Débat des théologiens espagnols du XVIème siècle


 

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Virginia Hasenbalg

Maison de l¹Amérique Latine

L'imposition du monothéisme et de l'écriture: une modalité de la colonisation? Quels sont les modes subjectifs induits par les polythéismes? De quelles manières le monothéisme des théologiens espagnols du XVIème siècle a-t-il forcé cette organisation subjective par l'imposition d'un père symbolique tout puissant qui structurait la peur?

  Flavius Joseph donne quatre raisons qui incitent à écrire l¹histoire. La première est issue du sentiment d¹avoir de belles paroles, la douceur et la beauté du dire, la deuxième est de servir et de plaire aux princes; la troisième témoigne de faits qui ne sont pas rendus ou déclarés avec l¹intégrité de la vérité, et la dernière dit que ces événements qui tombent dans le brouillard de l¹oubli trouveraient une utilité commune à éter manifestés. Ce sont les deux dernières raisons, ainsi que l¹omission des guerres judaïques dans les récits des grecs qui ont amené Flavius Joseph àécrire. Nous savons à quel point ces quatre raisons sont de nos jours actuelles. C¹est dans ce sens que le discours de l¹historien est à prendre comme l¹anamnèse d¹un patient, récit soumis nécessairement aux lois du refoulement ainsi qu'à l¹effet libérateur que la levée du refoulement comporte; mais quelles sont les conditions pour la levée du refoulement dans le social?

Plusieurs siècles plus tard, vers la fin du XVIème, alors que l¹Espagne est en pleine Inquisition, Las Casas commence son Historia de las Indias avec cette citation qui amène à la surface ce chapitre refoulé de l¹histoire du peuple juif. Nous savons aujourd¹hui que Las Casas était descendant de conversos. Il n¹échappe pas à la loi qui veut qu¹on ne parle toujours que desoi-même, même en parlant de l¹histoire.

En 19531, Lacan disait que «l¹Inconscient est ce chapitre de mon histoire qui est marqué par un blanc ou occupé par un mensonge. C¹est le chapitre censuré. Mais la vérité peut être retrouvée; le plus souvent elle est deja écrite ailleurs. A savoir:

- dans les monuments : et ceci est mon corps, c¹est-à-dire le noyau hystérique de la névrose où le symptôme hystérique montre la structure d¹un langage et se déchiffre comme une inscription qui, une fois recueillie, peut sans perte grave être détruite;

- dans les documents des archives aussi : et ce sont les souvenirs de mon enfance, impénétrables aussi bien qu¹eux, quand je n¹en connais pas la provenance;

- dans l¹évolution sémantique : et ceci répond au stock et aux acceptions du vocabulaire qui m¹est particulier, comme au style de la vie et à mon caractère;

- dans les traditions aussi, voir dans les légendes qui, sous une forme héroïsé véhiculent mon histoire;

-dans les traces, enfin, qu¹en conservent inévitablement les distorsions, nécessitées par le raccord même du chapitre adultéré dans les chapitres qui l¹encadrent, et dont mon exégèse rétablira le sens.»

On doit dire ainsi que la légende noire, le récit des abus commis àl¹égard des peuples d¹Amérique, a bon dos puisqu¹elle fait écran à tous les abus qui ont eu lieu après, ailleurs, ainsi qu¹encore de nos jours sous des formes pas toujours plus raffinées mais non moins éloignées du respect qu¹exige le rapport à ceux qui ont un ordre symbolique différent.

Au départ, je me demandais non sans une certaine naïveté si on avait ledroit de coloniser au nom du monothéisme et de l¹alphabétisation? Est-ce que le monothéisme et l¹écriture comportent un progrès? Au nom de quelles valeurs? Comment reprocher au colonisateur un apport d¹une si grandeimportance pour accéder à la civilisation ...l¹européenne! Le peu que l'on sait sur les empires inca et méxica témoigne néanmoins d¹une administration qui fait preuve d¹une efficacité symbolique; pour ne donner qu¹un exemple, qui prend un relief tout particulier de nos jours où famine et exclusión s¹avèrent symptômes sociaux, le régime de prévoyance en cas de famine pourassurer la survie de ses membres...

