La victoire de Ste-Foy de 1760
La victoire de Ste-Foy de 1760


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La victoire de Ste-Foy 1760

auteur:Douville Charlie

Bonjour

Un archiviste/historien Canadien m'a fait le plaisir de m'envoyer un exposé extrèmement complet et intéressant sur la bataille de Ste-Foy, qui est une victoire Franco-Canadienne et la revanche sur la défaite des Plaines d'Abraham . Les miliciens Canadiens se sont particulièrement bien battus, ils avaient quelques comtes à régler avec les Britanniques puisque Wolf ( voulant venger une défaite subie en 1759 sur les plages de Montmorency ) s'était ingénié à brûler des familles entières de Canadiens . Il se trouve que justement les victimes n'étaient autre que les femmes et les enfants des soldats Canadiens qui combattirent à Ste-Foy .

Le chevalier de Lévis sauve l'honneur du drapeau Français. _

Les préparatifs de Lévis :

Dès le début de décembre, Lévis avait dans l'idée pour reprendre la ville de Québec d'une campagne surprise l'hiver, mais malgré cela, il n'y avait pas assez de vivres et d'équipements pour entreprendre une telle campagne.

Entre-temps, Lévis s'efforçait de raffermir le moral de ses troupes en leur exposant clairement la situation et leur expliquant clairement ce qu'il attendait d'elle au cours de la campagne du printemps. Dans une circulaire datée de 29 mars, il écrivait aux officiers :

« Je vous prie de les [soldats et miliciens] prévenir qu'ils doivent s';attendre à une campagne dure. Malgré les efforts de l'Intendance, Je ne vois bien assuré qu'en pain et, lorsque nous serons devant Québec, nous ne mangerons, soit en cheval ou en boeuf, la viande que nous pourrons avoir. »

Il leur confirmait qu'il n'y avait pas de vêtements disponibles, pas plus que de capotes d'hiver ou de soldats, de fusils supplémentaires, de gibernes, de culottes et de caleçons. Quant au bidons, gamelles et cuillères, il faudrait s'en fabriquer en bois. Il n'y avait pas non plus beaucoup de fils ou de tissus pour raccommoder les vêtements.

Les troupes régulières comme celles de la Marine étaient vêtues d'uniformes délavés, rapiécés et déchirés. Le dévouement des bonnes dames de Montréal rapporta un peu de confort à cette armée en pièces. `

Les miliciens quant à eux, étaient habillés avec leurs habits de tous les jours et ils n'avaient pour armes que leurs fusils de chasse. Ils fixaient sur les canons des couteaux de chasse en guise de baïonnette. Quant au munitions, elles étaient à l'avenant. Une grande partie des canons avaient été perdue lors de l'évacuation du camp de Beauport et de Cap-Rouge. Un relevé de

Vaudreuil ne trouva que 169 canons et 21 mortiers avec seulement 15 950 boulets, 312 bombes et 200 300 livres de poudres. Une grande partie de cette armement se trouvait dispersée dans divers forts et ne pouvaient être utilisé en campagne.

C'est donc avec une armée de loqueteux, une « [] une armée de gueux » selon les termes de Lévis, que la campagne de printemps est entreprise pour réparer la défaite du 13 septembre dernier et ainsi reprendre la ville. À défaut d'équipements, de bonnes armes et de munitions en quantités suffisantes, cette armée étaient animés d'une farouche décision, d'une volonté de résister et d'un véritable héroïsme qui allait leur inspirer une des plus brillantes actions de cette guerre. La colonie voulait continuer à vivre.

_ La route vers Québec :

Dès Montréal, le 15 avril 1760, on mit è flot deux navires avec le major général des logis, le chevalier de La Pause, et l'ingénieur Desandrouins qui se rendent à la Pointe-aux-Trembles pour préparer les cantonnements. Qui se rendaient à la Pointe-aux-Trembles pour préparer les cantonnements.

Le 17, les chefs de bataillons reçurent les ordres de marche pour leur embarquements fixé au 20. La première partie du trajet s'effectua rapidement mais, au lac Saint-Pierre, il fallut faire halte par suite d'un vent fort de nord-est qui empêchait l'écoulement de la glace. Le 22, le temps se mit au beau et la flottille traversa le lac en s'adjoignant au passage les troupes de la régions de Trois-Rivières.

L'armée Française vint camper antre La Pérade et Deschambeault pour y attendre l'ouverture du chenal. Elle y essuya une nouvelle tempête qui eut pour effet de disloquer le pont de glace qui tenait encore de l'île d'Orléans à Cap-Rouge. Le 24, les frégates et une dizaine de transports partirent en tête du convoi, qui aborda à la Pointe-aux-trembles au coucher du soleil.

Les battures de glaces tenaient toujours le long de la terre ferme et on eut beaucoup de difficultés pour hisser les embarcations pour les amener sur la terre ferme afin d'éviter qu'elles soient emportés avec les glaces lors d'une prochaine marée.

On débarqua trois canons qui devaient compléter le trajet par voie de terre. Les troupes se reposèrent durant toute la journée du 25, tandis que des éclaireurs allaient reconnaître les positions ennemies. Le lendemain, les embarcations furent remises à l'eau, pour se rendre à Saint-Augustin.

