvement; les femmes, les enfants, le cheptel, les bagages, exigeaient des taches constantes de surveillance et de protection. Notons enfin, une observation de Lucius Caecilius Firmianus dit Lactantius (Lactance), tirée de l’ouvrage De mortibus persecutorum (Sur la mort de persécuteurs), éd. Jean Moreau, Paris, 1954, I, p. 88: «Les Barbares ont l’habitude de partir en guerre avec tout ce qu’ils possèdent, embarrassés par leur multitude même et empêtrés de leurs bagages».

[24] Une des premières utilisations tactiques du chariot, mentionnée par les sources nous vient pourtant, de la part des peuples sédentaires à l’instar des Triballes, tribu appartenant à la famille des Thraces qui vivait au IVe siècle av. J.–C. entre le Danube et les monts Balkans (dans l’actuelle Bulgarie). Arrian (Arrien) nous raconte comment en 335 av. J.–C. ils essayèrent d’empêcher l’armée macédonienne d’Alexandre le Grand (336-323 av. J.–C.) à franchir le col de Chipka, Histoire d’Alexandre. L’anabase d’Alexandre le Grand, traduit du grec par Pierre Sevinel suivi de Flavius Arrien entre deux mondes par Pierre Vidal Naquet, Paris, éd. de Minuit, 1984, t. I, 1, 6-13, pp. 18-19. Neuf ans plus tard, en 326 av. J.–C après la bataille de Hydaspe, les forces macédoniennes se heurtèrent à la résistance des Cathéens, tribu indien du Punjab qui décidèrent d’affronter l’ennemi devant la ville de Sangala, retranchés dans une enceinte de trois remparts successifs de chariots disposés en cercle, Ibidem, V, 22, 2-4, pp. 178-179. Un autre récit sur les combats dans Quintus Curtius (Quinte-Curce), Histoires (éd. Henri Bardon), Paris, Belles Lettres, t. II, 1965, livre IX, I, p. 349. Parmi les historiens militaires ayant analysé la bataille de Sangala voir notamment J. F. C. Fuller, The Generalship of Alexander the Great, Londres, Eyre-Spattiswoode, 1958, pp. 255-257. Toutes ces informations qui proviennent des sources narratives de l’Antiquité contredisent les propos de John Childs, auteur de l’article «Waggon-laager» dans Dictionary of Military History, edited by André Corvisier, Oxford, 1994, p. 853: «The employment of waggons to form a defensive perimeter in battle was first recorded by Julius Caesar. He described how the Helvetii retreated to a waggon–lagger after an unsuccessful action against the Romans»!

[25] Theodor Mommsen, Histoire romaine, éd. française, livres I-IV, (éd. Claude Nicolet), Paris, Laffont, t. I, 1985, p. 841.

[26] Caius Iulius Caesar (César), Guerre des Gaules (préf. Paul Marie Duval, trad. et notes L. A. Constans), Paris, Gallimard, 1981, liv. I, 2-4, p. 52-54: «Les Helvètes, qui suivaient avec tous leurs chariots, les rassemblèrent sur un même point; et les combattants, après avoir rejeté notre cavalerie en lui opposant un front très compact, formèrent la phalange et montèrent à l’attaque de notre première ligne […]. On se battit encore autour des bagages fort avant dans la nuit: les Barbares avaient en effet formé une barricade de chariots et, dominant les nôtres, ils les accablaient de traits à mesure qu’ils approchaient; plusieurs aussi lançaient par-dessous, entre les chariots et entre les roues, des piques et des javelots qui blessaient nos soldats. Après un long combat, nous nous rendîmes maîtres des bagages du camp». Pour le lieu de la bataille, voir Constans, notes 41, 42, 46, p. 383.

[27] Guerre des Gaules, liv. I, 51, p. 94. De même, les guerriers bretons commandés par la reine Boadicée dans la bataille décisive qui les opposa en 61 au légions romaines du gouverneur Suetonius Paulinus: «Quant aux Bretons, leurs bandes à pied et à cheval paradaient et voltigeaient tumultueusement, plus nombreuses que jamais, et animées d’une telle audace, qu’ils traînaient leurs femmes à leur suite pour les rendre aussi témoins de la victoire, et les plaçaient sur des chariots qui bordaient l’extrémité de la plaine», C. Cornelius Tacitus (Tacite), Annales (trad. d’après Burnouf, et annot. par Henri Bornecque), Paris, Garnier-Flammarion, 1965, livre XIV, XXXIV, p. 395-396.