La « modernité » démarre, hélas, dans une sorte d'aveuglement. La religiosité chrétienne ne pouvait pas concevoir l¹autre comme valable, il fallait l'amener aux valeurs chrétiennes. Et pourtant, nous savons que quelques siècles avant la conquête, en Espagne, les trois religions monothéistes (musulmane, juive et chrétienne) ont coexisté: « le mélange desmoeurs, religions et races avait fait la souple complexité de l¹Espagne »2, quand elle était gouvernée par les musulmans. L¹unification de l¹Espagne par les Rois Catholiques impose l¹uniformisation religieuse; la passion de l¹unité prend le relais. A la prise de Grenade fait suite l¹expulsion des juifs qui pourtant venaient de la financer. Il y a eu heureusement des ratages, des révoltes, des réformateurs...qui illustrent la limite de la doctrine religieuse en tant que loi universelle. Tout ce qui était Autre menaçait. Et la menace était réelle. La loi du roi avait imposé la conversion mais la conversion volontaire dans le sens inverse devenait inquiétante3.Toute nouvelle idée était menaçante: non seulement les noyaux luthériens, mais aussi les mystiques (Ste Thérèse d¹Avila et St Jean de la Croix ), les Erasmiens, etc. Ils étaient examinés et jugés par l¹Inquisition, au même titre que la bigamie et l¹usure. La croyance était que seulement la religion catholique pouvait apporter l¹ordre qui convenait.

La contemporanéité d¹autres cultures, notamment celle de l¹Orient, était bafouée. Voici néanmoins comment Gómara, le chroniqueur de Cortés, au tout début du processus, compare les empereurs Charles et Soliman 4, « ces deux hommes se partagent la monarchie; chacun travaille à devenir le monarque et le seigneur du monde; mais nous voyons qu¹à cause de nos péchés Solimán arrive mieux que Charles à satisfaire ses désirs et à mener ses intrigues.

Tous deux ont presque le même âge(...)les turcs parviennent mieux à mettre en oeuvre leurs projets que les Espagnols; ils se plient mieux à l¹ordre et à la discipline de la guerre, ils sont mieux avisés, ils emploient mieux leur argent ». On peut dire qu¹ils faisaient un bon usage de leur savoir inconscient qui leur permettait une articulation efficace du désir à la loi.

Cette résistance à l¹altérité reflétait un impossible, un réel, puisque même Las Casas qui a tellement lutté pour informer l¹Europe, tant au niveau de ceux qui avaient le pouvoir, que du côté du peuple, lui, qui a tout fait pour dénoncer et modifier ce qui pouvait se passer outre-mer - ce dont les hommes étaient capables, leur jouissance sadique là où la loi défaillait - eh bien, Las Casas lui-même, n¹a pas hésité à designer le musulman comme l¹exclu de l¹histoire. Le musulman incarnait ce qu¹il y avait à exclure parce résistant à la conversion, tandis que l¹Indien répondait aux critères qui rendaient possible une redéfinition du christianisme, un nouveau départ.

Ce réel est illustré par l¹Inquisition. Selon Konetzke, il s¹agissait de l¹³institution de l¹Etat pour assurer l¹unité de la foi...Le « Santo Oficio» était franchement populaire. Le fanatisme religieux régnait sur lesEspagnols de la Contre-réforme et ni la tolérance ni la liberté de conscience n¹étaient encore considérées comme valeurs éthiques à révérer.»5

Il est certain que pour Las Casas, et pour de Victoria il n¹y avait pas de cause juste de guerre et que la doctrine n¹autorisait pas à conquérir pour convertir. Mais tous les théologiens ne partagaient pas leur position. Bien au contraire. Et les bénéfices économiques de la conquête s¹opposaient aux principes doctrinaux. « Les espagnols qui, à l¹époque, arrivaient au Nouveau Monde prenaient les indiens en tant que force de travail,qu¹ils exploitaient pour s¹enrichir le plus vite possible, et l¹idée de les convertir à la foi chrétienne et de sauver leurs âmes de la condamnation éternelle ne frôlait même pas leur esprit » .6