Vers midi, on cessa la route car à ce moment, les falaises empêchaient toute nouvelle approche vers Québec. On allait donc passer sur terre et attaquer par Sainte-Foy et la forêt de Sillery..

Lévis avait complètement réorganisés les cadres de son armée en incorporant les unités de milice dans les bataillons de réguliers au sein desquels elle formaient des compagnies distinctes et homogènes. Cette nouvelle armée Française comprenait cinq brigades formées de deux bataillons chacune, auxquelles s'ajoutaient des troupes hors lignes.

Pensant que les troupes de Murray occupaient Cap-Rouge, Lévis décide de contourner le terrain. Il passa par la route de Lorette pour traverser la rivière. Il envoya une compagnie de grenadiers sous les ordres de Bourlamaque pour rétablir les ponts détruits par les Anglais.

Ce fut fait vers 2 heures de l'après-midi et les troupes de Lévis s'avancèrent sur les ponts. l'avant-poste Anglais fut immédiatement évacué par les soldats anglais en place qui visiblement n'auraient pas fait le poids.

Ils foncèrent sur Sainte-Foy pour prévenir les unités anglaises en place pour prévenir de la menace. L'armée Française reprit la route qui devint extrêmement pénible car il fallait traverser les marais gelés de la Suète.

Murray apprend l,approche de Lévis :

Le général Anglais Murray se doutait de quelques chose, mais il croyait que l'attaque se ferait par le fleuve une fois les glaces disparues. Le 21 avril, il assiste à la lente débâcle sur le fleuve et fait afficher une proclamation sur les murs de la ville qui ordonnait aux civil d'évacuer la ville dans les trois jours. Cela se fit pour éviter tout soulèvement.

Jusqu'à la nuit du 26 et 27, la garnison ignorait tout du débarquement des troupes Françaises à Saint-Augustin et de sa progression. C'est vraiment par le hasard d'un rescapé Français. Une sentinelle anglaise avait entendu des cris d'un homme qui appelait à l'aide.

Une chaloupe parti pour trouver un marin Français presque mort de froid sur les glaces. Ses propos furent si important qu'on le mena immédiatement au quartier général de Murray. Il révéla que son embarcation s’était retourné et qu'il faisait partie d'une expédition dans le but de reprendre Québec. Avant de rendre le dernier soupir, il révéla que Lévis était proche de Québec avec une puissante armée. _

Les deux armées se préparent : Murray fait sonner le réveil et prépare son armée à une marche vers l'armée de Lévis. Au petit jour, avec les grenadiers, cinq régiments et 10 pièces d'artillerie, il s'avance sur Sainte-Foy où il installa ses hommes dans l'église et dans les maisons avoisinantes.

L'armée Anglaise tenait une superbe position et attendait les hommes de Lévis. Ce dernier s'aperçu de la bonne position de Murray et n««,attaqua pas tout de suite une si bonne position et surtout pas avec des hommes exténués par trente heures de marche dans le mauvais temps.

Une forêt d'un demi-mille de distance séparait les deux armées. Lévis profita de cette couverture pour contourner les Anglais sur la droite. Murray crut avoir à faire à une armée supérieur en nombre et décida de se retirer.

Lévis venait à peine de mettre son armée en marche que l'église de Sainte-Foy vola en éclat et s'enflammer. C'était Murray qui, ne pouvant retirer toutes minutions, avait décidé de les détruire pour éviter de les laisser entre les mains de Français.

L'armée Française continue son avance. Ce fut d'ailleurs assez pénible car elle doit avancer dans la « slush », un mélange de neige à moitié fondu et de boue épaisse. Un officier note :

« Cette marche a été aussi dure que pénible. Tous les officiers l'ont faite à pied et on eu à souffrir, aussi bien que les soldats, de la pluie, de la neige, aussi bien que de l'incommodité de marcher dans l'eau et dans certains endroits jusqu'à mi-jambe. » D'ailleurs, le lieu de la bataille était justement en totalité de la slush.

À 6 heures du soir, Lévis est en possession de Sainte-Foy. Sa cavalerie et ses grenadiers avaient suivi la retraite de Murray jusqu'aux établissement du moulin Dumont (actuel Parc des braves). D'autres avant-gardes se disposèrent un peu en avant des plaines. Sur la gauche, d'autres unités (cinq compagnies de grenadiers) prirent deux petites redoutes Anglaises inachevées.

_ Murray se prépare : L'effet de surprise est maintenant impossible pour Lévis. Il prendra la journée du 28 pour préparer un assaut en règle sur la ville le 29. Murray en décidera autrement. Lors d'un conseil de guerre, il décide de prendre les devants.

Si la situation de l'armée Française est assez mauvaise, celle de l'armée anglaise n'est guère brillante. Près de la moitié de la garnison était malade et presque incapable de porter les armes. En bref, Murray avait plus 3 600 hommes encore disponibles. Se tenir sur la défensive en s'enfermant dans les murs qui présentaient des faiblesses, ou se retrancher devant elles et y rentrer si la situation devenait trop grave. Murray adopte la deuxième situation.

