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CHER MONSIEUR PRODI...

 

mercredi 7 août 2002

M. le président Romano Prodi
Commission européenne
B1049 – Bruxelles
Belgique

 

Cher monsieur Prodi,

Voyez-vous, cher Monsieur Prodi, je ne l’ai jamais beaucoup aimée votre Europe. Elle nous embête dans mille détails de la vie quotidienne, elle nous apporte surtout des complications absurdes dont on ne comprend pas la nécessité, elle s’occupe de choses aberrantes alors que les sujets où elle pourrait être utile ne semblent pas l’intéresser.

Bref c’est une chose lointaine, que je ne comprends pas et que j’ai appris à ignorer parce qu’elle ne m’intéresse pas, je la traite comme l’un de ces désagréments que sont les moustiques ou les grenouilles qui font coa-coa trop fort les nuits d’été.

Mais d’un coup vous voulez qu’on me vende des produits étiquetés en anglais ! vous voulez me faire manger des chicken wings ! La Commission a en effet demandé à ce qu’en France on puisse vendre des produits dont le nom et la composition ne figureraient sur leur emballage qu’en anglais.

D’abord, je suis confus de vous le dire car je vais passer pour une sorte de paysan mal dégrossi, je ne mange pas de chicken wings. Il y a plein de bonnes choses que je peux manger : du Saint-Nectaire qui est le meilleur fromage du monde, du saucisson de Morteau, du jambon de Bayonne, des haricots tarbais pour mettre dans le cassoulet, des calissons d’Aix, que sais-je ! même de la mortadelle de Bologne !  Dieu ! pourquoi voudriez-vous que j’aille manger des chicken wings ? Pardon, je comprends bien que de votre bureau où vous brassez les affaires du monde cela va vous sembler très secondaire, mais j’aimerais vous demander : pourquoi voulez vous que je mange de la merde ? et pourquoi voulez-vous qu’il y ait marqué en anglais chicken wings sur la boîte de merde ? C’est incompréhensible. Qu’est-ce que ça peut bien leur faire à vos fonctionnaires européens ? ils sont gras, ils sont bien payés ils vivent entre eux à Bruxelles très confortablement, ils vont dans les mêmes restaurants (y commandent-ils des chicken wings ?), sur les mêmes parcours de golf et ils se payent les mêmes prostituées… dites-moi Monsieur Prodi, est-ce qu’ils ne pourraient pas nous oublier, profiter de la vie, et nous foutre la paix ? moi je suis même d’accord pour continuer à les payer très cher avec mes impôts à condition qu’ils ne s’occupent plus du tout de moi, qu’ils m’oublient complètement et ne me fassent pas manger de la merde où il y a marqué chicken wings.

Parce que voyez-vous cela pose un problème. S’il y a marqué chicken wings dessus, on ne saura plus que c’en est. De la merde, sauf votre respect. La merde, en français ça ne se dit pas chicken wings. En anglais je ne sais pas, mais il me semble même que c’est de l’assez mauvais anglais, une sorte de patois d’anglais que parlent entre eux vos fonctionnaires et quelques personnes louches qui les fréquentent. Mais pourquoi veulent-ils nous le faire utiliser à nous leur patois d’anglais de Bruxelles ?

Voyez-vous cher Monsieur Prodi, on ne comprend pas bien pourquoi ils veulent nous imposer cela vos fonctionnaires. Jusqu’ici nous nous contentions de les maudire à chaque fois qu’ils nous faisaient un règlement, contents d’eux comme une poule qui fait un œuf. Et puis on en rigolait bien. Mais ne touchez pas à notre langue. Parce que je ne sais pas ce que nous allons pouvoir faire, peut-être vous envoyer des chicken wings par la poste jusqu’à ce que tout votre immeuble de la Commission pue atrocement la friture rance, mais nous ne vous laisserons pas faire. Nous ne nous laisserons pas faire, vous n’avez aucun droit de nous imposer cela, vous n’avez été élu par personne, personne ne vous connaît et nous vous méprisons. Et si vous touchez à notre langue, nous vous haïrons.

Avec un peu de chance cette lettre vous arrivera peu de temps avant un repas, cher Monsieur Prodi, aussi je vous souhaite de bien manger vos chicken wings .

« Maschemerde » est une vieille insulte française. On la trouve déjà dans Rabelais, au XVIe siècle.

 

(SdR)

 

 

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