[28] Herwig Wolfram, Histoire des Goths, éd. française, Paris, Albin Michel, 1990, p. 113. Selon Edward Gibbon, Histoire du déclin et de la chute de l’Empire Romain (Rome de 96 à 582), éd. française, t. I, Paris, Laffont, 1983, p. 773: «Le «charroi» qui environnait l’armée doit être une phrase familière à ceux qui ont lu Froissart ou Comines». Pour le XVe siècle, dans Le livre de la description des pays de Gilles le Bouvier, contemporain du roi de France Charles VII (1422-1461), nous trouvons le terme de charios. Il s’agissait cette fois-ci des chariots hussites, Philippe Contamine, La Guerre au Moyen Age, Paris, P. U. F., 1980, p. 239. Mais l’enceinte des chariots, Wagenburg en allemand a été traduite en français par chastiaul sur char ou par chastel charral, Ibidem, p. 240.

[29] J. Straub, Studien zur Historia Augusta, Berne, 1952, p. 11, pp. 20-28. Sur l’origine et les variantes du terme jusqu’au XVe siècle, voir Karol Titz, Ohlasy husitskèho valìcnictvi v Europì, Prague, 1922, p. 63. Voir aussi Ion Barnea, article «carrago» dans Enciclopedia arheologiei ºi istoriei vechi a României (sous la direction de Constantin Preda), t. I, Bucarest, 1994, pp. 257-258.

[30] H. Wolfram, op. cit., p. 131.

[31] Ibidem, p. 112. Les Tervinges ont construit des «muros altiu » entre la rivière de Gerasos (Siret) et le Danube. La seule relation appartient à Ammianus Marcellinus (Ammien Marcellin), dans Histoire Romaine, livre XXVII, V, 3, dans Ammien Marcellin, Jordanès, Frontin (Les Stratagèmes), Végèce, Modestus, avec la traduction en français, publiés sous la direction de M. Nisard, Paris, Dubochet, le Chevalier et cie, 1849, p. 391. L’identification du vallum pose encore des problèmes aux spécialistes: Radu Vulpe, «Le vallum de la Moldavie inférieure et le «mur» d’Athanaric», dans Studii ºi Cercetãri de Istorie Veche, t. I, no. 2, Bucarest, 1950, pp. 163-174; M. Brudiu, «Cercetãri arheologice în zona valului lui Athanaric», dans Danubius, no. 8-9, Galaþi, 1979, pp. 151-163; Emmanuel C. Antoche, Marcel Tanasachi, «Le «vallum» (Troian) de la Moldavie Centrale», dans Etudes Roumaines et Aroumaines, (sous la direction de Paul Henri Stahl), «Sociétés Européennes», t. VIII, Paris, EHESS, 1990, pp. 130-133.

[32] Peut-être les régions des sous-carpathes orientales roumaines. A ce sujet M. Cazacu, «Montes Serrorum» (Ammianus Marcellinus, XXVII, 5, 3 ). Zur Siedlungsgeschichte der Westgoten in Rumänien», dans Dacia, t. XVI, Bucarest, 1972, p. 299 avec la bibliographie du problème, ainsi que Gheorghe Diaconu, article «Caucaland», dans Enciclopedia arheologiei, t. I, p. 265.

[33] H. Wolfram, op. cit., p. 112.

[34] Ammien Marcellin, XXXI, XVII, p. 357; H. Wolfram, op. cit., p. 112; Robert E. Dupuy, Trevor H. Dupuy, The Encyclopedia of Military History, from 3.500 BC to the Present, New York–San Francisco, Harper Row, 1977, p. 136. Les suppositions des derniers auteurs en ce qui concerne l’origine de l’enceinte des chariots chez les Goths nous semblent erronées: «Whether this was an original idea, or was inherited from Asia, or was an adaptation of the Roman system of castrametation is not clear». Chez un peuple de race germanique, et surtout migrateur, toujours en contact avec d’autres peuples qui mènent le même genre de vie, l’origine de l’utilisation tactique du chariot ne semble pas représenter une énigme. L’idée d’une influence romaine doit être exclue. Cependant elle s’est certainement manifestée dans la construction des valla, si caractéristiques de l’architecture militaire impériale.

[35] Ecrivains de l’Histoire Auguste (trad. Florence Legay), t. I, Paris, 1844: Gallienus Pater, XIII, pp. 330-331; Divus Claudius, VIII, pp. 434-435; J. Straub, op. cit., pp. 59-60.

[36] «quo comperto, Scythae facta caragine per montem Gessarem, fugere sunt conati», Gallienus Pater, XIII, p. 330. Pour l’identification du mont Gessace (Gessax), voir H. Wolfram, op. cit., p. 68: Il s’agit «d’une montagne de Thrace que l’on peut situer soit dans le pays des Besses soit dans la chaîne des Rhodopes».