Il a une très mauvaise opinion de l'armée Française et décide de se porter à sa rencontre. Très ambitieux, il prend l'offensive et décide d'attaquer Lévis avant que l'armée Française ai eu le temps de se mettre en place et ainsi acquérir la même gloire que Wolf. Il écrit :

« Je résolus donc d’engager la bataille. À six heures et demie du matin, nous nous mîmes en marches avec toutes les forces qu’il était possible de réunir, 3200 hommes, 20 canons et 2 obusiers. Chaque soldat, portait, en plus de ses armes, un pic et une bêche qui devaient servir aux travaux de retranchement. »

L’armée Britannique gagne les mêmes buttes que Wolf occupaient l’année précédente. Murray dispose ses troupes sur une bonne ligne d’attaque. Sur la gauche, il dispose, le 87eme, le 28eme et 47eme avec une troupe de Rangers. Sur la droite, le 48eme , le 15eeme et la moitié du 60eeme . Au centre, il dispose le reste du 60eme, le 35eme , le 43eme et le 58eme . Il laisse le 35eme et le Royal Américan en réserve.

_ Les préparatifs de Lévis : Dès son arrivé, Murray constate que Lévis avait déjà pris les devant. Ce dernier n’avait pas attendu Murray. Il voit que les Anglais s’avance pour le combat. Ce ne sera pas sous les murs, mais sur les lieux de la bataille des plaines d’Abraham que le combat sera livré. Sur l’aile droite, Lévis y installe le Royal-Rousillon et Guyenne.

Au centre, les bataillons des régiments de Berry, de la Marine devant le bois de Sillery et sur la gauche Béarn et Lasarre qui prennent un certain temps pour s’installer, alors que La Reine et Languedoc. La gauche n’était pas organisée et c’est à ce moment que Murray décide lancer son attaque.

_ La bataille de Sainte-Foy est engagée!…: Il ordonna à l’artillerie Britannique d’ouvrir le feu à mitraille et à petits boulets contre Berry et la Marine. Comme le feu commençait à devenir meurtrier, Lévis ordonna de les mettre à l’abri sous le couvert de la forêt de Sillery. Double avantage car il met ses hommes à l’abri qui étaient maintenant hors de portée des canons et il raccourci le trajet des troupes qui arriveront en renfort.

Murray se méprend complètement sur cette manœuvre et pense qu’il s’agit d’un début de fuite. Il lance ses troupes à l’assaut du centre tout en augmentant le tir sur le moulin Dumont. C’est justement au centre que se trouve la première surprise de Lévis. Parmi les troupes dissimulés dans les bois, il s’y trouvent des Canadiens et des coureurs des bois dont leur survie dépend de leur tir. Comme ils tirent et rechargent couchés, ils sont donc très bien protégés du feu Anglais.

Ils abattent donc un par un les officiers supérieurs. Quant aux réguliers Français, ils lancent salves sur salves et les Anglais qui ne sont pas touchés par les salves sont immédiatement abattus par les miliciens Canadiens .

C’est un mur de feu qui immobilise la ligne du centre Anglais et les clouent sur place. La situation au centre est devenue stable. C’est au moulin Dumont que la lutte sera la plus acharné et la plus meurtrière de la bataille.

_ La lutte pour le moulin Dumont : La tentative du centre ayant échoué, Murray voulait se reprendre en s’emparant du moulin Dumont. Cela lui aurait permis de bloquer toutes tentatives de renforts Français et de permettre de les contourner. De ce fait, il commet la même erreur que Montcalm l’année précédente. Il quitte une position dominante pour se retrouver en contrebas.

L’infanterie légère Anglaise de Dalling engagea immédiatement l’action les grenadiers français qui se trouvaient au moulin Dumont. Dès le départ, le combat pris un combat acharné. Les deux partis s’infligèrent mutuellement de sérieuses pertes. Finalement, la brigade Anglaise du générale Burton donne l’assaut sur le moulin. Lévis voit venir la menace et donne l’ordre de ne pas insister et de revenir en arrière pour se mettre à l’abri dans le petit bois situé à l’arrière.

Au même instant, l’aile gauche Française prend enfin position et l’armée Française compte désormais 3 600 hommes. Le commandant Bourlamaque, qui commandait ce secteur, eu son cheval tué sous lui et une partie du mollet emporté par un boulet. Quelques instants plus tard, Lévis sur son cheval, passa devant les hommes et donna finalement l’ordre de charger le moulin Dumont. Il mit son tricorne au bout de son épée et donna le signal convenu.

Le colonel d’Alquier lança tout ses hommes du régiment de La Sarre contre le moulin Dumont accompagné de nombreux miliciens Canadiens haches à la main et couteaux à la main en poussant un grand cri de charge. L’attaque des Français fut si puissante qu’en un seul élan, l’infanterie légère Britannique fut écrasée sur place et se retira avec tellement de pertes qu’elle fut retirée du combat définitivement.