D¹autre part, un écart se creuse entre les principes doctrinaux et les lois qui s¹ensuivent en métropole, et leur application de l¹autre côté de l¹Océan: une doctrine qui, malgré ses contradicteurs, interdit les abus à plusieurs reprises, et une pratique brutale de la colonisation faite en son nom et qui va jusqu¹à manquer du moindre souci de la survie de ses sujets.

Il faut dire aussi que les bénéfices économiques, aussi inattendus que démesures, devenaient un facteur dont il fallait tenir compte. Et, bien qu¹on ne pose pas à l¹époque la question du droit à l¹altérité symbolique de l¹indien, il y a eu quand même des controverses comme celle de Valladolid (1550) qui témoigne du type de problématique créée.

Ce fut Fray Bartolomé de Las Casas le premier à dénoncer les horreurs pratiquées en Nouvelle Espagne. Il y était parti pour travailler dans les encomiendas. Se rendant compte des horreurs pratiquées a l¹égard du peuple indien, il renonce à cette fonction. Il passera le reste de sa vie, qui fut curieusement très longue (92 ans) à combattre par la plume et la parole les abus commis à l¹égard des Indiens d¹Amérique. Il écrira à toute sorte d¹autorité de l¹époque, le Roi, puis l¹Empereur, les papes qui se sont succédés, le Conseil des Indes, etc. Il publiera aussi des textes adressés au peuple espagnol, écrits avec des mots simples. Et ce ne sera pas sans effet: des décisions sont effectivement prises. Comme par exemple, l¹assemblée à Barcelone de 1529 qui décide de supprimer les encomiendas. Eh bien, cette décision, comme beaucoup d¹autres qui allaient dans le sens de protection des Indiens, ne sera pas exécutée. Pour ce qui est des encomiendas, il a fallu attendre deux siècles (!); ce n¹est qu¹en 1720

qu¹elles seront abolies.

En 1532 sont publiées les leçons de Victoria, un autre théologien qui, comme Las Casas, s¹est battu contre les abus commis à l¹égard des Indiens, mais sur le plan juridique. Francisco de Victoria7 est le fondateur du Droit international. Voici quelques lignes de son De Indiis: « Croire est un acte de volonté; mais la crainte diminue beaucoup la volonté et accepter les mystères de la foi, recevoir les sacrements du Christ sous l¹influence d¹une crainte servile, c¹est un sacrilège ».

Les défenseurs de la conquête argumentaient par dessus tout que les habitants n¹avaient pas le droit de posséder, et ils n¹avaient pas le droit de posséder parce qu¹ils étaient esclaves par nature, ou alors des êtres privés de raison, des infidèles, ou des êtres en état de péché, et, qu¹ainsi, la terre appartient à celui qui la découvre. C¹est dans cette visée qu¹est discuté le statut des Indiens . Le statut inhumain des indiens n¹est qu¹un alibi pour leur enlever le droit de possession des terres qu¹ils habitaient depuis des siècles, alibi pour argumenter la justification de la conquête, le droit à la propriété des terres et à son exploitation. Les ordonnances de 1543 qui définissent des mesures concrètes de protection des Indiens vont être très mal accueillies par les colons sur place, et aboutiront à l¹assassinat du vice-roi.

Vous voyez donc qu¹au niveau officiel les mauvais traitements à l¹égard des Indiens n¹étaient pas acceptés, et que des décisions sont prises, mais tout cela restera lettre morte, la distance de l¹Océan est aussi grande que la distance culturelle entre la population partie à la conquête, fidèle à une interprétation populaire du catholicisme, et certains théologiens soucieux de l¹interprétation de la doctrine.