[37] Dans une lettre que l’empereur Claude II (268-270) adressa à Brochus, le gouverneur d’Illyrie, où lui annonça sa victoire, il avait mentionné que «nullum iter purum est: ingens carrago deserta est», Divus Claudius, VIII, p. 434. Straub, pp. 37-40, note une série des éléments communs entre la capture des chariots barbares à la bataille de Naïssus (l’actuel Niš en Serbie), livrée en 269 et un épisode semblable qui se passe en 379, après Andrinople, lorsque les Romains s’emparent aussi d’environ 4.000 voitures! Voir Zosimos (Zosime), Histoire nouvelle (éd. François Paschoud), Paris, Belles Lettres, 1971, t. II, 2e partie, Paris, 1979, pp. 287-288. Pour Straub, l’anonyme latine de l’Histoire Auguste, s’inspire des événements de 379 pour attribuer un exploit analogue à Claude II.

[38] André Piganiol, L’Empire chrétien (325- 395), Paris, P. U. F., 1947, p. 167, note 93; I. Barnea, op. cit., p. 258.

[39] Ammien Marcellin, XXXI, VII, p. 357-358; H. Wolfram, op. cit., p. 135.

[40] Ammien Marcellin, XXXI, VII, pp. 364-366; Zosime, livre IV, XXII-XXIV, pp. 283-287; E. Gibbon, op. cit., pp. 773-779; H. Wolfram, op. cit., pp. 136-141; R. E. Dupuy, T. H. Dupuy, op. cit., pp. 156-157; Sir Charles Oman, A History of the Art of War in the Middle Ages, IIe éd., t. I, New York, 1924, pp. 13-15; A. Piganiol, op. cit., pp. 167-169 avec une bibliographie jusqu’en 1947, dans la note 100, p. 168; L. Schmidt, Geschichte der deutschen Stâmme. Die Ostgermanen, Munich, 1941, pp. 410-412; Ernest Stein, Histoire du Bas Empire (éd. J. R. Palanque), t. I, Paris, 1959, pp. 189-191; T. S. Burns, «The Battle of Andrinople, a Reconsideration», dans Historia 22, Londres, 1973, pp. 341-345; Franco Cardini, Alle radici della cavaleria medievale, Florence, La Nouva Italia, 1981, pp. 5-7; Hans Delbrück, History of the Art of War, éd. américaine, t. II, «The Barbarian Invasion», (trad. par W. J. Renfroe Jr.), Bison Book, 1990, pp. 269-284 ainsi que l’analyse de la bataille faite par Ph. Richardot dans La fin de l’armée romaine (284-476), 2e éd., Paris, Economica, 2001, pp. 271-291.

[41] A. Piganiol, op. cit., pp. 167-169; C. Oman, op. cit., p. 15; Bernard Law Montgomery, vicomte d’Alamein, Histoire de la Guerre, éd. française, Paris, France Empire, 1970, pp. 138-139; Gérard Chaliand, Anthologie mondiale de la stratégie. Des origines au nucléaire, Paris, Laffont, 1990, p. XXIX.

[42] H. Wolfram, op. cit., p. 63.

[43] Ibidem, pp. 165-166; Ferdinand Lot, Les invasions germaniques. La pénétration mutuelle du monde barbare et du monde romain, Paris, Payot, 1935, pp. 65-71; E. Stein, op. cit., pp. 226-228.

[44] Michel Rouche, L’Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781. Naissance d’une région, Paris, éd. de l’EHESS, 1979, p. 24.

[45] Ibidem, p. 28-29.

[46] Pour une courte bibliographie sur la bataille voir en premier Jordanès, De Getarum Sive Gothorum, Origine et Rebus Gestis, XXXVI-XLI dans Ammien Marcellin, Jordanès, Frontin (Les Stratagèmes), Végèce, Modestus, pp. 456-462. Des commentaires, chez E. Gibbon, op. cit., pp. 1027-1029; E. Stein, op. cit., p. 335; Ph. Richardot, La fin de l’armée romaine, pp. 323-341; J. F. C. Fuller, Les batailles décisives, pp. 148-151; Franz Altheim, Attila et les Huns, éd. française, Paris, Payot, 1952, pp. 177-179; E. Paillard, «Essai sur l’ancien itinéraire de Metz à Orléans et la localisation de la défaite d’Attila en 45», dans Mémoires de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, t. 82, 1967, pp. 51-84; U. Täckholm, «Aetius and the Battle of the Catalaunian Plains», dans Opuscula Romana, t. VII, 1969, pp. 259-276; Louis Hambis, Attila et les Huns, Paris, P. U. F., 1972, pp. 88-95; Giuseppe Zecchini, Aezio: 1’ultima difesa dell’Occidente Romano, Centro Ricerche e Documentazione sull Antichità Classica, Rome, 1983, pp. 268-273.