Le général Burton envoya immédiatement les Highlanders contre le moulin Dumont. Le combat sera des plus acharnée et comptera parmi les plus violents de la guerre de la conquête. Le colonel Anglais nous laisse de témoignage :

« Antagonistes dignes les une des autres! Les grenadiers Français, la baïonnette au poing, forçaient les Highlanders de sauter par les fenêtres de la maison et ceux-ci étaient massacrés par les miliciens Canadiens à coup de haches indiennes et de couteaux. Ceux qui en réchappait en se dégageant des miliciens Canadiens revenaient à l’assaut avec leurs dagues et obligeaient les grenadiers Français à sortir par le même chemin. La maison fut prise et reprise plusieurs fois avant de revenir finalement aux Français. La lutte aurait continué tant qu’il y aurait eu grenadiers Français ou un Highlanders encore en vie si les deux généraux n’avaient pas abandonnés un certain temps la maison pour en faire comme une sorte de terrain neutre. Les grenadiers Français étaient réduits à 20 ou plus par compagnie et les Highlanders étaient décimés dans les même proportions. »

Un capitaine de milice Canadienne raconte aussi : « La rage était dans le cœur et l’âme de chacun de mes hommes. Ils avaient tout perdu et ils étaient décidés à faire payé cher les larmes et le sang de leurs famille que les Anglais avaient fait coulés. Ils furent sans pitié. Ils ne perdirent pas de temps et un des plus violents corps à corps s’était engagé. Un dénommé Pierre Grandmaison, dit « Pierrot » avait tué à lui seul une dizaine de soldats Ecossais et c’est de justesse que je l’ai retenu de ne pas fendre le crâne d’un officier Anglais. Un autre trancha littéralement la jambe d’un Écossais plus grand que lui et se jeta pour lui asséner un coup mortel sur la tête.

Mon second, un milicien nommé « Picot », reçu trois projectiles et cinq coup de baïonnettes avant de tomber face contre terre, non sans avoir tué au moins six Anglais. […] Quand finalement, le terrain fut à nous définitivement, j’avais perdu plus de la moitié de mes hommes et j’eu grand peine de les empêcher de poursuivre les fuyards. Les choses en restèrent là. […] Grandmaison revint vers moi avec le tricorne d’un officier et son manteau gris complètement rouge de sang. Il venait de tuer 15 soldats Anglais et avait reçu plus de 5 blessures. »

Le grenadier Pouliotte, originaire de Montréal et engagé dans le régiment de La Sare, nous laisse ce témoignage saisissant :

« Nous avons reçus l’ordre de charger les Anglais qui était dans la grande maison du moulin Dumont. Nous avons tous poussé un grand cri avec nos baïonnettes an avant avec une fureur que je n’avais jamais senti auparavant. J’avais déjà combattu dans une compagnie de milice Canadienne, mais jamais je n’avais senti une telle rage dans mon cœur.[…] Je vis un grand Ecossais qui s’apprêtait à tuer un soldat étendu sur le sol. J’ai foncé sur lui en enfonçant ma baïonnette dans son flanc. Il s’agitait pour se dégager, mais ma baïonnette était coincé.

Le soldat étendu sur le sol put se relever et lui enfoncer à son tour sa baïonnette dans le cou. L’Écossais s’effondra, mais je ne put récupérer ma baïonnette qui était trop coincé. Je pris celle d’un soldat mort et je fonçais tête baissé dans la mêlée.[…] Quand la bataille cessa, je soufflais et vis un véritable massacre autour de moi. Mes guêtres étaient rouges, pleine de sang. La neige était aussi rouge plein de morts gisaient autour de nous. Peu de blessés chez les Anglais car nous n’avions eu aucune pitié pour ceux qui avaient brûlés nos fermes et massacrés nos familles. […] Je pleurais de rage en moi-même devant cette boucherie. D’autres miliciens Canadiens criaient de joie, mais aussi de rage en voyant les Anglais se retirer. Si il en avaient eu la possibilité, ils les auraient tous massacrés jusqu’au dernier et moi aussi. On nous donna l’ordre de nous retirer tranquillement pour nous regrouper. »

Cependant, l’aile gauche commandée par l’Alquier et Malartic, continuait sa progression. Après avoir traversé un ruisseau et un vallon encore plein de neige, elle se trouva exposé au feu des Anglais. Devant le danger, Lévis fit envoyer un messager pour donner l’ordre aux hommes de prendre une position plus confortable.

Malheureusement, les ordres furent mal reçus et, en s’y conformant tel que reçus, ont eu amorcé un mouvement de retraite. Malartic n’osait contrevenir aux ordres et se préparait à faire changer de direction à son régiment, lorsque d’Alquier, soupçonnant quelque méprise, s’approcha pour conférer. Il dit è son collègue : « Je prends sur moi de contrevenir aux ordres du général. Profitons de l’ardeur de nos soldats. Ne tirons pas! Chargeons! Tombons sur l’ennemi à la baïonnette! »

Au soldats et aux miliciens, il déclara : « Mes enfants, ce n’est pas le temps de se retirer quand l’ennemi est à vingt pas. Fonçons à la baïonnette, c’est ce qu’il y a de mieux à faire. » L’élan des Français fut irrésistible et l’assaut tout aussi meurtrier que dans la grande maison du moulin Dumont.