Pour comprendre cela il faut rappeler que les gens partis aux Indes étaient pour la plupart des paysans ou des vagabonds. L¹armée de Castille recrutait une majorité de ses effectifs dans l¹Extremadura, une région de climat rude et de terre ingrate. Il s¹agissait d¹hommes aussi implacables et durs que leur terre natale. Ils avaient acquis l¹expérience et l¹habitude des combats lors de la lutte contre les Maures. Cette guerre étant désormais gagnée, ils recherchaient de nouveaux champs d¹action en tant que mercenaires. Ils devaient certainement être fascinés par les récits des contrées au-delà de l¹Océan, au climat clément, et des terres riches qui revenaient à ceux qui les conquéraient.Les hidalgos n¹avaient donc pas de peine à recruter des milliers de fantassins parmi ces hommes qui n¹avaient rien à perdre... La conquête devenait facilement pour eux une promesse de prospérité.8 Cette population qui partait à la conquête n¹hésitait pas à tuer un vice-roi siles ordres venus de métropole les gênaient...

La Controverse de Valladolid

En 1550, ce fut la Controverse de Valladolid, lors d¹une assemblée convoquée par ordre du Roi. Elle opposa Las Casas à Juán Ginés de Sepúlveda, historiographe de l¹Empereur et traducteur d¹Aristote à la Cour du Pape à Rome. Ce dernier voulait prouver que ce n¹était pas un péché pour le Roi de conquérir pour convertir, et que pour cela tous les moyens étaient bons. Las Casas s¹efforça de démontrer que cette position était insoutenable du point de vue doctrinal. Selon lui, il fallait «disposer les esprits à entendre la vérité».

Un grand nombre de personnes puissantes prirent parti pour Sepúlveda. Le Roi chargea le Conseil des Indes d¹examiner la question après avoir entendu les deux opposants devant une assemblée de théologiens et de jurisconsultes qu¹il nomma lui-même. La décision de l¹assemblée adopta finalement la position de Las Casas, mais les mesures arrêtées, une fois de plus, ne furent appliquées que très tard et partiellement. Sepúlveda soutint qu¹il est permis de faire immédiatement la guerre aux Indiens pour les soumettre, et leur prêcher ensuite l¹Evangile. Las Casas assura que la guerre est un mauvais moyen, et qu¹elle est en plus injuste et opposée à l¹esprit de la religion catholique.

Pour Sepúlveda, la guerre est juste, les Indiens l¹ont méritée par l¹énormité de leurs crimes, particulièrement, celui de l¹idolâtrie, et du sacrifice humain. Il dira aussi que les Indiens sont une nation grossière, servile par nature, et par conséquent l¹esclave obligé des autres nations plus distinguées telles que la nation espagnole; que ce moyen est le Seúl pour assurer l¹établissement de la religion chrétienne dans les Indes, et qu¹il faut mettre un terme aux maux que les Indiens font à l¹humanité puisqu¹ils tuent d¹autres hommes pour les immoler à leurs idoles, et même pour les manger.

Las Casas répliquera que les indiens sont régis par des lois qui ne punissent que les actions qu¹ils jugent eux-mêmes criminelles... Leurs arts, leurs habitudes et leurs coutumes ne ressemblent en rien à ce qui distingue les Espagnols. Il y a constamment chez Las Casas un rappel de la dimension du pacte, qu¹il soit méconnu ou à mettre en place, et chez sescontradicteurs, par contre, il y a le seul souci de faire prévaloir la force. Pour Las Casas, la religion ne permet pas de prouver ses vérités sans un engagement des missionnaires. Il faut que ceux qui entendent ses ministres les regardent comme des hommes de bonne foi, incapables de vouloir tromper, et il fait appel à la conduite vertueuse, pacifique, désintéressée, et entièrement franche du prédicateur. L¹humanité qui inspirait Las Casas est très éloignée de l¹insensibilité pour autrui des conquistadores. Et pourtant Las Casas, en aucun moment ne va contester le droit à l¹implantation des Espagnols, ni le devoir d¹évangéliser.