[47] L. Hambis, op. cit., p. 93. Même si, d’après G. Zecchini, op. cit., p. 269, «la descripzione di questa battaglia constituisce il «pezzo forte» dei Getica», les passages en question ne suffisent pas du tout à reconstituer les combats.

[48] Jordanès, XL, p. 461; Chez L. Hambis, op. cit., p. 92, les Romains et les Wisigoths n’osèrent pas attaquer les défenses des Huns, car ils les jugèrent trop fortes.

[49] Ph. Contamine dans Histoire militaire de la France (sous la direction d’André Corvisier), t. I, «Des origines à 1715», Paris, Quadrige/P. U. F., 1997, p. 33.

[50] Grégoire de Tours, Histoire des Francs (éd. R. Latouche), t. II, Paris, 1965, pp. 119-120.

[51] Esprit du chevalier Folard, tiré de ses commentaires sur l’Histoire de Polybe/par main de maître, Berlin, chez Chrétien Frédéric Woss, 1761, p. 36. A ce sujet, voir notamment l’ouvrage de Jean Chagniot, Le chevalier de Folard ou la stratégie de l’incertitude, Monaco, Ed. Du Rocher, 1997, p. 121, pp. 259-260.

[52] Ph. Contamine, Histoire militaire, p. 65. Entre le XIIe et le XIVe siècle, lorsque les techniques de siège s’améliorent, «ces machines-tours, beffrois ou châteaux de bois, assez fréquemment représentés dans les miniatures, portent des noms divers, dont certains hérités de l’Antiquité ou retrouvés dans les œuvres des spécialistes latins: truies, vignes, chats ou chattes, belettes, guérites, «chats châteaux». Abritant des archers, des chevaliers, des arbalétriers, la plupart de ces machines pouvaient être placées sur rouleaux pour s’avancer à proximité de la muraille adverse sous la poussé de dizaines et de dizaines de manœuvres. D’autres plus petites étaient montées sur des chariots»., Idem, La Guerre au Moyen Age, p. 209. Plus tard, à partir de la deuxième moitié du XIVe siècle, même les pièces d’artillerie «étaient transportées dans des chars, des chariots, munis en général de quatre roues, et il fallait les déposer avant qu’elles pussent tirer. Les canons étaient installés sur un chevalet, ou un châssis», Ibidem, p. 266.

[53] Mihail P. Dan, Cehi, Slovaci ºi Români în veacurile XIII-XVI, Sibiu, 1944, p. 213.

[54] A ce sujet nous renvoyons surtout aux contributions de Gina Fasoli, Dalla «civitas» al comune, Bologne, 1961; Idem, «Governanti e governati nei comuni cittadini italiani fra l’XI ed il XIII secolo», dans Etudes Suisses d’Histoire Générale, t. XX, Berne, 1962-1963, pp. 141-173, et de Paolo Brezzi, I comuni medioevali nella storia d’Italia, Turin, 1970.

[55] J. F. Verbruggen, «L’art militaire en Europe Occidentale du IXe au XIVe siècle», dans Revue Internationale d’Histoire Militaire, no. 16, Paris, 1955, p. 493.

[56] F. Cardini, La culture de la guerre, éd. française, Paris, Gallimard, 1992, pp. 53-54. Sur les milices communales italiennes, voir la bibliographie présentée à la p. 458 de l’ouvrage.

[57] J. F. Verbruggen, De Krijkunst in West-Eüropa in de Middeleeuwen, (IXe tot begin XIVe eeuw), Bruxelles, 1954, p. 561. Sur Legnano et Cortenuova cf. Bertrand Hanow, Beiträge zur Kriegsgeschichte der staufischen Zeit. Die Schlachten bei Carcano und Legnano, Berlin, 1905; Karl Hadank, Die Schlacht bei Cortenuova am 27 November 1237, Berlin, 1937 ainsi que la bibliographie donnée par Wolfgang Erben dans Kriegsgeschichte des Mittelalters, Munich–Berlin, 1929, p. 120.

[58] F. Cardini, La culture de la guerre, p. 54.

[59] Ibidem.

[60] Ibidem, ainsi que l’essai de H. Zug Tucci, «Il carrocio nella vita comunale italiana», dans Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und Bibliotheken, t. LXV, Tübingen, 1985, pp. 1-104.

[61] Ph. Contamine, L’oriflamme de Saint-Denis aux XIVe-XVe siècles. Etude de symbolique religieuse et royale, Nancy, 1975. Lors d’une autre célèbre bataille, celle de Bouvines (le 27 juillet 1214), «face à Philippe Auguste, à la bannière royale fleurdelisée, à l’oriflamme de Saint-Denis, le terrifiant étendard impérial avec son dragon surmonté d’un aigle», était fixé au sommet d’un chariot à quatre roues, Idem, Histoire militaire, p. 83.