Les grenadiers Français reprirent le Moulin et s’emparèrent du moulin et de deux monticules situé au-delà et d’où les Anglais tentèrent en vain de les en déloger au prix de lourdes pertes des deux côtés. Toute l’aile gauche Française se porta alors en avant pour reprendre les positions tenues par les avant-gardes au début de l’attaque. Le centre Français, voyant la gauche avancer, se mit à son tour en mouvement sur le centre. La formation Anglaise commença à se disloquer tranquillement. Après avoir félicité d’Alquier de son initiative, Lévis se hâta de gagner son aile droite où il envisageait d’asséner un coup décisif à l’ennemi.

_ Les redoutes de l’Anse au Foulon : Au début de la bataille, cinq compagnies de grenadiers Français avaient occupés les deux redoutes situées au-dessus de l’Anse au Foulon. Elles furent bientôt contre-attaquées par des forces supérieures formées par le 43eme et le Royal American, et se retirèrent momentanément. La violence du combat autour du moulin Dumont incita Murray à faire obliquer ses forces vers sa droite. Constatant que son adversaire avait affaiblit sa gauche, Lévis décida de tenter un mouvement tournant avec les brigades du Royal-Roussillon et de La Reine, appuyées par la cavalerie. Il fit ordonner le déplacement de la réserve sur sa droite avec sa gauche. Montreuil fut chargé de transmettre l’ordre.

Il avait l’habitude des erreurs. Cette fois, il semble qu’il confondit sa droite avec sa gauche, ou il transmit le message de façon tellement confuse que les deux régiments qui devaient marcher sur les redoutes allèrent se poster en réserve derrière l’aile gauche. Entre-temps, les grenadiers du Royal-Roussillon, soutenus par les miliciens Canadiens et les coureurs des bois de Saint-Luc, reçurent l’ordre de se réapproprier les redoutes. Bien appuyés par une batterie de trois canons, commandés par le commandant de Louvicourt, qui tirait à la mitraille avec un effet dévastateur, ils eurent vite fait de mettre l’ennemi en très fâcheuse position.

Les principaux officiers Anglais furent blessés et le commandant du Royal American fut tué. C’est était trop et ce fut la débandade sous les salves des grenadiers Français et de celui des miliciens et des coureurs des bois.

Malgré l’absence des régiments de La Reine et de Languedoc, Lévis décida d’exécuter son mouvement tournant avec le Royal-Roussillon et Guyenne. Il en confia la direction au colonel Poulharies. Profitant d’une déclivité du terrain, celui-ci fit défiler ses hommes en contrebas de la falaise, pour les lancer dans une charge à la baïonnette dans les flancs des 28e et 47e régiments Britanniques .

Murray dut faire appel à ses réserves à la fois sur son aile gauche et sur son aile droite, mais en vain. Tout était consumé. La panique général s’était emparé de l’armée Anglaise. Un témoin raconte :

« L’ennemi prit la fuite avec une telle précipitation et une confusion telle que pas un seul soldat Anglais ne put être rallié par les officiers. » Les Anglais refluèrent vers la ville en désordre. Certains ne s’arrêtèrent que dans la Basse-ville. La confusion était telle qu’il ne se trouva personne pour ordonner la fermeture des portes de la ville et de garnir les murailles.

Malgré cela, les troupes Françaises étaient trop épuisés pour faire quoi que ce soit. Il était trop tard pour tenter une nouvelle action. La bataille avait duré plus de trois heures.

_ Les pertes des deux armées : La bataille de Sainte-Foy avait été extrêmement sanglante. Elles sont certainement moindres comparées aux batailles européennes, mais pour le contexte nord-américain, c’est vraiment sanglant.

Les pertes Anglaises s’élevaient à 1424 hommes, dont 383 morts, soir le tiers des effectifs engagés. Le chiffre des morts allait en augmentant car l’armée Anglaise avait laissé ses blessés à eux même dans leur retraite.

Du côté Français, d’après les chiffres donnés par Lévis et son chef d’état-major, La Pause, les pertes sont de 923 hommes, parmi lesquels 203 Canadiens. Le nombre de cadavre s’élevait à 193, dont 33 officiers, mais ce nombre s’accrut durant les jours suivants par suite du décès de nombreux blessés, de sorte que le cimetière de l’Hôpital Général reçut plus de 300 sépultures à la suite de la bataille.

Les Anglais avaient laissé sur place leurs morts et leurs blessés. Autour du Moulin Dumont, les cadavres gisaient les uns sur les autres et, dans les dépressions où se trouvaient encore une couche de neige, celle-ci était toute rouge. Des blessés tombés dans la boue ou des mares d’eau glacées, tentaient de se traîner sur un terrain plus confortable. Les Amérindiens qui, durant l’action, comme s’était un peu leur habitude, s’étaient tenus à l’écart, se répandirent sur le champs de bataille pour achever les blessés et les scalper.

Lévis fit aussitôt arrêter cette horreur et ordonna de transporter les blessés aussi bien anglais que français à l’Hôpital Général, dont il avait fait prendre possession. Presque tous les jours le drapeau blanc était arboré pour demander une suspension d’armes afin de traiter l’échange des prisonniers ou de faire passer des vivres aux blessés Anglais hospitalisés à l’Hôpital général.

On se piquait de courtoisie réciproque. Lévis, au courant de l’épidémie de scorbut qui frappait les troupes Anglaises, faisait parvenir à Murray des d’anneda (cèdre blanc). Celui-ci lui rendait la politesse en lui envoyant du fromage de Chester.