Une autre raison invoquée par Sepúlveda est que les Indiens outragent l¹humanité en égorgeant des personnes innocentes; ce péché permet à tous les souverains de leur faire la guerre. Las Casas nie cette conséquence parce qu¹il n¹est prouvé ni par l¹Evangile, ni par l¹Ecriture Sainte que Dieu ait imposé à un souverain l¹obligation de détruire les abus qui règnent dans un pays qui n¹est pas soumis à ses lois, ce qu¹on peut considérer comme une ébauche de reconnaissance de la validité du Dieu de l¹autre. Plus loin, il rappelera qu¹immoler des victimes humaines est offrir ce qu¹ils croient le meilleur et le plus élevé, c¹est-à-dire l¹homme lui-même. Las Casas cite ceux qui attestent que cette pratique a été commune à un grand nombre d¹anciens peuples. «Voulant éprouver sa fidélité, Dieu commande à Abraham de lui sacrifier son fils, et n¹arrête le bras qui va le frapper que lorsqu¹Abraham a commis son péché, s¹il est vrai que ce doive en être un dans toutes les occasions que de consentir à l¹immolation de victimes humaines».

Quelques remarques

Une fois ces éléments historiques posés, nous pouvons peut-être nous demander quelles sont les questions qu¹ils suscitent.

Dans son Séminaire de 1974/75, Lacan dit que la religion réalise le Symbolique de l¹Imaginaire, tandis que l¹analyse essaie d¹imaginer le Réel du Symbolique. L¹efficacité de la religion catholique résiderait dans un discours sur l¹amour qui permettrait une issue à certaines impasses de la subjectivité, et de la problématique du rapport à l¹Autre. Le catholicisme instaurerait une dette d¹amour à l¹égard de l¹Autre. Le Christ expie la culpabilité du meurtre du père par sa propre mort. C¹est en ceci que la culpabilité chrétienne trouve sa logique. L¹Evangile est un message d¹amour à force centrifuge, avec une dynamique propre qui tend à l¹expansion, à l¹universel. « Dieu nous aime, il aime chacun d¹entre nous, tel qu¹il est »:

tel est le message chrétien. Le soulagement qu¹apporte la religion serait peut être dû au fait qu¹elle apporte un refoulement « prêt-à-porter ». Mais ceci a un prix. L¹efficacité de la religion catholique se ferait au prix de la dénégation du sexuel et de la haine. Si ceci est vrai, il n¹est pas seulement étonnant mais encore plutôt logique que ce soit Freud, quelqu¹un qui appartenait à la communauté juive qui amène à la surface, espace de la souffrance, la découverte de l¹amour comme opérateur logique à l¹oeuvre dans le transfert des patients à l¹égard du médecin. Le travail de l¹analyse sera de transformer ce transfert que nous appelons imaginaire en transfert symbolique où le sujet va être amené à se confronter à un trou, à un vide, propre à la structure humaine. Le monothéisme pose le «1», le nomme. Le trou dès lors n¹est pas vide, mais rempli par Dieu. La psychanalyse ne peut que s¹inscrire à la suite de cette opération en faisant de ce Un, Un réel, en tant que seul point fixe valable pour le sujet.

Notes

1. Lacan, J. Ecrits, Fonction et champ de la parole et du langage, Seuil, Paris, p. 259

2. Vilar P. Histoire d¹Espagne, Que sais-je Puf, 1947, p. 30

3. Turberville A.S.La inquisición española, Breviarios del fondo de cultura económica, Méjico,

p. 32

4. Gruzinski S et Bernand C. Histoire du nouveau monde, Fayard, 1991 p. 242

5. Konetzke, R. Historia Universal, América Latina, II La época colonial,Siglo XXl,

Madrid,p.260

6. Ibid., p.226

7. Vanderpol, Oeuvres de F. de Victoria, De Indiis, p. 414

8. Gilbert J. et Mortelmans E. La vie d¹un conquistador au temps de l¹empire aztèque,

Flammarion, 1992

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