[62] En ce qui concerne l’art de la guerre byzantin cf. notamment, F. Lot, L’art militaire et les armées au Moyen Age en Europe et dans le Proche Orient, t. I, Paris, 1946, pp. 32-72; Histoire universelle des Armées, t. I, Paris, 1965, pp. 162-174; J. F. Haldon, Some Aspects of Byzantine Military Technology from the Sixth to the Tenth Century, Londres, 1975.

[63] F. Aussaresses, L’armée byzantine à la fin du Ve siècle d’après le Strategikon de l’Empereur Maurice, Bordeaux–Paris, 1909; Alphonse Dain, Les Stratégistes byzantins (Travaux et mémoires. Centre de recherche d’histoire et civilisation byzantines), no. 2, Paris, 1967, pp. 329-361; G. T. Dennis, E. Gamillscheg, Das Strategikon des Maurikios, Vienne, 1981; Gilbert Dagron, «Byzance et le modèle islamique au Xe siècle. A propos des Constitutions tactiques de l’empereur Leon VI», dans Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Comptes rendus des séances de l’année 1983, pp. 219-242; G. T. Dennis, Maurice’s Strategikon. Handbook of Byzantine Military Strategy, Philadelphia, 1984; Idem, Haralambie Mihãiescu, Le traité sur la guérilla (De velitatione) de l’empereur Nicephore Phocas (963-969), Paris, Editions du CNRS, 1986.

[64] Sur les Petchénègues voir René Grousset, L’Empire des Steppes. Attila, Gengis-Khan, Tamerlan, Paris, Payot, 1965, pp. 238-240; Gheorghe I. Brãtianu, La Mer Noire. Des origines à la conquête ottomane, «Acta historica», t. IX, Munich, 1969, pp. 161-162; Petre Diaconu, Les Petchénègues au Bas-Danube, Bucarest, 1970; Mihai Sîmpetru, «Le Bas-Danube au Xe siècle de notre ère», dans Dacia, nouv. série, t. XVIII, Bucarest, 1974, pp. 239-264; Victor Spinei, «Les Petchénègues au nord du Bas-Danube aux Xe-XIe siècles», dans Actes du XIIe Congrès International des Sciences Préhistoriques et Protohistoriques, Bratislava, 1-7 septembre 1991 (sous la direction de Jan Pavuk), t. IV, Bratislava, 1993, p. 285-290, ainsi que son dernier ouvrage, essentiel dans l’étude des migrations tardives qui mérite sans doute, une nouvelle édition dans une langue de circulation internationale, Marile migraþii din estul ºi sud-estul Europei în secolele IX-XIII, Jassy, Institutul European, 1999, pp. 88-151 avec la bibliographie du sujet, pp. 147-151.

[65] Anne Comnène, Alexiade (ed. Bertrand Leib), t. II, Paris, 1943, pp. 90-93. Cette campagne fut étudiée par Karl Dieter dans «Zur Glaubwürdigkeit der Anna Komnena. I. Der Petschenegenkrieg 1084-1091», dans Byzantinische Zeitschrift, t. III, Munich, 1894, pp. 386-390 et par P. Stephenson, Byzantium’s Balkan Frontier. A Political Study of the Northern Balkans, 900-1204, Cambridge, 2000, pp. 89-103.

[66] R. Grousset, op. cit., p. 240; Gh. I. Brãtianu, op. cit., p. 162; V. Spinei, Marile migraþii, pp. 137-138.

[67] Nikita Choniates, Historia dans Fontes Historiae Daco-Romanae, t. III (éd. Alexandru Elian, Nicolae ª. Tanaºoca), Bucarest, 1975, pp. 245-247 (trad. française par Matei Cazacu), événements décrits aussi dans la chronique de Jean Kinnamos, cf. Ioannis Cinnami, Epitome rerum ab Ioanne et Alexio Comnenis gestarum (éd. A. Meininke), Bonn, 1836, pp. 7-8.

[68] C. Oman, op. cit., t. II, New York, 1925, p. 363; H. W. Koch, La guerre au Moyen Age, Paris, Nathan, 1980, p. 63.

[69] C. Oman, op. cit., t. II, p. 363.