_ Après la victoire : La nouvelle de la victoire se répandit très rapidement dans tout le pays, créant une joie intense et une espérance très vive. Vaudreuil fut le premier à féliciter Lévis. Il lui écrivit cette lettre :

« Il n’a fallut rien de moins que votre expérience et votre coup d’œil militaire pour déterminer la victoire en votre faveur. Cette journée sera mémorable et entièrement à votre ouvrage. Il me serait difficile de vous exprimer le joie vive que je ressens. Je regrette infiniment les braves officiers, soldats et Canadiens que nous avons perdus; ils ne pouvaient que signaler leur valeur, combattant sous les yeux d’un général qu’ils aimaient également, et dont la bravoure doit être admirée. »

_ Le siège de Québec : Lévis fit avancer son armée jusqu’au versant des Buttes-à-Neveu, qui fait face à la ville, où elle campa à plus de 600 toises des fortifications. Les murs laissaient à désirer en plusieurs points. C’était tout de même une entreprise formidable que de tenter d’y pratiquer une brèche avec le peu de moyens dont Lévis disposait.

On employa toute la journée du 29 avril à décharger les frégates et les transports, qui avait jeté l’ancre au Foulon, du matériel de siège, de quelques canons, d’une bonne quantités de poudre et de fascines apportées de Montréal. Le soir même, 600 hommes, dirigés par l’ingénieur royal Pontleroy, ouvrirent la tranchée, mais le sol gelé et le roc qui se montrait presque en surface rendaient le travail difficile. Pour remplir les gabions, il fallait transporter de la terre dans des sacs.

Vaudreuil avait émis des ordres enjoignant aux milices de district de Québec de rejoindre l’armée de Lévis. Mais elles avaient été désarmées par les Anglais. Néanmoins, les habitants de Québec, forcés de sortir de la ville le 21 avril et considérant cette ordonnance comme une violation de la capitulation, furent les premiers à se présenter, suivis par de nombreux miliciens de la rive nord et de l’île d’Orléans, qui estimaient que le serment prêté sous la contrainte ne les engageait pas. On les employa à des travaux de terrassement.

Ce comportement, pourtant brave de la part des habitants, eu malheureusement des conséquences. Murray pouvait passer difficilement passer l’éponge sur leur conduite en dépit du serment d’allégeance.

Une fois l’armée Française repartie pour Montréal, il décréta des corvées pour démolir des travaux d’approche exécutés durant le siège. L’épisode le plus pénible de cette répression fut l’exécution de meunier Nadeau, de la Pointe-Lévy. Accusés d’avoir incité ses concitoyens à se joindre aux assiégeants et de leur avoir fourni de la farine, il fut sommairement exécuté. On le pendit à l’une des vergues de son moulin où son corps se balança au vent durant trois jours. On se rendit compte trop tard de son innocence.

Plus chanceux fut le curé Morisseau, de Charlesbourg, qui avait encouragé ouvertement ses paroissiens à rejoindre Lévis; il en fut quitte de six mois de prison et un solide coup de pied au derrière lors de sa sortie par l’officier Anglais qui l’avait condamné.

_ Murray et la défense de Québec : Après la défaite de Sainte-Foy, Murray ne dispose plus que d’environ 2 100 hommes, mais démoralisés, pour défendre Québec et bon nombre d’entre eux ne pensaient qu’à piler et à s’enivrer. Pour les ramener à l’ordre, Murray fit défoncer les barils de rhum des cantines et fit pendre séance tenante les chefs des agitateurs. Il fit sortir les troupes des baraques pour les faire coucher sous la tente. Il employa les convalescents à fabriquer de la bourre pour les canons ou à remplir des sacs de terre destinés à renforcer les murs passablement amochés de la ville.

Sur ses ordres, l’ingénieur Holland entreprit d’aménager les fortifications en y ajoutant un remblai de fascines et des chevaux de frise. Il fit également construire un retranchement avancé devant la porte Saint-Louis. C’était la grande porte d’entrée pour la ville de Québec.

Il entreprit ensuite de garnir les murs d’une puissante artillerie. Faute de bêtes de somme dont plusieurs avaient terminés en viande de boucherie, la garnison, y compris les officiers, s’attela sur les affûts de canons pour y traîner vers les remparts qui furent bientôt armées de 140 bouches à feu.

_ « Enfin! Une voile à l’horizon!... » :

Malgré la supériorité de son artillerie, Murray demeurait très soucieux. Il s’imaginait bien les comptes qu’il aurait à rendre si jamais Lévis reprenait Québec. Ce dernier, de son côté, comptait sur les secours demandés par Le Mercier. On était convaincu, de part et d’autre, que l’apparition du premier allait décider du vainqueur du siège de Québec. Murray espérait que le voyage du Racehorse accélérerait l’arrivée de la flotte Anglaise. Lévis avait aussi ses raisons d’espérer : au mois de décembre précédent, un voyageur avait apporté la nouvelle qu’un navire français armé de 30 canons avait relâché à Gaspé et, apprenant la capitulation de Québec, avait décidé d’y hiverner.

