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Un témoignage sur la basilique de Saint-Denis occupée
 
 

« Place de Clichy, sur le quai du métro ligne 13 direction Saint-Denis, 19 heures ».  Y aller ou pas ? y aller pour dire toute l’horreur que m’inspirent ces « sans papiers » qui ont envahi la basilique – en fait des immigrés clandestins –, ou ne pas y aller en me disant qu’une fois de plus nous ne seront pas assez nombreux, en ayant peur d’être fiché ou d’être manipulé ? Pas assez nombreux ? quelle autre solution que d’y aller pour y remédier ? fiché ? bah ! c’est sans doute déjà fait. Manipulé pour sevir les intérêts des uns ou des autres ? comment savoir sans y aller au moins une fois ?
Alors j’y suis allé, en ayant une petite pensée pour le livre d’Oriana Fallaci « La rage et l’Orgueil » : là bas aussi, à Florence ils avaient envahi, occupé, souillé le baptistère de leurs défécations et de leur seule présence. Maintenant ici. Et après ce sera quoi ? Trianon ? Chartres ? Sans-Souci ? la bibliothèque d’Oxford ? l'Ermitage ?Pour l’instant c’est Saint-Denis, ils la tiennent avec la complicité des curés rouges et de la police ; au moins nous serons quelques-uns en face !

Sur le quai du métro je vois trois personnes réunies autour d’un drapeau tricolore et d’une pancarte « respectez les tombes de nos rois ». Quatre, six, puis huit… sur les millions d’habitants de la région parisienne il n’y en aurait que huit pour qui la basilique de Saint-Denis demeure un symbole important ? on a beau être prêt à toutes les désillusions, ça donne un coup. Il y a plein d’excuses évidemment : le mois d’août, l’information qui a mal circulé… mais quand même ! et sur les huit, deux royalistes déclarés. Mais mon Dieu où sont-ils ? l’AF ? l’IMB ? l’IMRF ? la RN ? est-ce que ce ne sont que des sigles ? n’y a-t-il personne derrière ? des associations de fantômes qui se réunissent pour quoi alors ? bouffer de la galette une fois par an ? le monument le plus symbolique de la monarchie et des saccages révolutionnaires est occupé et ils ne réagissent pas ? alors vraiment c’est à nous de le faire, chacun, personellement, sans rien attendre d’aucune structure.

Dans le métro vers Saint-Denis, nous sommes un groupe de cinq – les autres sont montés dans la voiture suivante – et nous faisons un peu tache, il faut reconnaître, pas très couleur locale. Arrivés à Saint-Denis où sont les autres ? nous ne sommes plus que quatre ! Diable ! Elles sont belles les armées royales ! sur le peu qui consent à venir la moitié se débine en route… nous les retrouverons plus tard, ils seront restés à l’écart, prudemment. Au moins avaient-ils essayé de faire passer l’information du rendez-vous, il faut leur reconnaître ce mérite.

Arrivés à Saint-Denis, de loin on les repère : les grilles de la basilique sont ornées de banderolles, de bouts de carton peinturlurés, de feuilles de papier où traînent tous les slogans de l’extrême gauche, ils sont là, sous le porche, en groupe compact, avec des enfants qui jouent au ballon contre les portes de la basilique dans l’odeur de pisse et de merde. On n’ose pas imaginer comment cela se passe à l’intérieur.

D’aussi loin qu’elle nous voit la police arrive vers nous… deux cars de CRS et une nuée de policiers en civil, un commissaire même il paraît ! pour nous quatre ! mon Dieu devons nous être dangereux ! car c’est bien pour nous, sinon pourquoi seraient-ils là ? car ils nous expliquent que tout va bien, que tout se passe bien, et même qu’il ne faut pas rester là, que pour éviter les heurts nous devons traverser la place, aller à l’autre bout… ah  quatre personnes autour d’un drapeau tricolore ! imaginez l’émeute ! Nous parlementons pour gagner du temps, il paraît que la police est là pour empêcher les débordements, n’interviendra que s’il y a des infractions de commises. Mais le fait même qu’ils soient là – je veux dire en France – EST une infraction ! ils sont hors la loi, ils n’ont pas de papiers, aucun titre à être en France, ils le proclament, ils s’en glorifient… et ça ce n’est pas une infraction ?

– Pouvons-nous rentrer dans la basilique ?
– Non la basilique est fermée.
– Pourtant le portail est ouvert et il y a du monde qui entre et sort ? N’avons nous pas au moins les mêmes droits qu’eux ?
– Ce n’est pas pareil, eux sont invités par le prêtre de la basilique, le père Berger.
– Quand pourrons-nous rentrer ?
 Aux heures normales d’ouverture de la basilique.
– Quel est votre nom ?
– Je n’ai pas à vous donner mon nom, je suis le commisaire du commissariat principal de Saint-Denis, ça doit vous suffire.

Au vrai il n’est pas très convaincant le commissaire, on doute un peu qu’il le soit ou alors la police a perdu beaucoup de sa prestance. Autour de lui quelques hommes qui ont des mines si patibulaires qu’ils semblent tenir le milieu entre la Gestapo et la Securitate roumaine, et pour couronner le tout un mignon petit blondinet, habillé et coiffé avec soin, cravaté de rose observe la scène… l’ensemble fait quelque chose que nous sommes priés de prendre pour la force publique. S’il n’y avait un homme en uniforme et deux cars de CRS un peu plus loin on douterait presque.

Dans le feu de la discussion la police invoque le préfet… l’un de nous remarque que le nom du préfet de la Seine-Saint-Denis rime avec collabo. C’est un fait. Poétique, incontestable. Que n’avions nous dit ! « Attention monsieur, il y a des propos qui relèvent de la loi ! » Cet ahuri de pseudo-commissaire à la graisse de KGBiste a devant lui 200 personnes en infraction manifeste, qui s’en font un titre, qui le clament haut et fort et c’est nous qu’il veut embarquer pour avoir dit un mot du préfet !

Derrière les grilles, ça commence à se rassembler, à gronder autour des tam-tam… pendant que l’un de nous fait sur place un petit discours qu’il avait préparé ils vocifèrent, nous traîtent de fachos, de nazis, montent aux grilles pour mieux nous montrer le poing, scandent « on est chez nous ! on est chez nous ! » « On y est ! on y reste ! on par-ti-ra pas ! » au milieu des youyous.

La police nous explique qu’elle est là pour s’interposer, mais qu’on ne sait jamais, qu’une bouteille de bière lancée par exemple, ça peut faire mal si on la prend dans la figure… charmante police ! ils s’interposent ! la police française joue donc en Seine-Saint-Denis les forces d’interposition, autant dire les casques bleus ! Vous rêviez de la Bosnie ? Chirac l’a fait, chez vous, à un quart d’heure des portes de Paris, épuration ethnique garantie d’origine quand on voit ce qui est dans l’enceinte de la basilique et ce qui nous entoure aussi du côté de la place.

En retournant vers la station de métro nous sommes obligés de nous freiner tant nous avons tendance à presser le pas. Vous n’avez jamais connu ça ? l’impression d’être en territoire ennemi et de vouloir en partir vite, aussi vite que possible. Aussi pour fuir au plus vite ce spectacle inomignieux et insupportable de bruits et d’odeurs autour de la nécropole de nos rois. Mais dans le même temps un mouvement contradictoire, de fierté : non ! je suis chez moi, je ne presserai pas le pas pour m’en aller. Et je reviendrai. Jusqu’à ce qu’ils partent, eux.

(D.F.)

 

 

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