[70] Bertold Spuler, Les Mongols dans l’histoire, éd. française, Paris, 1961, pp. 23-24; Charles Commeaux, La vie quotidienne chez les Mongols de la conquête, Paris, 1972, p. 131; James Chambers, Les cavaliers du diable. L’invasion mongole en Europe, éd. française, Paris, Payot, 1988, pp. 102-103. Il paraît qu’à la bataille de Leignitz (le 9 avril 1241), les Mongols avaient utilisé «des fusées ou des produits fumigènes asphyxiants, sortes de feux grégeois qui, ajoutés à l’extrême efficacité de leurs volées de flèches, décidèrent de leur victoire, un instant compromise par la charge des chevaliers silésiens», Histoire Universelle des Armées, p. 284. Pour l’organisation militaire et l’art de la guerre chez les Mongols, cf. le récit de Jean de Plan Carpin, Histoire des Mongols (trad. et annot. par Jean Becquet et Louis Hambis), Paris, 1965, pp. 73-90, pp. 91-100 et Histoire secrète des Mongols (Monqghol-un ni’uca tobciyan). Chronique mongole du XIIIe siècle, annot. et trad. du mongol par Marce–Dominique Even et Rodica Pop, Paris, Gallimard, 1994, ainsi que l’excellente analyse de V. Spinei, Marile migraþii, pp. 340-351 avec la bibliographie du sujet, Ibidem, pp. 443-451.

[71] Sur Kalka, voir, Ibidem, p. 378 avec présentation des sources, notes 172, 173; R. Grousset, op. cit., pp. 307-308; B. Grekov, A. Iakoubovski, La Horde d’Or et la Russie. (La domination tatare aux XIIIe et XIVe siècles de la Mer Jaune à la Mer Noire), éd. française, Paris, Payot, 1961, pp. 190-195; John Fennell, The Crisis of Medieval Russia (1200-1304), Londres–New York, 1962, pp. 66-68; Alexandru Gonþa, Românii ºi Hoarda de Aur. 1241-1520, Münich, 1983, pp. 34-35; J. Chambers, op. cit., pp. 54-55.

[72] «Les Mongols reculèrent et n’acceptèrent le combat que lorsque l’ennemi fut convenablement fatigué et que ses divers corps d’armée se trouvèrent suffisamment espacés entre eux», R. Grousset, op. cit., p. 308. Voir aussi Gh. I. Brãtianu, op. cit., p. 162; B. Grekov, A. Iakoubovski, op. cit., pp. 191-192; Al. Gonþa, op. cit., pp. 34-35.

[73] Neveu de Gengis Khan et fondateur du Khanat de la Horde d’Or (1242-1256).

[74] Gh. I. Brãtianu, op. cit., p. 201.

[75] Batu aurait déclaré à juste titre : «[…] ils sont dans nos mains, car ils sont mal dirigés et, à la manière des moutons ils se sont enfermés dans un bercail étroit», apud, Lájos Makkai, Histoire de la Hongrie (sous la direction de E. Pamlényi), éd. Corvina, Roanne, Budapest, 1974, p. 81. Le chariot fut souvent employé comme moyen de défense par les tribus hongroises lors de leurs chevauchées à travers l’Europe au Xe siècle, Ph. Contamine, La Guerre au Moyen Age, p. 113.

[76] Pour la bataille voir Gustav Köhler, Die Entwickelung des Kriegswesens und der Kriegführung in der Ritterzeit von Mitte des 11 Jahrhunderts bis zu den Hussitenkriegen, t. V, Breslau, 1890, p. 451-453; C. Oman, op. cit., t. II, p. 363; J. Chambers, op. cit., pp. 151-155; Al. Gonþa, op. cit., pp. 68-69, ainsi que l’article essentiel de O. Olchváry, «A muhi csata», dans Századok, t. XXXVI, Budapest, 1902, pp. 309-325, pp. 412-427, pp. 505-527.

[77] L. Makkai, op. cit., p. 82; J. Chambers, op. cit., p. 155.

[78] Alexander Gieysztor, Histoire de la Pologne, Varsovie, Ed. Scientifiques de Pologne, 1971, p. 149.

[79] R. Grousset, op. cit., p. 523; Al. Gieysztor, op. cit., p. 149.

[80] Ibidem, p. 149; Nicolae Grigoraº, Þara româneascã a Moldovei pînã la ªtefan cel Mare (1359‑1457), Jassy, Junimea, 1978, pp. 71‑72; Al. Gonþa, op. cit., p. 158; Constantin Cihodaru, Alexandru cel Bun (23 aprilie 1399‑1 ianuarie 1432), Jassy, Junimea, 1984, p. 180.

[81] Henri Delpech, La tactique au XIIIe siècle, t. I, Paris, 1886, p. 294; Jacques Hérent, La bataille de Mons-en-Pévèle, Lille, 1904; J. F. Verbruggen, «De Slag bij de Pelenberg», dans Bijdragen voor de Geschiedenis der Nederlanden, t. VI, 1952, pp. 169-198; Idem, De Krijkunst in West-Eüropa, pp. 325‑335 avec un résumé en français, pp. 568‑569; Idem, L’art militaire en Europe Occidentale, pp. 486‑496.