Le voyageur avait été renvoyé immédiatement pour avertir le capitaine du navire de faire voile vers Québec, aussitôt que possible. Enfin, dans la matinée du 9 mai, un navire apparut dans le chenal du sud de l’île d’Orléans. Tout le monde retint son souffle, Anglais comme Français et Canadiens. Murray fit aussitôt hisser le drapeau Anglais sur la redoute du Cap-Diamant. Dès qu’il se fut approché, on constata que le pavillon anglais flottait à son grand mât. La frégate Lowestoff, après avoir salué la ville de 21 coups de canon, jeta l’ancre. Son capitaine descendit à terre et annonça qu’il précédait une escadre considérable. Londres avait apprit la prise de Québec, mais que les ressources de l’armée Anglaise avaient été épuisé.

Il fallait donc la ravitailler d’urgence dans la crainte d’une contre-offensive des Français. C’est à ce moment que Murray lu expliqua la situation et que les Français se trouvaient juste sous les murs et que l’arrivée de la flotte allait sauver la situation. Knox rapporte dans son journal :

« La joie des troupes est impossible à exprimer, officiers et soldats montèrent sur les remparts en face de l’ennemi, et remplirent l’air de hourras, en agitant leurs chapeaux pendant plus d’une heure […]. Les canonniers étaient si transportés qu’ils ne firent que tirer et charger pendant un temps considérable. »

_ Le siège continue :

Lévis ne se laissa pas décourager par cet événement. Le 11 mai, il put enfin ouvrir le feu contre les murs. Montbeillard concentra le feu de ses canons sur le bastion de la Glacière, que l’on savait le plus faible, dans l’espoir d’y ouvrir une brèche. Usées, les bouches à feu se mirent à crever les unes après les autres. On ne disposait que de faibles quantités de poudre de mauvaise qualité. Le bastion résista sans difficulté. Chaque jour qui passait rendait Lévis de plus en plus soucieux. Le 13 mai. Il écrivait à Vaudreuil :

« Pour peu que nous eussions eu du bonheur, nous n’aurions certainement réussi, mais il faut se soumettre au décrets de la providence. » Le 15, sa confiance était presque complètement tombée.

« Nous faisons moralement tout ce qui possible de faire; nous ne sommes point heureux, car si nos pièces de canons n’eussent pas crevé, nous n’aurions pu faire brèche. Ils ne nous reste que trois petits canons de cuivre et nous ne nous en servons que sporadiquement pour rappeler notre présence à l’ennemi. Il est temps que cela finisse d’une façon ou d’une autre; je crois que cela ne tardera pas. »

Le jour même, il confiait à l’intendant Bigot :

« Notre situation […] est des plus inquiétantes. Je crains bien que la France nous ait abandonnés. Nous avons fait et faisons ce que nous pouvons. Je juge la colonie perdue et sans ressources […]. Il n’y a point de notre faute et il me semble que Dieu et le Roy aient abandonnés cette misérable colonie à elle-même. » Le soir même, la situation qu’il avait jugée inquiétante, dans cette lettre au cours de l’après-midi, devint désespérée. À la fin du jour, deux autres navires anglais, le Vanguard, un vaisseau de ligne de 74 canons, et la Diana, une frégate de 32 canons, jetaient l’ancre devant Québec.

Vers 11 heures du soir, un groupe d’amérindiens se présenta chez Lévis avec un prisonnier anglais qui déclara que toute une escadre suivait ces deux navires. Le sort en était jeté. Lévis commença immédiatement à donner des ordres pour la levée du siège. La première mesure qui s’imposait était de mettre hors de la portée de l’ennemi les approvisionnements qui se trouvaient sur les navires mouillés au Foulon. Lévis envoya un officier avertir Vauquelin de lever l’ancre immédiatement avec ses frégates et ses transports, et de remonter le fleuve. La nuit était impétueuse et très obscure, et le messager ne pu exécuter sa mission avant le jour.

_ Vauquelin : Dès l’aurore, la Lowestoff et la Diana, suivi de près par le Vanguard, arrivaient toutes voiles déployées sur la flottille de Vauquelin. Celui-ci ordonna de couper les câbles et d’appareiller en vitesse. Les transports partirent en avant. La Pomone s’abattit du mauvais côté et alla s’engraver sur la grève de Sillery. Son commandant y mit le feu et alla rejoindre l’armée et son équipage. L’Atalante rejoignit les transports à Cap-Rouge. Leur lenteur en faisait une proie facile pour les frégates Anglaise. Vauquelin leur intima l’ordre d’entrer dans l’estuaire de la rivière et de s’y échouer. Il était persuadé que les frégates ennemies s’acharneraient à le poursuivre, ce qui permettrait à l’armée de récupérer les approvisionnements. C’est ce qui arriva car il poursuivit sa route jusqu’à Pointe-aux-Trembles, où les deux frégates anglaises parvinrent à lui couper le passage. Il échoua son navire et commença une vive canonnade contre les vaisseaux ennemis. Comme la marée baissait, il fit couper le grand mât afin que sa frégate puisse garder plus longtemps son équilibre. Des boulets ennemis avaient perforé le bordage sous la ligne de flottaison, le soute aux poudres fut inondée. Il dut cesser d’utiliser ses canons et se contenter de tenir l’ennemi éloigné par un solide feu de mousqueterie. Comme se frégate donnait de plus en plus de la bande, au point qu’il devenait de plus en plus difficile de se tenir sur le pont, il amputa le mât de misaine et fit débarquer la plus grande partie de son équipage.

