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TURQUERIES
par Georges Clément
 

 

« Comment peut-on être Persan ? » s’interrogeait jadis, Montesquieu ; aujourd’hui ne serait-il pas judicieux de se poser la même question à propos de l’Europe : « Comment pourrait-elle être turque ?

Car enfin, quels impérieux critères poussent-ils notre « intelligentsia » et notre caparaçon politique à faire vœux, unanimement, de Gollnish à Hue, d’accueil dans l’Union européenne de quatre vingt millions de Turcs, qui auront droit au « feu et à l’eau » chez les Bretons, les Bataves, les Germains, les Romains, les Gaulois et les Ibères ?

Y aurait-il un trésor caché dans la candidature de la Turquie ? Quelques raisons lumineuses nous échapperaient-elles ? Voyons donc les causes et les effets de cette turcomania française et européenne.

Le Turquie serait-elle un pays d’Europe par la géographie qu’on eut oublié au seul motif que « la religion de la majorité des Turcs » est l’islam ? Certes pas. Ce bout d’Europe, usurpée depuis 1453, qui demeure sous la babouche, se réduit à 3% du territoire de la Turquie : un confetti. A cet aulne, la Russie mériterait beaucoup plus de s’asseoir à la table de l’Union européenne, où d’ailleurs nous la convions volontiers.

La Turquie serait-elle une puissance économique dont l’intégration doperait la zone Euro ? Que nenni ! Le niveau de vie de ses provinces, rapidement brossé cette semaine dans divers reportages diffusés dans des pays encore libres, le prouvent : le sous-développement des mentalités, des mœurs, des techniques est la marque principal de cet Etat.

La Turquie serait-elle un verrou stratégique ? Elle le fut contre l’URSS ; elle ne l’est plus contre la Russie, du moins faut-il l’espérer. Alors ? De quoi ou de qui nous protégerait-elle ? Peut-être de l’Islam ? Allez savoir ! Certains de nos dirigeants pensent peut-être qu’Atta Turc, sorti de son mausolée, s’occupe à réformer la société turque ? L’islam est l’essence de la Turquie. On ne peut être un peu musulman ; on l’est ou on ne l’est pas. Dés lors qu’on l’est, on peut vivre apaisé dans une société islamique ou furieux dans tout autre milieu de vie, mais l’islam fonctionne, en général, par bouffées d’hystérie ou d’apathie, après une victoire ou une défaite, tout en gardant son point fixe : le monde doit être musulman, toute autre situation est intolérable. La Turquie fut et reste musulmane, elle eut même le Califat, elle en reprend conscience, elle remet son pouvoir sous la houlette d’Allah. La Turquie ne peut donc être une barrière contre l’islam.

Alors, que reste-t-il pour justifier l’engouement actuel des européens, la mansuétude des américains, la prudence d’Israël ?

La crainte de l’Armée turque ? Cela me fait souvenance, en 1990, d’une certaine « quatrième armée du monde »…Mais peut-être suis-je dans l’erreur…

Comment ! On n’a pas craint, cinquante ans durant, l’armée soviétique, on lui tînt tête contre vents et marées, et soudain, en 2002, on craindrait l’armée turque ? Les USA seraient donc un tigre de papier ? Qui sait ? Mais alors surtout – surtout – ne pas le montrer ! Surtout aux musulmans…Pardon…aux Turcs.

Car l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne aura des conséquences dramatiques sur le peuplement, les mœurs,  la foi et, par là, sur l’efficacité et le niveau de vie de cette Europe asiatisée.

Les Turcs en Europe, ce sera d’abord quatre vingt millions de citoyens libres de se déplacer et de s’installer dans n’importe lequel des états de l’Union ; avec ce que cela comporte de communautés nouvelles, d’exigences particulières et de conflits de voisinage, puis de frontière.

Les Turcs en Europe, ce sera le renforcement des réseaux islamistes, les conflits entre Turcs, arméniens et Kurdes, partout où ils se retrouveront face à face.

Les Turcs en Europe, ce sera le déclin de la productivité des industries et la tiers-mondisation des commerces.

Les Turcs en Europe, ce sera la fin de la Grèce, la réislamisation de l’Espagne, à la conjonction du Maroc et des turquitudes.

Qui se pliera à ces conditions de vie insupportables ? Quel européen n’eut jamais envie de vivre en Turquie ? Aurait-on accroché la politique à la devise de Lagardère : « Si tu ne vas pas à la Turquie, la Turquie viendra à toi ! »

La révolte des peuples d’Europe risque d’être le fruit empoisonné des lâchetés ambiantes.

Non Alexandre Del Valle, monsieur Raffarin n’a aucunement raison, vous avez-vous même écrit, dans « Guerres contre l’Europe », des pages sur la Turquie plus dures que celles-ci ; non Alexandre Del Valle, l’UMP ne vaut pas une abjuration, surtout quand on adopte l’abus de mots comme procédé. Car affirmer qu’on veut mettre la Turquie « au ban des nations » lorsqu’on s’oppose à son entrée dans l’Union européenne, est une contre vérité ; personne ne veut la Turquie « au ban des nations », on la veut seulement hors d’Europe, ce qu’elle est géographiquement depuis que les nations européennes ont fini par la chasser de Grèce, des Balkans, de Thrace et de Roumanie.

Et qu’elle n’y revienne plus serait la moindre des turqueries de sa part.

Georges Clément
6 novembre 2002




 

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