[82] Ibidem, p. 568.

[83] Ibidem. On peut se rappeler le dispositif de combat choisi par les Germains d’Arioviste pour affronter César en 58 av. J.–C.: «et pour s’interdire tout espoir de fuite, ils formèrent une barrière continue sur tout l’arrière du front avec les chariots et les voitures», G. César, Guerre des Gaules, I, 51, p. 94. Quant aux Flamands ils disposèrent les chariots sur trois lignes derrière leur formation pour se protéger contre les tentatives de débordement de la cavalerie française.

[84] J. F. Verbruggen, De Krijkunst in West-Eüropa, p. 327, p. 568. Comme d’habitude, dans ce genre de confrontation entre les formations d’infanterie et les chevaliers, ces derniers disposaient des effectifs presque insignifiants par rapport à leurs adversaires. Ni à Crécy (1346) ni à Azincourt (1415) ils n’ont eu de supériorité numérique sur l’ennemi qu’ils étaient en train de charger. A ce sujet, voir, Ph. Contamine, «Crécy (1346) et Azincourt (1415), une com­paraison», dans Divers aspects du Moyen Age en Occident, Actes du Congrès tenu à Calais en septembre 1974, Calais, 1977, pp. 30‑31, pp. 35‑36, p. 42.

[85] Idem, La Guerre au Moyen Age, p. 340.

[86] Histoire universelle des Armées, t. II, 1966, p. 100.

[87] Pour la bataille, consulter notamment la bibliographie donnée par W. Erben, op. cit., pp. 127‑128 ainsi que C. Oman, op. cit., t. I, pp. 136­-147; F. Lot, L’art militaire et les armées au Moyen Age, t. I, pp. 341‑347 et H. Delbrück, op. cit., t. III, «Medieval Warfare», pp. 453-463; J. G. Kerkhoven, «Les Anglais ont‑ils fait usage d’armes a feu a la bataille de Crécy?», dans Revue Internationale d’Histoire Militaire, no. 19, Den Haag, 1957, pp. 323‑33; Ph. Contamine, Crécy (1346) et Azincourt (1415), pp. 29‑44; Idem, La vie quotidienne pendant la guerre de Cent Ans. France et Angleterre. (XIVe siècle), Paris, Hachette, 1976, pp. 245‑250; Desmond Seward, The Hundred Years War. The English in France (1337‑1453), New York, Atheneum, 1978, pp. 53‑69.

[88] F. Lot, L’art militaire et les armées au Moyen Age, t. I, p. 341: «Des abattis, des chariots en quantité bouchaient toutes les fissures de son front de bataille regardant vers le sud‑est, vers la route antique, la voie romaine». Cependant C. Oman, op. cit., t. I, p. 138, note 2, avait écrit que: «It is certain that the two or three foreign chroniclers who speak of the waggon park as a part of the English line are wholly wrong. None of the good authorities place it anywhere save in the rear».

[89] Ibidem, p. 138; D. Seward, op. cit., p. 65. Nous retrouvons la même fonction tactique dans un plan de bataille soumis à l’approbation du duc de Bourgogne, Jean sans Peur en 1417, où on prévoit pour le cas où l’ennemi attaquerait, «de faire mettre pied à terre aussi bien l’avant-garde et les deux ailes d’archers et d’arbalétriers, que le corps de bataille principal, qui devra se tenir ou bien sur le côté de l’avant garde (si la place est large) ou bien à 50-60 pas en arrière, tandis qu’à un trait d’arc plus loin (100-200m) se tiendrait l’arrière-garde, composée de 400 hommes d’armes à cheval et 300 hommes de trait, veillant à ce que l’armée puisse être tournée. Enfin, plus loin, au-delà de l’arrière-garde, le charroi se rassemblerait pour former une sorte de camp fortifié», Ph. Contamine, La guerre au Moyen Age, p. 384‑385, ainsi que l’article de J. F. Verbruggen, «Un plan de bataille du duc de Bourgogne (14 septembre 1417) et la tactique de l’époque», dans Revue Internationale d’Histoire Militaire, Bruxelles, 1959, pp. 443‑451.