Le commandant de Lowestoff raconte dans son livre de bord : « Il y eu des coups intelligents des deux côtés. Nous ne pouvions nous approcher de trop près pour éviter de nous échouer à notre tour. […] Malgré la tactique désespéré du Français, ils nous on tenus à distance durant plusieurs heures et nous infligea de sérieux dommages. À un certain moment, un boulet Français arriva sur le pont et ricocha dans tous les sens fauchant au moins une dizaine de marins. Cela ralentit notre tir pour quelques instants, mais nous reprîmes le tir. »

Après six heures de combat, la Diana ayant tiré 500 boulets et la Lowestoff 350, elle cessèrent le feu et envoyèrent des canots prendre possession de ce qui restait de l’Atalante. Vauquelin, cinq de ses officiers et six hommes d’équipages furent fait prisonniers. Les navires échouées furent sauvés.

_ La levée du siège : Ce brillant fait d’armes clôtura la série des opérations militaires autour de Québec. Dès le matin du 16 mai, Lévis donna congé aux miliciens de Québec et des environs. Il note :

« Il me fait grand peine pour eux de les voir partir ainsi. Après tant d’efforts héroïques et de dévouement de leur part, cela me chagrine. Les Canadiens sont ceux qui ont le plus à perdre dans cette guerre. » Il fit retirer l’artillerie. Les pièces de campagnes partirent d’abord; les canons plus lourds furent encloués et jetés en bas de la falaise du Foulon. À 10 heures du soir, l’armée Française se mit en marche et arriva à Cap-Rouge au matin.

Tandis que le gros des troupes poursuivait sa marche vers la Pointe-Aux-Trembles, une forte arrière-garde, commandés par Bourlamaque porté sur un brancard, récupéra les vivres et les munitions des transports échoués, et on les chargea sur des barques. On parvint à remettre la Marie à flots et on incendia les autres navires. Profitant d’une nuit pluvieuse et d’une forte bourrasque de nord-est, la Marie et les barques parvinrent à s’échapper vers le haut du fleuve.

_ La retraite : Les troupes en retraite n’ayant rien d’autres à manger que du pain. Lévis licencia presque tous les miliciens Canadiens, les renvoyant à leurs foyers. Il distribua les réguliers dans les campagnes entre Trois-Rivières et Montréal, ne laissant que des postes d’observation à la Pointe-aux-Trembles, à la Jacques-Cartier et à Deschambault.

Le 19 mai, l’amiral Colvill, avec six vaisseaux de ligne et cinq frégates, entra dans la rade de Québec, anéantissant du même coup tout espoir de secours de la part de la France. C’est finalement durant l’été de 1760 que les sort de l’Amérique fut décidé quand une petite flotte de secours se retrouva coincé dans le fond de la Baie des Chaleurs, à l’embouchure de la rivière Ristigouche. Les derniers coups de canons entre Français et Anglais se soldaient par un match nul.

La victoire de Sainte-Foy et les opérations du siège font grandement honneur à l’habileté stratégique de Lévis et les ennemis eux-mêmes en convinrent. Malartic, blessé le 28 avril, qui avait été laissé à l’Hôpital Général pour veiller aux intérêts de blessés français. Cela lui donna l’occasion d’échanger avec un bon nombre d’officiers anglais, entre autres Burton et Murray. C’est ainsi qu’il put écrire à Lévis :

« Tous les officiers Anglais conviennent bien que nous avons pris, le 28, une revanche du 13 septembre. Ils rendent justice à la valeur des troupes, et à l’habilité de vos dispositions et de votre retraite, qui à été forcée par l’arrivée de la flotte. Ainsi, vous devez bien tranquille sur les relations qui parviendront en Europe; les Anglais disent qu’il n’y a point de grâce en France à laquelle vous ne puissiez prétendre. »

Lévis ne chercha pas à s’accaparer tout le mérite et c’est ce qui lui rend encore plus honneur. Il a tenu à rendre hommage au courage et à la persévérance des combattants. Dans une lettre au ministre Berryer, il déclarait :

« Les troupes de la colonie, celles de la terre, les habitants même, ont fait des prodiges de valeur. Ils ont donné des preuves réitérées, surtout le 28 avril dernier, que la conservation de la colonie ne pouvait dépendre ni de leur zèle pour la gloire de Sa Majesté, ni de leur courage à se défendre, ni de leur bonne volonté à endurer les plus grandes fatigues et la privation des choses les plus nécessaires. »

Le drapeau de la France ne flottera plus jamais sur Québec.

Une garnison anglaise occupera ses casernes et sa citadelle durant plus d’un siècle, jusqu’au 11 novembre 1871, alors que le 60eme et l’artillerie royal reprendront le chemin de l’Angleterre pour être remplacé par une unité canadienne d’artillerie, commandé par un lieutenant-colonel canadien français Charles de Montizambert, descendant d'un des vainqueur de la bataille de Sainte-Foy.

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