[90] La source principale demeure la chronique de Jan Dlugosz, Historiae Polonicae, t. I, Leipzig, 1711, col. 255‑270. Pour les com­mentaires de l’historiographie: H. Delbrück, op. cit., t. III, pp. 523‑526; W. Erben, op. cit., pp. 130-131 avec la bibliographie allemande jusqu’en 1920; F. Lot, L’art militaire et les armées au Moyen Age, t. II, Paris, 1946, pp. 154‑158; Otto Laskowski, Grunwald, Londres, 1945; Stephan D. Kuczinski, Wielha Woina z Zakonem Krzyzaskim w latach 1409‑1410, Varsovie, 1960, p. 30‑55; S. Ekdahl, Die Banderia Prutenorum des Jan Dlugosz eine Quelle zur Schlacht bei Tannenberg, 1410, Gottingen–Zurich, 1976; Frédéric de Salles, Annales de l’Ordre Teutonique ou de Sainte‑Marie‑de‑Jérusalem depuis son origine jusqu’à nos jours, Paris, Genève, 1986, pp. 112‑116; Erik Christiansen, Les croisades nordiques. La Baltique et la frontière catholique (1100-1525), éd. française, Condé-sur-Noireau, Alerion, 1996, pp. 365-369. Pour l’armement et la mentalité militaire de l’époque voir l’étude d’Andrzej Nadolski, «Les combattants polonais en lutte contre les Chevaliers Teutoniques à la fin du XIVe et au commencement du XVe siècle» dans Le combattant au Moyen Age, Histoire ancienne et médiévale (Publications de la Sorbonne, no. 36), Paris, 1995, pp. 151-160.

[91] Pour les informations concernant le Wagenburg, voir J. Dlugosz, op. cit., col. 266; Hugo Toman, Husitské váleènictvi za doby Žižkovy a Prokopovy, Prague, 1898, p. 8 et F. Lot, L’art militaire et les armées au Moyen Age, t. I, p. 156; Pour les effectifs consulter notamment H. Delbrück, op. cit., t. III, p. 523. L’adversaire comptait dans ses rangs, en dehors les Polonais et les Lituaniens, des Russes, des Tchèques, des Silésiens et des Moldaves. L’effectif total de l’armée alliée était d’environ 16.000 combattants.

[92] F. Lot, L’art militaire et les armées au Moyen Age, t. II, Paris, 1946, pp. 157-158.

[93] Ibidem, p. 158; H. Delbrück, op. cit., t. III, p. 526.

[94] Fr. de Salles, op. cit., p. 114; Ernest Denis, Huss et la guerre des Hussites, Paris, 1878, p. 221. Voir aussi M. P. Dan, op. cit., p. 136 avec une large bibliographie. Parmi les autres chefs tchèques qui avaient combattu à Grunwald du côté polonais, notons la présence d’Angel de Smerpurk, Salav, Rakovec de Rakovo, Stanislávek, etc.

[95] E. Denis, op. cit., p. 221. De toute manière, dès 1413 le seigneur Hájek de Hodìtin qui rédigea sur ordre du roi de Bohême, Venceslas IV (1378-1419), la première constitution militaire tchèque énumérait à son tour les fonctions tactiques des chariots dans la défensive, qu’il s’agissait de la sécurité du campement d’une armée en campagne ou, en les mettant en ligne pour couvrir un dispositif constitué d’archers ou d’arbalétriers, Ibidem, pp. 225‑226, p. 229; H. Delbrück, op. cit., t. III, pp. 488-489; Jan Macek, Jean Hus et les traditions hussites (XVe-XIXe siècles), éd. française, Paris, Plon, 1973, p. 41. Pour l’art militaire des Hussites nous renvoyons à quelques ouvrages essentiels: Frederic Bezold, König Sigmund und die Reichskriege gegen die Hussiten, t. I-III, Berlin, 1872-1877; Wácslaw Wladiwoj Tomek, Jan Žižka. O sepsáni Ziwotopisu jeho pokusil se Wácslaw Wladiwoj Tomek, Prague, 1879; Idem, Déjini válek husitskyeh (1419-1436), Prague, 1898; Rudolf Urbánek, Jan ižka, Prague, 1925; Jan Pekar, ižka a jeho doba, t. I-II, Prague, 1927-1933; Hans Kuffner, Husitské v obrazech, Prague, 1932; Jan Durdík, Husitské vojenstvi, Prague, 1954; Christian Willars, Die böhmische Zitadelle, Vienne–Münich–Mölden, 1965, avec un bon appareil critique, pp. 435-444; Frederic Smahel, Jan ižka z Trocnova, Prague, 1969; F. G. Heyman, John Zizka and the Hussite Revolution, New York, 1969; Anthologie hussite (textes traduits du tchèque et commentés par Jan Lávicka), Paris, P. U. F., 1985; I Taboriti. Avanguardia della rivoluzione hussita (sec. XV). Gli scritti essenziali, a cura di Amedeo Molnár, Turin, Claudiana Editrice, 1986.